Non tot signa micant tacente nocte
[ni tant d’astres ne brillent quand la nuit se tait]
 

La mer n’a point dedans ses hautes ondes
Tant d’animaux, ni par-dessus la lune
Voit tant passer d’astres aucune nuit
 

Qui a nombré, quand l’Astre, qui plus luit,
Jà le milieu du bas Cercle environne,
Tous ces beaux feux, qui font une Couronne
Aux noirs Cheveux de la plus claire nuit ?
 

Une minuit tant de flambeaux n’a pas
 

Il te faut assommer le nombre
Des feux, honneur de la Nuit sombre
 

Entre les flots de la mer vagabonde
N’a d’animaux si froide quantité
Ni d’astres clairs si chaude infinité
Luisant au Ciel sur cette masse ronde

Et par tant d’yeux ne voit le Ciel voûté
Ce qui se fait sur la terre et sur l’onde
 

Autant qu’au céleste domaine
On voit en la nuit plus sereine
De feux des flambeaux allumés
Darder leurs rais accoutumés
 

Ni de tant de flambeaux la nuit claire ne luit
 

Le ciel, le jour, les hauts dieux, n’ont en soi
Plus de flambeaux, de lueur, de puissance
 

Ni l’Afrique n’a tant d’Arènes,
Ni le mont d’Ide de fontaines,
Ni la nuit tant de clairs flambeaux
 

Celui puisse compter le nombre des arènes,
Les étoiles des cieux, et les herbes des plaines
 

De nuit au ciel n’a tant d’étoiles
 

La sphère ne soutient tant d’étoiles luisantes
 

Comme le Ciel d’étoiles se couronne
 

Qu’on mesure l’eau des rivières,…
Les flambeaux de la nuit brunette
 

…il compterait encor
Les petits yeux marquetés de fin or,
Quand sous la nuit, ma belle Latoïde
D’un branle égal, à la danse les guide.
 

La nuit n’a point tant d’étoiles clairettes
 

On ne compte de nuit les étoiles menues
Quand les Zéphyrs de l’air ont balayé les nues
 

Les étoiles du ciel jà ne vous faut nommer
 

Compte plutôt la nuit les troupes étoilées
 

On ne voit point au ciel tant de clartés
 

Ainsi que l’œil qui sur les eaux s’avance,
Est ébloui, si les flots se poussant
Il veut compter, ou les feux paraissant
La nuit au ciel en si belle ordonnance.
 

On ne voit point par la voûte du ciel
Tant, tant, et tant, luire, et trembler d’étoiles
 

Jamais ne vint par la voûte étoilée
Avec tant d’yeux le ciel nous regarder
 

Tant d’étoiles brillantes
En une claire nuit
Par le pôle ballantes
Jamais homme ne vit
 

…car l’amoureuse peine
Est plus nombreuse en moi que n’est l’arène
Au bord de l’eau, ou plus que dans les cieux
Ne sont épais les astres radieux,
Dont l’épaisseur ne peut être comptée,
La vue étant du nombre surmontée
 

Plus qu’on ne voit au ciel de feux étinceler,
Alors que le Soleil cachant son chef sous l’onde,
La Lune au chef d’argent de sa clarté plus blonde
Éclaire en ces bas lieux tout au travers de l’air
 

Si quelqu’un peut nombrer cette troupe nombreuse
De feux étincelants dans la voûte des cieux
 

Cérès foisonne moins en blonds épis cueillis,
Le Ciel en feux dorés, l’Inde en perles choisies
 

Le ciel voûté n’a point tant de luisants brandons
 

Mais qui dira du haut Ciel les étoiles
 

Je n’égale mes soins au nombre de l’arène,…
Et moins aux clairs Ardents que l’on voit allumer
Là-sus parmi le Ciel, quand la nuit est sereine
 

Qu’on nombre l’Ost des clairs feux nocturnaux
 

Celui compte les feux des Hivernales nuits
 

Tant de flambeaux dedans le Ciel ne drillent
 

Ni d’Étoiles au Ciel sereinement n’abonde

On ne compterait point tant de feuilles aux Bois,
Ni de formes là-haut durant les douze Mois
 

Le gracieux Printemps, n’a point tant de feuillage,…
Ni la Mer de Poissons, ni d’Étoiles aux Cieux
 

Multipliant leurs fils, plus qu’on ne voit ensemble,
De Flambeaux dans le Ciel, ou plus qu’il ne s’assemble
 

J’aurais plus tôt compté le Troupeau d’Amphitrite
Ou les traits Déliens, ou les Flambeaux des Cieux
 

Qui comptera les fleurs de la saison nouvelle,
Ou du ciel azuré les célestes flambeaux
 

Plutôt j’aurais compté du Libyque rivage
Le sablon, et des bois le tremblotant feuillage,
Plutôt du ciel voûté les célestes flambeaux
 

Ton ciel de nuit, n’a point tant de chandelles
 

On compterait plutôt le sable des rivages
Grain à grain, et du ciel les flambantes images
 

Autant qu’on voit la nuit de flambeaux dans les Cieux
 

Quand je te veux louer, ô Seigneur, je ressemble
À celui qui des mers tous les sablons assemble,
Et à celui qui veut compter les feux des Cieux
 

Les étoiles du ciel ne les égalent pas
 

Tant d’astres reluisants ne logent dans les cieux
 

Je porte plus au cœur d’amours et de tourments,
Qu’on ne voit dans le Ciel de luisantes images
 

Plus tôt je nombrerais les drillantes étoiles,
Qui servent d’ornement aux salles immortelles
 

Le Ciel n’a tant de feux, ni l’enfer tant de plaintes
 

Qui peut compter les feuilles du lierre,
Et les flambeaux du Ciel dessus ses doigts
 

Autant qu’on voit au Ciel de flambeaux lumineux
 

Qu’il fasse plutôt nombre
Des flambeaux de la nuit
 

Qui entreprend nommer ses faits malicieux
Aura plus tôt nombré les étoiles des Cieux
 

On ne voit tant sous une nuit sereine
De feux au ciel briller de tous côtés
 

On ne voit dans le Ciel briller tant de flammèches
Aux brèves nuits d’Été, qu’Annette me darda…
 

Le ciel n’a tant de feux dans son luisant enclos,
Quand la nuit propre aux jeux de la belle Cyprine,
Vient d’un voile couvrir la terrestre machine,
Sur nous versant le miel d’un doucereux repos.
 

Si vous comptez du ciel la belle troupe vive
Qui bluette la nuit dans son pavillon pers
 

Ni con mas ojos mira el firmamento
Cuando la noche calla mas serena
 

Plus tôt je compterais d’Hercule les trophées,
Les gouttes de Thétis, les douceurs sidérées
 

Ni le Ciel étoilé, ni les Monts épineux…
Ne produisent divers…
Tant d’épis, tant de fruits, tant d’Astres, tant de pleurs
 

Les flambeaux de la nuit, les cheveux des forêts
Souffriraient mieux le nombre, et les formes des nues
 

Sans nombre sont les feux qui dansent par la nuit
Aux cieux par-ci par-là de routes vagabondes
À l’environ du char de Phébé qui reluit
 

On ne voit luir au ciel tant d’étoiles brillantes
 

Tant d’animaux en l’eaue ne produit
La mer, ni tant d’astres onques de nuit
Au cercle en haut de la Lune se montrent
 

Ni tant d’Astres ne passent
La nuit dans l’Horizon
 

Tant d’Astres clairs ne dansent par la nuit
 

Et, les nombrant, il peut nombrer encore
Les parements d’Iris et de l’Aurore
Et les brillants des étoiles des Cieux
 

Je compterais plus aisément
Les flots de l’humide élément…
Et des Cieux les menus flambeaux
 

Plutôt peut-on compter dans les bords écumeux
De l’Océan chenu le sable, et tous les feux
Qu’en paisible minuit le clair Ciel nous attise,
L’air étant balayé des froids soupirs de Bise
 

Le Ciel n’a point tant de flambeaux
Qui jour et nuit nous illuminent
 

Quot frutices silvæ: quot flavas tibris arenas
Mollia quot martis gramina campus habet
[au­tant que la forêt a de jeunes pousse, de sable blond le Tibre,
d’herbes tendres le champ de Mars]
 

His qui contentus non est: in litus arenas:
In segentem spicas: in mare fundat aquas
[Qui n’en a pas eu son con­tent verse en­core des grains de sable sur le ri­vage : des épis dans la mois­son : des gouttes d’eau dans la mer]
 

Non tantus numerus libyssæ arenæ
[Il n’y a aussi grand nombre de grains de sable en Libye]
 

Quand tout le Sable, et la terrestre Poudre
Seraient nombrés…
 

Ni tant de sable en Euripe ne passe
 

Ni de sablon l’Afrique n’est si pleine
 

Il te faudra prendre la peine,
De nombrer grain à grain l’arène,
Que l’eau cache entre les Gaulois
Belgiques, et les froids Anglais.
 

Autant qu’Herme dessous ses ondes
Roule et vire d’arènes blondes
 

Ni tant de sablon n’est en Libye épandu
 

Ni l’Afrique n’a tant d’Arènes
variante :
Ni la mer n’a tant de poissons,…
Ni la Bretagne tant d’Arènes
 

Si tu comptes des bois verts
Toutes les feuilles ensemble,
Ou le sablon qui s’assemble
Au bord de toutes les mers
 

Celui puisse compter le nombre des arènes
 

Les sablons si épais aux rivages ne sont
 

Comme en sablons Pactole est blondissant
 

Qu’on mesure l’eau des rivières,
Et grain à grain les sablonnières
Du haut rivage Érythréan
 

Et qui pourra les grains de l’arène sommer
Que l’eau de l’Océan lave au bord de la mer ?
 

Les étoiles du ciel jà ne vous faut nommer,
Le nombre des poissons, ou l’arène de mer
 

Compte plutôt la nuit les troupes étoilées,
Le gravier et les flots des campagnes salées
 

Nul ne saurait compter les grains de sable
Que ce grand monde en sa rondeur contient
 

Qui peut compter les flots impétueux,
Ou le sablon que la mer rassasie
 

Ni tant on voit onder, et réonder,
En hauts monts d’eau la grand’ plaine salée,
Tant n’ont encor ses rives de sablons
 

Et le doré Pactole
Tant de sablons orins
Ès flots ne traîne fins

De tant de rocs pierreux,
De tant de bancs de sable,
N’a l’Océan pierreux
Sa compagne effroyable
 

…car l’amoureuse peine
Est plus nombreuse en moi que n’est l’arène
Au bord de l’eau, ou plus que dans les cieux…
 

Ceux-là, dis-je, pourraient plutôt avoir comptés
Des grands champs Beaucéans tous les épis crêtés,
Tous les oiseaux de l’air, ou bien compter encore
Tout le sablon baigné par le rivage More
 

Qui peut d’un rivage de mer
Nombrer l’arène
 

Et plus, et plus encor que cette mer profonde
Ne fait de grains de sable en ses ondes rouler
 

Si quelqu’un peut nombrer de la mer orgueilleuse
Tout le sable mouvant en ses gouffres hideux
 

Fourmillant plus épais, pour revenger nos torts,
Que ne sont les épis aux Gargariques bords
Les feuilles aux forêts, l’arène qui poudroie
Sur le bord Libyen où le Soleil blondoie
 

Et qui pourra les gouttes d’eau nommer
Ou le sable de mer
 

Qui nombrera le sablon de la mer ?
 

Je n’égale mes soins au nombre de l’arène
 

Qu’on nombre l’Ost des clairs feux nocturnaux,
Le sable épars en l’Afrique recuite
 

Celui qui nombrerait dedans l’humide plaine,
Le troupeau écaillé…
Ou du bleu Océan le Sablon et l’Arène
 

On ne compterait point tant de feuilles aux Bois,…
Ni aux profondes eaux tant d’arène inféconde
 

De Flambeaux dans le Ciel, ou plus qu’il ne s’assemble
De Sablon dans la Mer, et d’inondation.
 

Qui les pense à loisir, et par ordre nommer,
Aura plus tôt compté le sablon de la mer
 

Somme qui comptera les atomes menus,
Et le brillant sablon du libyque rivage
 

Plutôt j’aurais compté du Libyque rivage
Le sablon, et des bois le tremblotant feuillage
 

On compterait plutôt le sable des rivages
Grain à grain, et du ciel les flambantes images
 

Autant qu’on voit de sable aux rives infertiles
 

Quand je te veux louer, ô Seigneur, je ressemble
À celui qui des mers tous les sablons assemble
 

Il n’y a pas au bord tant d’arène menue
 

Je porte plus au cœur d’amours et de tourments,
Qu’on ne voit dans le Ciel de luisantes images,
D’eaux en mer, d’herbe aux prés, de sablons aux rivages
 

Plus tôt je nombrerais les sablons de la mer,
[…]
Plus tôt je nombrerais la venteuse poussière
Qui se roule aux déserts de l’Afrique planière
 

Qui peut compter les glaçons de Scythie,
Ou les sablons de la chaude Libye
 

Il n’est point tant d’envie,
Ni tant de divers noms,
Tant d’arène d’Asie,
Ni de grains de sablons
 

Plutôt on comptera les bêtes, les oiseaux,
Tout le peuple muet qui est dedans les eaux,
Les sables d’alentour, que l’on sache le compte…
 

Qui entreprend nommer ses faits malicieux
Aura plus tôt nombré les étoiles des Cieux…
Le feuillage des bois, le sablon, les arènes
 

On ne voit tant en Égypte d’Arène
 

Si vous comptez les flots d’une orageuse rive,
Et les grains sablonneux qu’on voit au bord des mers
 

Car voulant calculer l’arène d’un rivage
 

Ni en Libia hay granos de menuda arena
 

Les sablons de Thétis, les tresses de Cérès,
[…]
Souffriraient mieux le nombre, et les formes des nues
 

Sans nombre est le sablon qui roule par les ondes
 

Sous les humides voies
Des fleuves tortillés
Tant de sablons mouillés
Étendus ne s’amassent
 

Je compterais plus aisément
Les flots de l’humide élément
Et les arènes des rivages
 

Plutôt peut-on compter dans les bords écumeux
De l’Océan chenu le sable, et tous les feux…
 

Litora quot conchas: quot amœna rosaria flores:
Quotue soporiferum grana papauer habet
[autant qu’il y a de coquil­lages sur le ri­vage : de fleurs dans un dé­li­cieux champ de roses : / au­tant que le pa­vot so­po­ri­fique con­tient de graines]
 

Ni tant de fleurs eut onques pré ni plage
 

Et qui a su combien de fleurs produit
Le vert Printemps, combien de fruits l’Automne
 

Qui a compté les fleurs sacrées
Des Rives, Campagnes, et Prées,
Dont l’Air, quand il est plus riant,
Orne les Cheveux de la Terre
 

Qui en la gaye saison,
Lorsque la terre à foison
Étale aux cieux sa richesse,
Et que Progné par les champs
Renouvelle les vieux chants
De sa plaisante tristesse,
Pourra d’ordre blasonner,
Les fleurs qu’on voit boutonner
Sur le giron de la prée
 

Autant, mon Ronsard, que de roses
Nous sont par l’Aurore décloses,
Au Printemps, lorsque les Zéphyrs
Embaument l’air de leurs soupirs
 

Autant qu’un rivage a de conques sur l’arène,
De roses les rosiers et le pavot de graine
 

Ni tant de fleurs aux prés le printemps ne produit
 

Le printemps n’a point tant de fleurs
 

De nuit au ciel n’a tant d’étoiles,…
Ni tant de fleurs en un printemps
 

Comme de fleurs le Printemps environne
Le gai chapeau de son chef verdissant
 

Le mois de Mars n’a tant de violettes,
L’été n’a tant de fleurs
 

Le nombre on ne dit point au renouveau des fleurs,
Qui les prés piolés bigarrent de couleurs.
 

Compte plutôt la nuit les troupes étoilées,
[…]
Les fruitages d’Automne, et les fleurs du Printemps
 

On ne voit point au ciel tant de clartés,
Ni tant de fleurs en Avril par les plaines
 

Non, non, Zéphyre avecque ses douceurs,
Ne nous ramène au printemps tant de fleurs
 

De peintes fleurs tant n’a la mouche à miel
 

Ni d’un beau vert la terre emmantelée,
De tant de fleurs se plaît à se farder
 

Et parmi la prairie
Tant de fleurs ne varie
 

Je n’égale mes soins au nombre de l’arène,
Aux fleurettes d’Avril, ni aux flots de la mer
 

Ni tant de fleurs les Avettes ne pillent,
Lorsqu’au Printemps fleurent leur excellence
 

À tant de fleurs Flora n’ouvre la porte
 

Le Printemps gracieux ne donne tant de fleurs
 

Le gracieux Printemps, n’a point tant de feuillage,
Ni l’Hiver froidureux tant de fleurs en pillage
 

Qui comptera les fleurs de la saison nouvelle,
 

Comme on ne compte point les roses printanières
 

Autant qu’au gai printemps la terre a de fleurettes
 

Quand je te veux louer, ô Seigneur, je ressemble
À celui qui des mers tous les sablons assemble
Et à celui qui veut compter les feux des Cieux,
Les trésors du Printemps, et les fruits de l’Automne
 

Qu’on nombre les bouquets de la saison nouvelle
 

Qu’il fasse plutôt nombre
Des flambeaux de la nuit,…
Et des fleurs du Printemps
 

Que de maux, que d’ennuis, qui les voudrait nommer
Compterait mieux les fleurs de la saison nouvelle
 

Qui entreprend nommer ses faits malicieux
Aura plus tôt nombré les étoiles des Cieux…
L’herbe, les fleurs de Mai, aux prés et aux forêts
 

On ne voit tant en Mai de nouveautés
Par les jardins de ma belle Touraine
 

La mer ne cache encor en sa large étendue
Tant de poissons divers : ni la terre n’est vue
Avoir tant d’animaux, de plantes ni de fleurs
 

Si vous comptez des champs les ornements divers
 

Car voulant calculer l’arène d’un rivage,
Les fleurs d’un doux printemps, les feuilles d’un bocage
 

De même il peut compter les épis de l’Été,
[…]
Les herbes et les fleurs que le Printemps nous donne.
 

…ni encierra
Tantas encinas la montaña y sierra,
Flores la primavera deleitosa
 

Ni l’Hiver refroidi, ni la saison féconde…
Ne produisent divers, tant de glas, tant de fleurs
 

La terre ne produit tant d’agréables fleurs
 

Qui peut nombrer les herbes et les fleurs
Quand le Soleil aux Jumeaux se présente
 

Plutôt peut-on compter du Printemps les couleurs,
Les feuilles des forêts, de la terre les fleurs
 

Le Ciel n’a point tant de flambeaux…
Tant de fleurs le gai renouveau
 

Silua feras quot alit: quot piscibus unda natatur
[autant que la forêt nour­rit de bêtes sau­vages: que de pois­sons nagent dans l’onde]
 

Non tot æquora piscibus natantur
[tant de poissons ne nagent dans les eaux]
 

La mer n’a point dedans ses hautes ondes
Tant d’animaux, ni par-dessus la lune…
 

Et qui de la haute mer
Pourra tous de rang nommer
Les peuples portant écailles
 

Entre les flots de la mer vagabonde
N’a d’animaux si froide quantité
 

…autant que les buissons
Ont de bêtes chez eux, et la mer de poissons
 

Ni la mer en ses eaux tant de poissons n’enserre
 

L’onde argentine ne couvre
Tant de Truites dans ta Touvre
 

Ni la mer n’a tant de poissons
 

Tant d’écaillés poissons ne nagent sous les eaux
 

Qu’on mesure l’eau des rivières,…
Et toute la troupe muette
Du peuple qui court l’Océan.
 

Les étoiles du ciel jà ne vous faut nommer,
Le nombre des poissons, ou l’arène de mer
 

Il n’est point tant de barques à Venise,
D’huîtres à Bourg, de lièvres en Champagne
 

On ne pourrait de la profonde mer,
Les flots nombrer : ni les enfants nommer
 

Ton Neptun mon Binet, ton Pan, et ta Dictynne
Sous le marbre des eaux, dans les prés, dans les bois,
De Trident, de houlette, et d’épieu, sous ses lois,
Ne tient tant de poissons, d’agneaux, de sauvagine
 

Tant Téthys la vitrée,
De peuples écaillés
En son onde azurée,
En ses bords émaillés
Ne paît, et n’est semée
D’herbe en verdeur aimée.
 

Moins de Cygnes voit-on aux bords de la Tamise,
De Truites dans la Touvre, à l’entour de Venise…
 

Celui qui nombrerait dedans l’humide plaine,
Le troupeau écaillé ou du luisant Soleil…
 

Ni tant d’Oiseaux ne sont hôtes de l’air,
Ni de Poissons ne fréquentent la Mer
 

Le gracieux Printemps, n’a point tant de feuillage,…
Ni la Mer de Poissons, ni d’Étoiles aux Cieux
 

J’aurais plus tôt compté le Troupeau d’Amphitrite
 

Qui comptera la bande écaillée des eaux
 

Plutôt j’aurais compté du Libyque rivage
Le sablon, et des bois le tremblotant feuillage…
Et plutôt les bourgeois des plus profondes eaux
 

Autant qu’on voit en Mer de monstres, de poissons
 

Qui peut compter l’or des riches Indois,
Et les poissons que l’Océan enserre
 

Plutôt on comptera les bêtes, les oiseaux,
Tout le peuple muet qui est dedans les eaux
 

Qui entreprend nommer ses faits malicieux
Aura plus tôt nombré les étoiles des Cieux,
Les poissons de la mer, les bêtes terriennes
 

La mer ne cache encor en sa large étendue
Tant de poissons divers : ni la terre n’est vue…
 

Ni mas olas leventa el oceano,
Peces sustenta el mar, aves el viento
 

Ni l’Air tourbillonneux, ni la Terre ni l’onde…
Ne produisent divers…
Tant d’oiseaux, de poissons, tant de choses diverses
 

Tant d’animaux en l’eaue ne produit
La mer, ni tant d’astres onques de nuit…
 

Tant de poissons ne frétillent sous l’onde
 

Le Ciel n’a point tant de flambeaux…
Tant de peuples les bleues eaux
Qui sans pieds hardiment cheminent
 

Non tot oceano moventur undæ
[ni par l’océan ne sont remuées tant d’ondes]
 

Qui a compté les étincelles vives
D’Etne, ou Vésuve, et les flots, qui en Mer
Heurtent le front des écumeuses Rives
 

Le Marinier ne compte tant de flots,
Quand plus Borée horrible son haleine
 

Autant que de vagues s’irritent
Quand les vents sur mer se dépitent,
Et quand le Bouc barbu des cieux
Ramène le temps pluvieux
 

Ni la mer tant de flots à son bord ne conduit
 

Tarir la mer, compter l’infinité
Des flots enflés par le vent irrité
 

Compte plutôt la nuit les troupes étoilées,
Le gravier et les flots des campagnes salées
 

Il n’y a point aux enfers tant de peines,
Ni sur la mer tant de flots dépités
 

On ne pourrait de la profonde mer,
Les flots nombrer : ni les enfants nommer
 

Qui peut compter les flots impétueux,
Ou le sablon que la mer rassasie
 

Ainsi que l’œil qui sur les eaux s’avance,
Est ébloui, si les flots se poussant
Il veut compter…
 

Ni tant on voit onder, et réonder,
En hauts monts d’eau la grand’ plaine salée
 

Je n’égale mes soins au nombre de l’arène,
Aux fleurettes d’Avril, ni aux flots de la mer
 

Qu’on nombre l’Ost des clairs feux nocturnaux,…
Les flots marins qui d’une horrible suite
Font périller les voyagères Naux.
 

Tant de flots Aquilon, ne souffle sur la Mer
 

Ni d’Étoiles au Ciel sereinement n’abonde,
Ni de grêle en Hiver, ni de flots dans la Mer
 

De Flambeaux dans le Ciel, ou plus qu’il ne s’assemble
De Sablon dans la Mer, et d’inondation.
 

Plus tôt je nombrerais les sablons de la mer,
Et les flots reflottants qui s’y vont abîmer
 

Thétis ne verse pas tant de flots sur les flots
Par les souffles choqueurs des tourbillons éclos
 

Autant que l’Océan de flots froisse aux rivages
 

Qu’il fasse plutôt nombre
Des flambeaux de la nuit,
Des flots de la marée,
Quand elle est courroucée
 

Le rocher endurci n’est tant battu des flots
Agités çà et là sur la perse marine
 

Si vous comptez les flots d’une orageuse rive
 

Ni mas olas leventa el oceano
 

C’est peindre dessus l’eau, c’est compter tous les flots
 

Tant de poissons ne frétillent sous l’onde,
Ni tant de flots dessous l’arène blonde
 

Je compterais plus aisément
Les flots de l’humide élément
 

His qui contentus non est: in litus arenas:
In segentem spicas: in mare fundat aquas
[Qui n’en a pas eu son con­tent verse en­core des grains de sable sur le ri­vage : des épis dans la mois­son : des gouttes d’eau dans la mer]
 

De tant d’épis n’orne Cérès la blonde
Son doré chef au venir de l’été
 

Autant qu’aux rayons de la Chienne
Par la campagne Libyenne
On voit en gaillardes forêts
De fruits jaunissants de Cérès
 

Ni la mer n’a tant de poissons,
Ni la Sicile de moissons
variante :
Ni la Beauce tant de moissons
 

Comme l’Été d’épis est jaunissant
 

Qui dira par les champs combien d’épis ondoient,
Quand les dons de Cérès les campagnes blondoient ?
 

Qui a compté les feuilles des forêts,
L’herbe au printemps le beau blé des guérets
 

L’été cuisant tant d’épis ne moissonne
 

Tant l’été chaud n’a d’épis mûrs, et blonds
 

Et par la forêt blonde
Tant de froment n’abonde
 

Ceux-là, dis-je, pourraient plutôt avoir comptés
Des grands champs Beaucéans tous les épis crêtés
 

Cérès foisonne moins en blonds épis cueillis
 

Fourmillant plus épais, pour revenger nos torts,
Que ne sont les épis aux Gargariques bords
 

Tant de moissons ne donne aux Laboureurs,
Cérès la blonde après la Bise morte
 

Quand je te veux louer, ô Seigneur, je ressemble
À celui qui des mers tous les sablons assemble,
Et à celui qui veut compter les feux des Cieux,…
Les moissons que l’Été en ses chaleurs nous donne
 

Qui peut compter tous les blés de la terre
 

Autant que la Sicile a d’épis jaunoyants
 

Que de maux, que d’ennuis, qui les voudrait nommer
Compterait mieux les fleurs de la saison nouvelle,
Les herbes, les moissons de Cérès l’immortelle
 

Qui entreprend nommer ses faits malicieux
Aura plus tôt nombré les étoiles des Cieux…
Et les dons jaunissants de la riche Cérès.
 

De même il peut compter les épis de l’Été
 

Ni le cuisant Été, ni l’Automne vineux…
Ne produisent divers…
Tant d’épis, tant de fruits, tant d’Astres, tant de pleurs
 

C’est nombrer de Cérès la Moisson innombrable
 

Les sablons de Thétis, les tresses de Cérès,
[…]
Souffriraient mieux le nombre, et les formes des nues
 

Ni tant de blés mûris,
Qui les hommes nourrissent,
Barbelés ne jaunissent,
Quand l’Astre le plus chaud
Les campagnes assaut
 

Qui peut nombrer les herbes et les fleurs…
Et les épis dont Cérès est luisante,
Quand l’Écrevisse amène les chaleurs
 

Autant que les forêts ont de feuilles nouvelles
 

Ni l’hiver paresseux ne flétrit tant de feuilles
 

L’Hiver si dru ne saccage
Les forêts de leur feuillage
 

Si tu comptes des bois verts
Toutes les feuilles ensemble
 

Les rameaux aux forêts de feuillage tant n’ont
 

Les étoiles du ciel jà ne vous faut nommer,…
Ni les herbes des prés, ou les feuilles des bois
 

Qui a compté les feuilles des forêts
 

Autant de feuilles vertes,
Le Printemps gracieux,
Par les forêts couvertes
Ne fait voir à nos yeux
 

Fourmillant plus épais, pour revenger nos torts,
Que ne sont les épis aux Gargariques bords,
Les feuilles aux forêts, l’arène qui poudroie…
 

On ne compterait point tant de feuilles aux Bois
 

Le gracieux Printemps, n’a point tant de feuillage
 

Qui comptera les grains d’une cueillette belle,
Le feuillage des bois, les fruitages nouveaux
 

Plutôt j’aurais compté du Libyque rivage
Le sablon, et des bois le tremblotant feuillage
 

Qui peut compter les feuilles du lierre
 

Qui entreprend nommer ses faits malicieux
Aura plus tôt nombré les étoiles des Cieux…
Le feuillage des bois, le sablon, les arènes
 

Il n’y a dans les bois tant de feuilles à l’ombre
 

Si vous pouvez compter les gais feuillages verts
Quand la terre au printemps de nouveau se ravive.
 

Car voulant calculer l’arène d’un rivage,
Les fleurs d’un doux printemps, les feuilles d’un bocage
 

Les flambeaux de la nuit, les cheveux des forêts
Souffriraient mieux le nombre, et les formes des nues
 

Tant d’animaux la forêt ne produit,
Ni de feuillage en sa grandeur profonde
 

Je compterais plus aisément
Les flots de l’humide élément…
Et la feuillure des bocages
 

Plutôt peut-on compter du Printemps les couleurs,
Les feuilles des forêts, de la terre les fleurs
 

Quot lepores in atho: quot apes pascuntur in hybla:
Cærula quot baccas palladis arbor habet
[autant que de lièvres sur l’Athos, que d’abeilles nour­ries sur l’Hybla, / que de baies sur l’arbre bleu de Pallas]
 

Non tot tristis hyems riget pruinis /
Autumnus gravidis tumet racemis
[le triste hiver n’est pas glacé de tant de gelées / l’automne n’enfle de tant de lourdes grappes]
 

Et qui a su combien de fleurs produit
Le vert Printemps, combien de fruits l’Automne

Autant que l’Automne enfoisonne
De vins à l’Enfant de Thyone,
Et de raisins pour attacher
Aux poutres de quelque plancher
 

Ni tant de fruits l’Automne aux arbres ne desserre
 

Le printemps n’a point tant de fleurs,
L’Automne tant de raisins mûrs
 

Comme les fruits enrichissent l’Automne
 

Compte plutôt la nuit les troupes étoilées,
[…]
Les fruitages d’Automne, et les fleurs du Printemps
 

Qui a compté les feuilles des forêts,…
Les fruits d’Automne, et la grêle perlée
 

Tant de beaux fruits ne font rire l’Automne
 

Tant de raisins ne présente l’automne
 

Le bon Denys n’a tant de Raisins mûrs
 

Qui comptera les grains d’une cueillette belle,
Le feuillage des bois, les fruitages nouveaux
 

Comme on ne compte point les roses printanières,
Les raisins en automne, et les grains en été
 

Quand je te veux louer, ô Seigneur, je ressemble
À celui qui des mers tous les sablons assemble,
Et à celui qui veut compter les feux des Cieux,
Les trésors du Printemps, et les fruits de l’Automne
 

Qui peut compter les glaçons de Scythie,…
Ou les pépins que l’Automne produit
 

Autant que la Touraine apporte de fruitages
 

De même il peut compter les épis de l’Été,
Les glaçons de l’Hiver, les fruitages d’Automne
 

…ni encierra
Tantas encinas la montaña y sierra,…
Lluvias el triste invierno, y la copiosa
Mano del seco otoño por la tierra
Graves racimos…
 

Ni le cuisant Été, ni l’Automne vineux…
Ne produisent divers…
Tant d’épis, tant de fruits, tant d’Astres, tant de pleurs
 

Ni l’Automne vermeille
Tant de fruits n’appareille
 

Qui peut réduire en nombre les fruits meurs
De l’Équinoxe, et la neige pesante
 

Non aer tot aves habet serenus
[ni l’air serein ne porte tant d’oiseaux]
 

Ni tant d’oiseaux hébergent par les bois
 

Et autant que d’oiseaux battent l’air de leurs ailes
 

Ni tel nombre d’oiseaux traversant l’air ne fuit
 

L’onde argentine ne couvre
Tant de Truites dans ta Touvre,
Tant de doux-mourants oiseaux
Ne blanchissent sur ses eaux
 

Par l’espace de l’air ne volent tant d’oiseaux
 

Il n’est point tant de barques à Venise,…
De Cygnes blancs le long de la Tamise
 

Ceux-là, dis-je, pourraient plutôt avoir comptés
Des grands champs Beaucéans tous les épis crêtés,
Tous les oiseaux de l’air, ou bien compter encore…
 

Moins de Cygnes voit-on aux bords de la Tamise
 

Tant d’Oiseaux on ne voit de deux ailes ramer
 

Ni tant d’Oiseaux ne sont hôtes de l’air
 

Ni tant d’Oiseaux l’Été près de l’Ombrage frais
Des Taillis chevelus, ne volent à la ronde
 

Qui comptera la bande écaillée des eaux,
Ou celle qui en l’air se soutient de son aile
 

Qui peut compter tous les oiseaux des bois
 

Plutôt on comptera les bêtes, les oiseaux
 

L’air venteux ne soutient d’oiseaux un si grand nombre
 

Ni mas olas leventa el oceano,
Peces sustenta el mar, aves el viento
 

Ni l’Air tourbillonneux, ni la Terre ni l’onde…
Ne produisent divers…
Tant d’oiseaux, de poissons, tant de choses diverses
 

Ni tant d’oiseaux par les bois vont logeant
 

Ni la verte saison
Du Printemps, jeune et belle,
Tant d’oiseaux n’amoncèle
Ès bocages fleuris
 

Le Ciel n’a point tant de flambeaux…
Tant d’oiseaux la haute contrée
 

Mollia quot martis gramina campus habet
[au­tant que le champ de Mars a d’herbes tendres]
 

Si dru en Mai les prés verts
Ne sont d’herbes recouverts
 

Celui puisse compter le nombre des arènes,
Les étoiles des cieux, et les herbes des plaines
 

Les étoiles du ciel jà ne vous faut nommer,…
Ni les herbes des prés, ou les feuilles des bois
 

Qui a compté les feuilles des forêts,
L’herbe au printemps le beau blé des guérets
 

Tant Téthys la vitrée,
De peuples écaillés
En son onde azurée,
En ses bords émaillés
Ne paît, et n’est semée
D’herbe en verdeur aimée.
 

Mais qui dira du haut Ciel les étoiles,
D’herbes les brins, du feu les étincelles
 

Qu’on nombre les bouquets de la saison nouvelle,
[…]
L’herbe d’un pâturage en sa vigueur première,
Mais si on faut d’un brin qu’on en ajoute cent.
 

Je porte plus au cœur d’amours et de tourments,
Qu’on ne voit dans le Ciel de luisantes images,
D’eaux en mer, d’herbe aux prés, de sablons aux rivages
 

Autant qu’on voit de prés en Cypre verdoyants
 

Que de maux, que d’ennuis, qui les voudrait nommer
Compterait mieux les fleurs de la saison nouvelle,
Les herbes, les moissons de Cérès l’immortelle
 

Qui entreprend nommer ses faits malicieux
Aura plus tôt nombré les étoiles des Cieux…
L’herbe, les fleurs de Mai, aux prés et aux forêts
 

De même il peut compter les épis de l’Été,
[…]
Les herbes et les fleurs que le Printemps nous donne.
 

Ni d’herbe onc tant eurent contrée ou champs
 

Ni tant d’herbage au Printemps ne reluit
 

Qui peut nombrer les herbes et les fleurs
Quand le Soleil aux Jumeaux se présente
 

His qui contentus non est: in litus arenas:
In segentem spicas: in mare fundat aquas
[Qui n’en a pas eu son con­tent verse en­core des grains de sable sur le ri­vage : des épis dans la mois­son : des gouttes d’eau dans la mer]
 

Autant que de grêle et de pluie
Au cours de l’hiver nous ennuie
 

Qu’on mesure l’eau des rivières
 

S’il peut lorsque le ciel changeant son blanc en brun,
Couvre d’un voile noir cette terre exposée
À l’ardeur de la chienne aux hauts cieux embrasée,
Compter le dru coulis de l’orage importun
 

Et qui pourra les gouttes d’eau nommer
Ou le sable de mer
 

Qui nombrera le sablon de la mer ?
Les gouttes d’eau, quand il pleut sur la terre ?
 

J’aurais plus tôt les eaux goutte à goutte, une à une
Compté, qui se vont rendre au giron de Neptune
 

De gouttes d’eau n’a tant notre Océan
 

Qu’on nombre les bouquets de la saison nouvelle,
[…]
Les grains d’une moisson, les eaux d’une rivière
 

Je porte plus au cœur d’amours et de tourments,
Qu’on ne voit dans le Ciel de luisantes images,
D’eaux en mer, d’herbe aux prés, de sablons aux rivages
 

Que de maux, que d’ennuis, qui les voudrait nommer
Compterait mieux les fleurs de la saison nouvelle,
[…]
Toutes les gouttes d’eau de l’outrageuse mer.
 

…ni encierra
Tantas encinas la montaña y sierra,…
Lluvias el triste invierno…
 

Plus tôt je compterais d’Hercule les trophées,
Les gouttes de Thétis, les douceurs sidérées
 

Non tot Attica mella / littus algas /
Montes robora / ver habet colores
[l’Attique n’a pas tant de miel, le rivage d’algues,
les montagnes de chênes, le printemps de couleurs]
 

Qui voit (Phébus sur le Taureau monté)
Le blanc, l’azur, le vert, dont Flora dore,
Les prés herbus…

Nombrant les rais, desquels au temps d’été,
Diversement l’arc-en-Ciel se colore
 

Tant de couleurs le grand arc ne varie
Contre le front du Soleil radieux,
Lorsque Junon, par un temps pluvieux,
Renverse l’eau dont sa mère est nourrie
 

Comme en couleurs l’Arc céleste foisonne
 

Il compterait les couleurs de sa nue,
Quand le Soleil de sa pointe menue
Fait l’arc-en-ciel…
 

Tant de gaietés ne nous montre la terre,
Lorsqu’elle vient son manteau tapissant
De mille fleurs…
 

Qui peut compter dedans un pré
Tout ce qu’il voit de diapré
 

Ni l’arc d’Iris ne varie en couleurs
 

Ni les Fleurs ne font voir, tant, et tant de couleurs
 

Et, les nombrant, il peut nombrer encore
Les parements d’Iris et de l’Aurore
 

Plutôt peut-on compter du Printemps les couleurs
 

J’aurais plutôt nombré les voiles, et les rames,…
De l’Aube, et de Pluton, les couleurs, et les âmes
 

Quot lepores in atho: quot apes pascuntur in hybla:
Cærula quot baccas palladis arbor habet
[autant que de lièvres sur l’Athos, que d’abeilles nour­ries sur l’Hybla, / que de baies sur l’arbre bleu de Pallas]
 

Silua feras quot alit: quot piscibus unda natatur
[autant que la forêt nour­rit de bêtes sau­vages: que de pois­sons nagent dans l’onde]
 

…autant que les buissons
Ont de bêtes chez eux, et la mer de poissons
 

Il n’y a dans ta Braconne
Tant de divers animaux
 

La terre ne nourrit tant de bêtes vivantes
 

Il n’est point tant de barques à Venise,
D’huîtres à Bourg, de lièvres en Champagne,
D’ours en Savoie, et de veaux en Bretagne
 

Ton Neptun mon Binet, ton Pan, et ta Dictynne
Sous le marbre des eaux, dans les prés, dans les bois,
De Trident, de houlette, et d’épieu, sous ses lois,
Ne tient tant de poissons, d’agneaux, de sauvagine
 

Et autant qu’Érymanthe a d’animaux sauvages
 

Plutôt on comptera les bêtes, les oiseaux
 

Qui entreprend nommer ses faits malicieux
Aura plus tôt nombré les étoiles des Cieux,
Les poissons de la mer, les bêtes terriennes
 

Tant de poissons divers : ni la terre n’est vue
Avoir tant d’animaux, de plantes ni de fleurs
 

Tant d’animaux la forêt ne produit
 

Et qui a su combien de fleurs produit
Le vert Printemps, combien de fruits l’Automne
Et les Trésors, que l’Inde riche donne
Au Marinier, qu’Avarice conduit ?
 

Qui a compté les fleurs sacrées…
Et les Pierres, que l’on va querre
Par tant de flots en Orient
 

Comme en joyaux l’Inde est resplendissant
 

Les étoiles du ciel jà ne vous faut nommer,…
Ni du bel Orient les perles, et les gemmes
 

Et le doré Pactole
Tant de sablons orins
Ès flots ne traîne fins
 

Cérès foisonne moins en blonds épis cueillis
Le Ciel en feux dorés, l’Inde en perles choisies
 

Le Perleux Orient tant de gemmes n’enserre
 

Qui comptera les grains d’une cueillette belle,…
Le surgeon plus fertil des Indiens joyaux
 

Autant qu’on trouve en Mer de trésors précieux
 

Qui peut compter l’or des riches Indois
 

Il ne se trouve en mer tant de perles luisantes
 

Tant de trésors le Gange n’amoncelle
 

Qui a compté les étincelles vives
D’Etne, ou Vésuve, et les flots, qui en Mer…
 

Et Montgibel ne vomit tant de flammes
 

De nuit au ciel n’a tant d’étoiles,…
Ni de feux en Etne ou Vésuve
 

Tant de feux aux carfours deçà delà semés
Pour fêter de saint Jean la fatale naissance
 

Jamais Montgibel n’a tant eu
Sur lui de flamme

Autant qu’on voit tout à la fois
Sauter de bluettes d’un bois,
Qui brûle et qu’on fend dans le feu
 

Mais qui dira du haut Ciel les étoiles,
D’herbes les brins, du feu les étincelles
 

Ni tant de grains l’Été ne nous avance
Ni dans le feu d’étincelles ne brillent
 

Autant qu’Amour de traits, autant qu’Etne a de feux
 

Non tot tristis hyems riget pruinis
[le triste hiver n’est pas glacé de tant de gelées]
 

Autant que de grêle et de pluie
Au cours de l’hiver nous ennuie,
Et qu’on voit de glaçons épars
Sur la terre de toutes parts
 

L’hiver n’a point tant de gelées
 

Qui les pense à loisir, et par ordre nommer,
Aura plus tôt compté le sablon de la mer,
Ou les glaçons d’hiver, ou d’été la chevance.
 

Comme on ne compte point les roses printanières,
Les raisins en automne, et les grains en été,
Les glaçons en hiver, qui le cours arrêté,
Rendent souvent des flots ès coulantes rivières
 

Qui peut compter les glaçons de Scythie
 

De même il peut compter les épis de l’Été,
Les glaçons de l’Hiver, les fruitages d’Automne
 

Ni l’Hiver refroidi, ni la saison féconde…
Ne produisent divers, tant de glas, tant de fleurs
 

Ni près de l’Ourse il naît point tant de vents,
Ni tant de glace aux roches d’Arménie
 

Quotue soporiferum grana papauer habet
[au­tant que le pa­vot so­po­ri­fique con­tient de graines]
 

Autant qu’un rivage a de conques sur l’arène,
De roses les rosiers et le pavot de graine
 

Ni tant de grains l’Été ne nous avance
 

Qui les pense à loisir, et par ordre nommer,
Aura plus tôt compté le sablon de la mer,
Ou les glaçons d’hiver, ou d’été la chevance.
 

Qui comptera les grains d’une cueillette belle
 

Comme on ne compte point les roses printanières,
Les raisins en automne, et les grains en été
 

Qu’on nombre les bouquets de la saison nouvelle,
[…]
Les grains d’une moisson, les eaux d’une rivière
 

Quot lepores in atho: quot apes pascuntur in hybla:
Cærula quot baccas palladis arbor habet
[autant que de lièvres sur l’Athos, que d’abeilles nour­ries sur l’Hybla, / que de baies sur l’arbre bleu de Pallas]
 

Florida quam multas Hybla tuetur apes
[autant que l’Hy­bla en fleurs nour­rit d’abeilles]
 

Il te faut assommer le nombre
[…]
Non pas des abeilles Attiques
 

Ni le thym ne nourrit en Hyble tant d’abeilles
 

On ne voit décamper de leurs douces Logettes
Tant de mouches à miel au retour du Printemps
 

Autant que d’abeilles bourdonnent
En Hybla, autant de flambeaux
 

De nuit au ciel n’a tant d’étoiles,
Ni dessus la mer tant de voiles
 

Il n’est point tant de barques à Venise
 

L’azur marin tant n’a de blanches voiles
 

Moins de Cygnes voit-on aux bords de la Tamise,
De Truites dans la Touvre, à l’entour de Venise
De Gondoles sur l’onde : et d’un saut folleton…
 

Ni l’Océan ne porte tant de Voiles
 

J’aurais plutôt nombré les voiles, et les rames,
Qui du règne liquide éprouvent la roideur
 

Il n’y a point aux enfers tant de peines
 

L’Enfer n’abonde tant en esprits assaillis
 

Qu’on nombre aussi les tourments Infernaux
 

Le Ciel n’a tant de feux, ni l’enfer tant de plaintes
 

Si vous comptez des champs les ornements divers,
Le nombre des esprits qui vers Charon arrive
 

J’aurais plutôt nombré les voiles, et les rames,…
De l’Aube, et de Pluton, les couleurs, et les âmes
 

Et qui pourra les Atomes comprendre
Du grand espace, auquel l’on voit étendre,
De l’œil du Ciel la lumineuse flamme
 

Il te faut assommer le nombre
Des feux, honneur de la Nuit sombre,
Et de ces petits corps, qui ont
Animé les choses qui sont
 

Autant que Lucrèce en ses vers
Feint d’Atomes en l’univers
 

Somme qui comptera les atomes menus
 

Quand je te veux louer, ô Seigneur, je ressemble
À celui qui des mers tous les sablons assemble,
Et à celui qui veut compter les feux des Cieux,…
Et les corps différents du monde spacieux
 

Quot frutices silvæ: quot flavas tibris arenas
Mollia quot martis gramina campus habet
[au­tant que la forêt a de jeunes pousse, de sable blond le Tibre,
d’herbes tendres le champ de Mars]
 

Non tot Attica mella / littus algas /
Montes robora / ver habet colores
[l’Attique n’a pas tant de miel, le rivage d’algues,
Les montagnes de chênes, le printemps de couleurs]
 

Tant d’arbres secs Avril n’a revêtus,
Tant d’arbres verts n’a la foudre abattus
 

…ni encierra
Tantas encinas la montaña y sierra
 

Non tot spicula Medicis pharetris
[il n’y a tant de flèches aux carquois des Mèdes]
 

Autant qu’Amour de traits, autant qu’Etne a de feux
 

Si vous comptez les coups d’un combat furieux
Et de combien de traits on voit l’air pluvieux
Quand le Turc sur la mer l’Espagnol escarmouche
 

…ni encierra…
…ni en la fiera guerra
Mas flechas Media en arcos belicosa
 

Ni Jupiter armant sa main marrie
En tant d’éclairs ne fait rougir les cieux,
Lorsqu’il punit d’un foudre audacieux
Les monts d’Épire, ou l’orgueil de Carie
 

Jamais ne vint par la voûte étoilée
Avec tant d’yeux le ciel nous regarder,
Ni tant de fois ne lui força darder
Un prompt éclair sa colère celée
 

Le Soleil au Taureau n’élance tant de rais,…
Ni d’orage éclatant n’est battu l’Apennin
 

Ni sur les monts tant de bruit ne redonde,
Quand l’Avant-chien les tonnerres conduit
 

Autant que de grêle et de pluie
Au cours de l’hiver nous ennuie
 

Si dru la grêle n’outrage
Le dos du vieil Apennin
 

Qui a compté les feuilles des forêts,…
Les fruits d’Automne, et la grêle perlée
 

Ni d’Étoiles au Ciel sereinement n’abonde,
Ni de grêle en Hiver, ni de flots dans la Mer
 

Il n’est point tant de barques à Venise,…
D’ours en Savoie, et de veaux en Bretagne
 

Ton Neptun mon Binet, ton Pan, et ta Dictynne
Sous le marbre des eaux, dans les prés, dans les bois,
De Trident, de houlette, et d’épieu, sous ses lois,
Ne tient tant de poissons, d’agneaux, de sauvagine
 

De Gondoles sur l’onde : et d’un saut folleton
Bondissent moins de Veaux, parmi le champ Breton
 

Le Ciel n’a point tant de flambeaux…
Tant de troupeaux la jeune prée
 

Plutôt aurai-je épuisé tous les pleurs
Qu’épand l’Aurore en mille matinées
 

Plus qu’on ne voit encor du ciel voûté couler
De rosée au Printemps sur cette terre ronde
 

Si quelqu’un peut cueillir en comptant un à un,
Cent mille millions de gouttes de rosée,
Dont l’herbe est au Printemps doucement arrosée,
Quand le serein des cieux tombe sur un chacun
 

De tant de pleurs ces prés rajeunissant
Ne mouillent point leur verte couverture
 

Celui qui nombrerait dedans l’humide plaine,
Le troupeau écaillé ou du luisant Soleil,
Les rayons infinis, hôtes de son réveil
 

Le Roi du jour tant de rayons n’élance
 

Le Soleil au Taureau n’élance tant de rais
 

J’aurais plus tôt compté le Troupeau d’Amphitrite
Ou les traits Déliens, ou les Flambeaux des Cieux
 

Ni tant de vents l’Égée ne comporte
 

Éole si souvent n’essouffle sa narine,
Pour faire montagner le neptunien clos.
 

Ni près de l’Ourse il naît point tant de vents
 

De tant de vents ces tourbillons croissant,
N’ont point soufflé cette forêt obscure
 

Cærula quot baccas palladis arbor habet
Littore quot conchæ: tot sunt in amore dolores
[autant que de baies sur l’arbre bleu de Pallas, / que de coquillages sur le rivage, autant dans l’amour de douleurs]
 

Litora quot conchas: quot amœna rosaria flores:
Quotue soporiferum grana papauer habet
[autant qu’il y a de coquil­lages sur le ri­vage : de fleurs dans un dé­li­cieux champ de roses : / au­tant que le pa­vot so­po­ri­fique con­tient de graines]
 

Autant qu’un rivage a de conques sur l’arène
 

Ni l’Afrique n’a tant d’Arènes,
Ni le mont d’Ide de fontaines
variante :
Ni la mer n’a tant de poissons,…
Ni l’Auvergne tant de fontaines
 

Autant que de ruisseaux en Ide gazouillants
 

Je compterais plus aisément
Les flots de l’humide élément…
Et du mont d’Ide les ruisseaux
 

Tant n’est encor d’aluine, et de fiel
 

L’Enfer n’abonde tant en esprits assaillis,
Un malade en langueurs, un fol en frénésies.
 

Qui peut compter tous les maux de la guerre
 

Tant de longs jours n’ont travaillé l’aisseul
 

Qui nombrera le sablon de la mer ?…
Les jours du siècle ? et qui pourra grand’erre…
 

Je porte plus au cœur d’amours et de tourments,…
Qu’un siècle n’a de jours, qu’un jour n’a de moments.
 

Quam multæ gracili terrena sub horrea ferre
Limite formicæ grana reperta solent
[autant que de four­mis sur un pe­tit sen­tier portent à leur gre­nier sous terre les grains qu’elles ont ra­mas­sés]
 

Ni de tant de fourmis la fourmilière n’erre
 

Non tot Attica mella / littus algas /
Montes robora / ver habet colores
[l’Attique n’a pas tant de miel / le rivage d’algues,
les montagnes de chênes, le printemps de couleurs]
 

No tiene tanta miel Atica hermosa
 

Non tot Attica mella / littus algas /
Montes robora / ver habet colores
[l’Attique n’a pas tant de miel / le rivage d’algues,
les montagnes de chênes, le printemps de couleurs]
 

No tiene tanta miel Atica hermosa,
Algas la orilla de la mar, ni encierra…
 

Autant que Lucrèce en ses vers
Feint d’atomes dans l’univers,
Et que le Baiseur de Véronne
De baiserets veut qu’on lui donne
Alors que sa lyre accordant
Je le vois encor mignardant
Près de la bouche ambrosienne,
De sa pucelle Lesbienne
 

Qu’on nombre les bouquets de la saison nouvelle,
Les baisers des pigeons bec à bec se suçant
 

Ni de neige si dru ne se blanchit la terre
 

Qui peut réduire en nombre les fruits meurs
De l’Équinoxe, et la neige pesante
Du Capricorne à l’œillade cuisante
 

Le printemps n’a point tant de fleurs,…
L’été tant de chaleurs halées
 

Ni près de l’Ourse il naît point tant de vents…
Ni de chaleurs vers les Mores brûlants
 

Tant de bonnes odeurs,
Ne font fleurer le Tmole :
Sabe tant de senteurs
 

Tant de parfums l’Arabe ne décèle
 

L’oiseleur, le pêcheur, le veneur ne tend pas
Tant et tant de gluaux, d’hameçons, et de lacs
Aux oiseaux, aux poissons, aux animaux sauvages
 

Autant que j’ai de rets, de lignes, d’hameçons
 

Qu’on nombre aussi les tourments Infernaux,…
Les durs regrets, la plainte en pleurs réduite,
D’un qui ses yeux fait sourcer en canaux
 

Ni le Ciel étoilé, ni les Monts épineux…
Ne produisent divers, tant de glas, tant de fleurs,
Tant d’épis, tant de fruits, tant d’Astres, tant de pleurs
 

Quot tenerum pennis aera pulsat auis
[au­tant que l’oi­seau de ses ailes donne de coups dans l’air léger]
 

Quam multa madidæ celantur arundine fossæ
[Autant que de roseaux recouvrent les fossés hu­mides]
 

Il te faut assommer le nombre
[…]
Non pas des abeilles Attiques,
Mais de tant de grâces pudiques
 

Il te faut assommer le nombre
[…]
Non pas des abeilles Attiques,
Mais de tant de grâces pudiques
Qui sont l’arrière et avant-garde
De ta douce beauté, qui darde
Tant de pointes en mon souci
Qu’il te faudra compter aussi.
 

Autant que l’Automne enfoisonne
De vins à l’Enfant de Thyone
 

Ni l’Afrique n’a tant d’Arènes,…
Ni les forêts tant de rameaux
 

Ou mesurer la Phrygienne cendre
 

Ni tant y a de monstres en Afrique
 

Ni tant y a de monstres en Afrique,
D’opinions en une république
 

Cil qui connaît les hommes de l’Asie,
Voire tous ceux qui sont dessous les cieux
 

Tant les buissons n’ont de pointes rebelles
 

Qu’on nombre aussi les tourments Infernaux,
Les cris, l’effroi, d’un gros Camp mis en fuite
 

J’aurais plus tôt les eaux goutte à goutte, une à une
Compté, qui se vont rendre au giron de Neptune :
Du printemps les amours et tous ses passe-temps
 

J’aurais plus tôt les eaux goutte à goutte, une à une
Compté, qui se vont rendre au giron de Neptune :
[…]
Pierres, minéraux que porte dans ses flancs
La grand’mère commune, et chanté les ramages…
 

J’aurais plus tôt les eaux goutte à goutte, une à une
Compté, qui se vont rendre au giron de Neptune :
[…]
Pierres, minéraux que porte dans ses flancs
La grand’mère commune, et chanté les ramages
Des oiseaux gazouillants, et leurs divers plumages
 

Qui comptera les grains d’une cueillette belle,…
Ou le nombre infini de la race immortelle
 

Qui comptera le poil des hommes plus chenus
 

Les prés herbus n’ont tant de sauterelles
 

Comme on ne compte point les peines journalières,
Dont l’avare se plaît à être tourmenté
 

Comme on ne compte point les peines journalières,
Dont l’avare se plaît à être tourmenté,
Et moins les vains pensers d’un cerveau éventé
Qui, après les fourneaux, se grille les paupières
 

Il n’y a pas au bord tant d’arène menue,
Tant d’ombrage aux forêts, quand la feuille est venue
 

Je porte plus au cœur d’amours et de tourments,…
Qu’un siècle n’a de jours, qu’un jour n’a de moments.
 

Qui peut compter tous les maux de la guerre,
Et de la mer tous les vagueux abois
 

Autant que Circe avait d’herbes et de breuvages
 

Autant qu’en notre France on voit d’hommes vaillants
 

Autant que mon grand Roi dompte de villes fières
 

Autant que sa Clémence attire de sujets
 

Autant que le Soleil a de divers objets
 

Si vous comptez les coups d’un combat furieux