Les antithèses
accumulées
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Tahureau : En même instant…
 


Antithèses
accumulées :
106 poèmes
L’Ecclé­siaste
[1551]
# Temps de naître…
Pétrarque
xivsiècle [1545]
# Pace non trovo… (Canz., 134)
# Ponmi ove ’l sole… (Canz., 145)
# Amor mi sprona… (Canz., 178)
Salel
1540
~ Ton doux regard…
Saint-Gelais
1547
~ J’ai trop de peine…
~ Si j’ai du bien…
Peletier
1547
# Paix je ne trouve… (Canz., 134)
1555
~ Plus m’est promis…
~ De vie et mort…
~ Fausse espérance…
~ Plus mes désirs…
~ Si tu n’es Vent…
~ Je deviens las…
~ Plus mon désir…
~ Mais comment suis-je…
Philieul
1548 [1555]
# Paix je ne trouve… (Canz., 134)
# D’un coup amour… (Canz., 178)
# Mets-moi où est… (Canz., 145)
Du Bellay
1549
~ La Nuit m’est courte…
1558
~ J’aime la liberté…
Des Autels
1550
~ Je suis le Temps… (L’Ecclé­siaste)
1553
~ Quand œuvrerai-je…
Ronsard
1552
~ J’espère et crains… (Canz., 178)
~ Être indigent…
~ En ma douleur…
1578
~ Tant de fois s’appointer…
Baïf
1552
~ Mets-moi au bord… (Canz., 145)
1555
~ Rien étreindre ne puis… (Canz., 134)
Magny
1553
~ Je cherche Paix… (Canz., 134)
1557
~ Je cherche paix… (Canz., 134)
~ Vive qui vivre peut…
1557
~ [L’amour me fait… (Canz., 134)
Gohory
1554
~ Je suis en paix… (Canz., 134)
Tahu­reau
1554 [1574]
~ En même ins­tant…
Le Caron
1554
~ Cette pri­son… (Canz., 134)
Fontaine
1555
~ Mon petit fils… (strophes anti­thé­tiques)
Louise Labé
1555
~ Je vis, je meurs… (Canz., 178)
Pasquier
1555
~ Puisque je vois…
La Gravière
1558
~ Qu’est-ce qu’Amour…
Grévin
1560
~ Plus je suis tourmenté…
~ Je suis ferme et dispos…
~ C’est aujourd’hui vertu…
1561
~ Je me ris de ce monde…
Bellefo­rest
1561
~ Vif et mort, Corps, esprit…
Ellain
1561
~ L’amitié libre…
~ Vouloir être ravi…
Turrin
1572
~ Je me montre hardi…
Jean de La Taille
1573
~ Las, cependant…
~ Si jamais gentil­homme…
Desportes
1573
~ Être chaud et glacé…
~ Mettez-moi sur la mer… (Canz., 145)
~ Amour en même instant… (Canz., 178)
Jodelle
1574
~ Je me trouve et me perds…
~ Le dol longtemps couvé…
Goulart
1574
~ Ni le plaisant palais…
~ Ô mal non mal…
~ Je cours, et n’en puis plus…
Chantelouve
1576
~ Avoir grand cœur…
~ Je plains mon mal…
Le Loyer
1576
~ N’espérer qu’une paix… (Canz., 134)
Boyssières
1578
~ Tout à coup je me sens… (Canz., 178)
Hesteau
1578
~ Je ne puis trouver paix… (Canz., 134)
~ Avoir d’un bref repos…
~ Si je vis par la mort…
Pontoux
1579
~ Je me repais…
~ Vouloir m’épronne… (Canz., 178)
Marie de Romieu
1581
~ Paix je ne trouve… (Canz., 134)
Courtin de Cissé
1581
~ Je ris, je pleure…
~ D’un chaud désir…
La Boderie
1582
~ Si doncques j’ai…
La Jessée
1583
~ J’aime le doux repos…
~ Si je m’attriste…
~ Ô guerre, ô paix…
~ Je meurs vivant…
~ Je vis en paix… (Canz., 134)
~ L’espoir m’enflamme…
~ Mourir d’extrême angoisse…
~ Assuré je m’élève…
~ Quel aise en mon ennui…
Blanchon
1583
~ J’aime la Paix… (Canz., 134)
~ Amour est vie, et mort…
Cornu
1583
~ Tant plus je veux courir…
~ Mon cœur, mon doux souci… (strophes anti­thé­tiques)
Du Buys
1585
~ Tirer de long travail…
Isaac Habert
1585
~ [Tu as laissé ton Dieu…
Le Poulchre
1587
~ [Or je crains tout cela…
~ Je n’ai jamais la paix… (Canz., 134)
Poupo
1590
~ [Qu’on tourne son regard… (L’Ecclé­siaste)
Chassignet
1594
~ Las ! pourquoi nous fais-tu…
Du Tronchet
# Touver paix je ne puis… (Canz., 134)
# Amour en même instant… (Canz., 178)
Expilly
1596
~ Ne trouver point de fin…
Lasphrise
1597
~ Je pense en toute chose…
~ Je m’arrête, je cours…
~ Ah beaux tourments…
~ Je le veux appeler…
~ Si j’ai vécu…
Guy de Tours
1598
~ Je cherche paix…
Vermeil
1600
~ Je chante et pleure…
Montchrestien
1601
~ Hélas je brûle… (Canz., 134)
Angot
1603
~ Quand je pense être fort…
Anne de Mar­quets
1605
~ Plus on charge la palme…
Maldeghem
1606
# Je n’ai dont faire paix… (Canz., 134)
# Mettez-moi où Phébus… (Canz., 145)
Claude Garnier
1609
~ Soit que je vive… (Canz., 145)

~#~










[R]






ci-contre : Pace non trovo…, 134e poème du Canzoniere de Pétrarque, traduit par Ferdinand de Gramont (1842).

Je ne puis trouver la paix et je n’ai pas de quoi faire la guerre ; et je crains et j’espère ; et je brûle et je suis de glace ; et je m’envole au-dessus du ciel et je rampe sur la terre ; et je ne saisis rien et j’embrasse le monde entier.

Quelqu’un m’a mis dans une prison qu’il ne m’ouvre, ni ne me ferme, et sans me retenir pour sien, il ne détache pas mes liens ; et Amour ne me tue ni ne m’ôte mes fers ; et il ne me veut pas vivant, et il ne me tire pas d’embar­ras.

Je vois sans yeux ; et je n’ai pas de langue et je crie ; et je désire mourir, et je demande secours ; et je me hais moi-même, et je chéris autrui :

Je me repais de douleur ; je ris en pleurant ; la vie et la mort me dé­plaisent éga­le­ment. Voilà Madame, l’état, où vous me réduisez.

Poésies de Pétrarque, traduction complète par le Comte Ferdinand de Gramont, Paris, 1842, sonnet CIV, p. 101
(traduction repu­bliée chez Gallimard, révisée par Jean-Michel Gardair, dans la collection « Poésie » en 1983).

#

Pierre de Deimier,
L’Aca­dé­mie de l’Art poé­tique, Paris, 1610, pp. 551-554 ← Gallica.

Des contra­dic­tions légi­times en poé­sie

…il est besoin de savoir qu’il y a des contra­dic­tions qui sont du tout bonnes et légi­times en Poésie, et c’est lorsque de propos déli­bé­ré on propose des choses impos­sibles, l’une à l’autre, comme on peut le voir en cette Stance qui est d’un ancien Poète Ita­lien,

Son muto e parlo, è quando piango io rido,
Son ciecco ; veggio, palpo e non ho senso,
Son sordo e sento, e tacio, e sempre grido,
Son privo d’intellecto e sempre penso:
Ognun me inganna e de nessun mi fido,
Nessun m’apprezza, e da ciascun hol censo,
Liber son yo e son prigion d’ognuno,
A tutti servo e non servo à nessuno.

Pétrarque a fait aussi un Sonnet aux Amours de Laure, duquel les quatre premiers vers sont ainsi,

Amor mi sprona in un tempo, e affrena,
Assecura e spaventa, arde, e agghiaccia:
Gradisce e sdegna, à se mi chiama e scaccia,
Hor mi tene in speranza e hor in pena.

Ronsard a imité ce Sonnet au XIIe des Amours de Cassandre, duquel en voici le premier quatrain,

J’espère et crains, je me tais et supplie,
Or je suis glace et ores un feu chaud:
J’admire tout et de rien ne me chaud,
Je me délace et puis je me relie.

Mais Desportes l’a mieux imité au XXVIIe Sonnet des Amours d’Hippolyte : il est admi­rable entre les plus beaux que l’on saurait jamais faire, et à cette occa­sion je l’ai mis ici,

Amour en même instant m’aiguillonne et m’arrête,

M’assure et me fait peur, m’ard et me va glaçant:
Me pourchasse et me fuit, me rend faible et puissant,
Me fait victorieux et marche sur ma tête.

Ore bas, ore haut, jouet de la tempête,

Il va comme il lui plaît mon navire élançant:
Je pense être échappé quand je suis périssant,
Et quand j’ai tout perdu je chante ma conquête.

De ce qui plus me plaît je reçois déplaisir,

Voulant trouver mon cœur j’égare mon désir,
J’adore une beauté qui m’est toute contraire.

Je m’empêtre aux filets dont je me veux garder,

Et voyant en mon mal ce qui me peut aider,
Las ! je l’approuve assez mais je ne le puis faire.

Toutefois il est vrai que ces propos de contra­rié­tés ont plus de grâce lorsqu’ils sont oppo­sés par des raisons que l’on appelle correc­tion, comme quand l’on dit, Je chante mes amours mais plutôt vos beautés. Ô beaux yeux ! mais bien vrais Soleils.

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En ligne le 15/12/04.
Dernière révision le 03/11/24.