Ad Valgium
Non semper imbres nubibus hispidos
Manant in agros, aut mare Caspium
Vexant inæquales
procellæ
Usque : nec Armeniis in oris
Amice Valgi stat glacies iners
Menses per omnes : aut aquilonibus
Querceta Gargani laborant,
Et foliis viduantur orni.
Tu semper urges flebilibus modis
Mysten ademptum : nec tibi
vespero
Surgente decedunt amores,
Nec rapidum fugiente solem.
At non ter aevo functus amabilem
Ploravit omnes Antilochum senex
Annos : nec impubem parentes
Troilon, aut Phrygiæ sorores
Flevere semper. Desine mollium
Tandem querelarum : et potius nova
Cantemus Augusti trophæa
Cæsaris, et rigidum Niphaten,
Medumque flumen gentibus additum
Victis, minores volvere vortices :
Intraque præscriptum Gelonos
Exiguis equitare campis.
Toujours n’est pas la mer
Égée trouble,
Et Tanaïs n’est point tous temps
gelé :
Mais le malheur, qui mon mal me redouble,
Incessamment avecques lui mêlé
S’enchaîne ensemble, et ainsi congelé
Me fait ardoir tant inhumainement,
Que quand par pleurs je veux soudainement
Remédier à si grande amertume :
Voulant ma flamme éteindre aucunement,
Plus je l’éteins, et plus fort je
l’allume.
Toujours des bois la cime
n’est chargée,
Sous les toisons d’un hiver éternel,
Toujours des Dieux le foudre criminel
Ne darde en bas sa menace enragée.
Toujours les vents, toujours la mer
d’Egée
Ne gronde pas d’un orage cruel :
Mais de la dent d’un soin continuel,
Toujours toujours ma vie est outragée.
Plus je me force à le
vouloir tuer,
Plus il renaît pour mieux s’évertuer
De féconder une guerre en moi-même.
Ô fort
Thébain, si ta serve vertu
Avait encor ce monstre combattu,
Ce serait bien de tes faits le treizième.
TOujours
ne tempête enragée,
Contre ses bords la mer Égée,
Et toujours l’orage cruel
Des vents, comme un foudre ne gronde
Élochant la voute du Monde
D’un soufflement continuel :
Toujours l’hiver de neiges
blanches,
Des Pins n’enfarine les branches :
Et du haut Apennin, toujours
La grêle le dos ne martèle,
Et toujours la glace éternelle
Des fleuves ne bride le cours :
Toujours ne durent orgueilleuses
Les Pyramides sourcilleuses,
Contre la faux du temps vainqueur :
Aussi ne doit l’ire félonne,
Qui de son fiel nous empoisonne,
Durer toujours dedans un cœur.
Rien sous le ciel ferme ne
dure :
Telles lois la sage Nature
Arrêta dans ce monde, alors
Que Pyrrhe épandait sus la terre
Nos aïeux conçus d’une pierre
S’amollissante en nouveaux corps.
[…]
[…]
le chœvr.
Toujours le vent
tempêtant,
Sur la Mer Égée,
Ne va l’onde tourmentant
De rage enragée :
Et de l’eau
fière
l’effort
Qui tance sa rive,
N’empêche toujours qu’au port
La barque n’arrive.
Mais la tranquillité suit
En son rang l’orage,
Et toujours sur Mer ne bruit
La venteuse rage.
Le Jour chassé de la Nuit
Fait place à la Lune,
Puis encor le Soleil luit
Chassant la Nuit brune.
Sous le Ciel les choses sont
Toutes inconstantes,
Et par rang vont et revont
Leur ordre changeantes.
Mais Médée ta
rigueur
Constante demeure
Et prend nouvelle vigueur
Croissant d’heure en heure.
[…]
Toujours la peste aux Grecs ne
décoche Apollon,
Quelquefois il s’ébat à sonner de la
lyre,
Quelquefois sur la mer bon vent a le navire
Et toujours ne court pas un orage félon,
Toujours l’honneur des
champs ne dépouille Aquilon,
Quelquefois un printemps nous ramène Zéphire,
Toujours ne tonne pas aux montagnes d’Épire.
Et quelquefois le ciel est sans nul tourbillon.
Les deux frères jumeaux
l’un après l’autre vivent,
Et les saisons de l’an par ordre s’entresuivent
Comme le clair jour suit la ténébreuse
nuit :
Bref toute chose au monde ou se change
ou se passe,
Si ce n’est le malheur qu’un Rousseau me pourchasse
Qui toujours sans repos me tourmente et me suit.
Laisse le ciel belle Astrée,
En France tant désirée,
Viens faire ici ton séjour,
À ton tour,
Assez les flammes civiles
Ont couru dedans nos villes,
Sous le fer, et la fureur,
Assez la pâle famine,
Et la peste et la ruine,
Ont ébranlé ton bonheur.
Le rocher, ni la tempête,
Toujours ne pend sur la tête
Du pilote pâlissant,
Frémissant,
La nue épaisse en fumée,
Toujours ne se fend armée
De feu, de soufre, et d’éclair,
Quelquefois après l’orage
Elle fourbit le nuage,
Et le rend luisant et clair.
[…]
Ore de mal en bien se veut tourner la
chance,
Qui par un trop long temps a duré contre moi :
Il faut une autre fois essayer si ma foi
Pourrait bien rencontrer heureuse récompense.
Toujours la mer grondant contre un
vaisseau ne tance :
L’air serain du fort temps chasse le triste effroi,
Et le Printemps l’Hiver : le retour doux et
coi
De l’amiable paix suit des guerres l’outrance.
Toujours le flot contraire
à ma nef ne sera,
Mais bientôt un bon vent ses voiles enflera,
Qui la fera surgir à son port désirable.
Tel doux espoir me vient de la gaye
douceur,
Qui me rit favorable en cet œil ravisseur,
De vivre autant heureux qu’ai vécu
misérable.
TOujours
au plain des champs ne tombe le malheur
Toujours Cérès ne perd ses cheveux aux campagnes
Toujours n’est foudroyé le pampre des montagnes
Et toujours l’arbre n’est
dépouillé de sa fleur.
Toujours Palès ne perd dans
les prés sa couleur
Toujours ne ment le gland les mois ni les châtaignes
Toujours ne vient le loup aux camuses compagnes
Et toujours n’est sur pied le meurtrier
ou voleur.
Toujours l’apparilleur la
grange ne dépouille
Le gendarme toujours dans le coffre ne fouille
Et toujours l’usurier ne tient son parchemin.
Bref en tous temps le ciel ne darde sur la tête
Du simple villageois son feu ni sa tempête
Et en tout temps le mal ne le guette au chemin.
Combien que
l’Océan plein de divinité
Reçoive le tribut des ruisseaux et fontaine,
Bien que fleuves et lacs se roulent en sa Plaine,
Le reconnaissant père à leur
éternité :
Pourtant il n’est toujours
superbe ou dépité,
Toujours encontre l’air il n’enfle son haleine,
Et battant ses deux bords toujours il ne forcène,
Et n’abîme toujours le Navire emporté.
Mais l’orgueil impiteux de
tes beautés altières
Océan de beauté, s’accroît de
mes prières,
Et du tribut des pleurs et soupirs que
j’épands :
Si bien que dessus moi
s’exerçant ton Empire
Ta cruauté sans trêve, agite, roule, et vire
En tempête d’amour la file de mes ans.
[…]
Rien ne dure
toujours, tout se change
et se tourne,
Et le bien et le mal plus d’un
temps ne séjourne :
Toujours les Aquilons n’ébranlent
les rochers,
Toujours l’ireuse
mer n’engloutit
les Nochers,
Toujours l’air
épaissi d’orage
et de tonnerre
De grêle à petits bonds ne refrappe la
terre :
Toujours il ne fait chaud,
et toujours arriuer
On ne voit sur les monts les bruines d’hiver :
Toujours le Tout-voyant, de
sa dextre puissante
Ne brandit sur nos chefs la foudre punissante :
Et toujours sa senestre abondante en bonheur,
Ne nous verse les biens dont il est le donneur.
[…]
Toujours de Jupiter le foudroyant
tonnerre,
N’écorne
étincelant les Rocs fermeplantés :
Toujours des monts brûlants les gosiers
éventés,
N’emplissent
l’air de flamme
et de cendre la Terre :
Toujours l’Austre
mutin les grands sapins n’atterre,
Toujours des flots hideux les Cieux ne sont
hantés,
Et toujours des mortels les cœurs
épouvantés,
Ne frémissent au choc qu’un
orage desserre :
Toujours l’alme
Soleil loin de nos yeux ne luit,
Toujours nous ne voyons les horreurs de la nuit,
Et toujours les enfers ne s’aggravent
d’encombres :
Tout change quelquefois dessous le
firmament,
Le calme suit l’orage
et la clarté les ombres,
Mais mon malheureux sort dure éternellement.
Toujours le sein de la pleureuse Hyade,
Le goubeau frais de l’Échanson
Troyen
Joignant à soi la baveuse Pléiade,
Ne vont noyant notre val terrien.
Mais à la fin la campagne
écumeuse
Tarit les pleurs d’Électre
et de ses sœurs,
Et de Titan la face radieuse
Change en nos prés ces moites pleurs en fleurs.
Sur le nocher le mari
d’Orithye
Toujours ne bouffe un gosier brise-roc :
L’âpre
Mavors, verse-sang, ôte-vie
Toujours n’affile
un furieux estoc.
Le temple saint du dieu double-visage
N’ouvre toujours
à Bellone ses huis :
L’olive en fin de
Minerve la sage
Des fiers canons étoupe les pertuis.
Après auoir sué
par maintes Lunes
Sous le harnois du boute-feu Amour,
Ayant pleuré tant de nuits importunes
L’Éclipse
honteux de mon printanier jour :
Enfin enfin sainte
Éleuthérilide
Démantelant mon gros air épaissi
Ouvre l’oreille
à ma troupe Aonide
Dardant chez moi un beau rai éclairci.
[…]
Toujours
le Dieu qui son tonnerre jette,
N’atteint les
monts d’Épire
au long sourcil :
Pour se venger sans répit, ou merci,
Phébus encor les Grégeois ne sagette.
Courbant son arc, et lâchant
sa sagette,
Diane aussi l’amour,
et le souci,
De ses forêts, au temps même adouci
N’est
à chasser incessamment sujette.
Donques pourquoi mon
désastre, et mon soin,
De mal en pis toujours s’étend
plus loin ?
Qui peut causer sa rage, et félonie ?
C’est
mon Destin, qui prolixe et subtil,
De mes travaux allonge ainsi le fil :
Et moins j’ai
d’heur, et plus
d’aise me nie !
Le tonnerre pressé
d’un brusque
tremblement,
N’élance
pas toujours sa roideur enflammée,
Le navire sautant sur la mer agitée
N’est toujours
engouffré par le flot ondoyant :
Les Autans forcenés
d’un rude
ébranlement,
N’entremêlent
toujours leur force courroucée,
L’hivernale
blancheur de la neige glacée,
Sur les pins élevés ne va toujours roulant.
Ainsi je ne crois point que
l’aigreur
soucieuse,
Qui sème dans mon cœur une humeur douloureuse,
Persévère toujours à gêner
mes esprits.
Un temps viendra bientôt qui
vide de misère,
Serénant les efforts de ma tristesse amère,
Apaisera l’horreur
du mal qui m’a
surpris.
Le Chœur des Soldats.
Toujours le front de nos Montagnes,
N’est pas de neige enfariné,
Toujours le fond de nos campagnes
De fleurs on ne voit couronné,
Toujours un même temps ne dure,
Après le chaud vient la froideur,
Après notre heur quelque malheur
Nous doit talonner à mesure.
Toujours la nuit est successive
À la claire torche du jour,
Bien que la pluye soit tardive,
Si suit-elle pourtant toujours
Le plus beau temps qui nous sereine :
Après le printemps vient l’hiver,
Après la faveur arriver
On voit la disgrâce soudaine.
On a vu longtemps nos cuirasses
Toutes oisives pendre aux crocs,
Enrouillées nos coutelaces
Et tout épointés nos estocs,
Il est à craindre que Bellone
Ne rompe notre longue paix,
Nous en voyons jà les effets
Par les troubles qu’elle nous donne.
[…]
DU
vagueux Océan les ondes altérées
,, Ne menacent
toujours les voûtes
éthérées :
,, Toujours, des
monts Riphé’s les sourcilleux coupeaux
,, De maints
flocons neigeux ne tissent leurs manteaux,
,, Toujours du
noir Autan la flottante Crinière
,, Ne noye les
guérets de Cérès la
blétière.
,, Toujours on ne
voit pas de l’Hiver les glaçons,
,, Ni de
l’ardent Été les utiles moissons,
,, Le Nocher
infernal souvente fois se lasse,
,, Et outre
l’Achéron toujours Mânes ne passe.
Enfin l’accès
fievreux qui
furetait mes os
Me faisant oublier et repas et repos,
Mène mon mal à rive, et sauvé du
naufrage
Je couronne ma poupe en l’assuré rivage.
[…]
[…]
La mer n’est pas toujours
agitée de flots,
Et toujours il ne neige aux plus hautes montagnes,
Les vents sont quelquefois au fond de l’air enclos,
Sans cesse le Soleil ne brûle les campagnes :
Mais jamais je ne vois qu’un doux allègement
Mette fin à mes pleurs, à mon sì gref
tourment.
Ce beau Printemps fleuri perdra
plutôt ses fleurs,
Plutôt la nuit sera sans étoiles luisantes,
Que je voie sécher les torrents de mes pleurs,
Que je voie une fin de mes peines cuisantes ;
Plutôt le feu sera sans aucune chaleur,
Que t’émeuvent les crìs de ma triste
douleur.
[…]
TOujours des vents émus les soupirs mutinés
Soufflant diversement ne troublent de
Neptune
De contraires efforts la demeure commune,
Donnant quelque relâche à leurs cours
forcenés :
D’eux-mêmes se
défont les
malheurs obstinés,
Et bien que la vertu demeure toujours une
Entre les changements de l’instable fortune,
Toujours ne sont heureux les hommes fortunés.
La vertu dompte tout et parmi la
tourmente
Des accidents mondains tranquille et permanente
Envoyée en exil ne bouge de son lieu.
Elle luit de soi-même et pour
la calomnie
Des menteurs médisants sa fleur ne chet fanie
Fuyant l’extrémité pour loger au milieu.
Toujours le Dieu de
l’air
forcené de courroux
N’éclate
contre nous
l’horreur de son
tonnerre,
Toujours le Chien ardent ne crevasse la terre,
Éole ne foudroie incessamment sur nous.
Neptune,
le principe et le
père de tous,
Boursouflé çà et là
toujours ne se desserre,
Toujours le froid hiver les ondes ne resserre,
Et l’Aurore
toujours ne fuit son vieil époux.
L’on
ne voit rien de sûr en ce terrestre monde,
Une chose fuit l’autre,
ainsi qu’une onde
une onde,
Le ciel même inconstant se vire en mille tours.
Ainsin incessamment je
n’aurai de la
peine,
Si ma Maîtresse est rude,
elle sera humaine,
Or’ le sujet de
maux, puis celui des amours.
TOujours
ne se voit pas de l’Océan
fâché
Les freins dedans sa bouche écumer de colère,
Toujours du Nord et Sud en leur souffle contraire
L’effort ne
s’entrechoque en
la mer délâché.
Jupin toujours ne tonne : et
le ciel débauché
Ne nous brûle à tous coups de sa flamme
adversaire :
Mais toujours de mes sens le discord
persévère,
Et est après ma chair mon esprit empesché.
À maîtriser ses
sens plus ma raison s’efforce,
Contre l’esprit
vainqueur plus ma chair se renforce :
Se guerroyant sans cesse en moi et contre moi.
Mais si je les puis vaincre
éteignant cette guerre,
Je ferai plus qu’Hercul’ qui les monstres
atterre :
Il n’y a rien si
fort que qui est Roi de soi.
LA
neige n’est
toujours sur le chef des montagnes,
La grêle sans cesser ne fracasse les toits,
La foudre n’atteint
pas toujours l’hôtel
des Rois,
L’eau ne couvre
en tout temps la face des campagnes.
Mais comme le Soleil des Indes aux
Espagnes,
Puis de l’Espagne,
à l’Inde,
et la mère des mois
Vont et viennent par rang,
ne luisant à la fois,
La Prime suit la Brume, et
vont comme compagnes.
Le mal n’accourt
en grêle ainsi l’homme
assaillir,
Comme neige l’ennui
ne fait son front pâlir,
Et l’eau
d’angoisse
à mort ne le noye sans cesse.
Mais comme toute chose a son
temps, en saison
Bien nous vient après mal. Tout ainsi par raison
Après mon juste deuil vient ma sainte liesse.
’’ Toute
chose prend fin, tout est
sujet au change,
’’Tout
se perd dans le cours du destin inconstant,
’’Rien
ne se voit çà-bas de ferme et de constant
’’Que
le temps à la fin ne tourne et ne mélange.
L’Hiver
pour quelque temps se retire et
s’étrange,
L’Austre ne va
toujours dans l’onde
grommelant
Le foudre en même lieu n’est
toujours éclatant,
Toujours l’horrible
Mars aus combats ne se range.
Le temps dissipe tout : il
n’est pin
orgueilleux,
Ni Palais si hautain, ni
roc tant sourcilleux,
Que la force du temps enfin ne déracine,
Bref l’Automne,
l’Été,
l’Hiver et le
Printemps,
Changent tous de saison,
l’âge
change le temps,
Mais rien ne peut changer la rigueur d’Éricine.
Toujours la nuit obscurément
profonde
N’étreint le jour de son voile oublieux :
Toujours en mer l’orage impérieux
Contre la rive écumant ne redonde.
Toujours le vent
deçà, delà ne gronde
Par les forêts, toujours l’ire des Cieux
Ne fait trembler, d’un souffle injurieux,
En toutes parts la fabrique du monde.
L’orage attire
après soi le beau temps :
Le froid Hiver est suivi du Printemps,
Et l’Été suit la belle
Primevère :
L’Automne vient sur les pas
de l’Eté,
L’Hiver retourne, ainsi (belle) j’espère
Que mon tourment se verra limité.
R
SAns
fin les vents émus n’agitent pas
l’échine
De l’océan moiteux : et du haut
tempêtant
N’est l’indignation dans les monts
éclatant
Sans fin ses coups, ses feux, sa vengeance divine :
Il n’est pas dit aussi que
celle qui domine
Dessus tes passions, enfin n’aille abattant
Cette folle hautesse et ce dédain, qui tant
Ta face diminue et ta liesse mine.
Attendant quoi, Ami,
viens-t’en jusques ici,
Viens avec mes démons, et chasse tout souci :
Au moins tiens bonne mine, et ne fais plus l’esclave.
Maint gai démon
t’attend,
fantastique et joyeux,
Et mainte belle Nymphe en chemise se lave,
Afin qu’elle te noie en l’appât de ses
yeux.
À Valgius
Les pluies ne se déversent pas toujours des nuages sur les champs hirsutes, et la mer Caspienne, les vents capricieux ne la tourmentent pas toujours, et dans les contrées d’Arménie non plus,
ami Valgius, ne reste pas figée la glace paresseuse tous les mois de l’année, pas plus que sous les Aquilons les chênes du Gargan ne vacillent, ni de leurs feuilles ne sont vidés les ornes.
Mais toi, tu poursuis toujours de ta voix plaintive Mystès qui t’a été ravi ; toi, que Vesper se lève ou qu’il fuie le Soleil hâtant son cours, la même passion reste en toi.
Pourtant le vieillard qui vécut trois vies ne pleura pas toutes ces années son aimable Antiloque ; et l’enfant Troïlus, ses parents et ses sœurs phrygiennes
ne le pleurèrent pas toujours. Cesse enfin tes plaintes languissantes et chantons plutôt les nouveaux trophées de César : et le Niphate indocile,
et le fleuve de Médie ajouté aux peuples vaincus, qui roulent des tourbillons amoindris, et les Gélons qui n’élancent plus leurs chevaux que sur les terres étroites qu’on leur a prescrites.
À Valgius
Les pluies ne se déversent pas toujours des nuages sur les champs hirsutes, et la mer Caspienne, les vents capricieux ne la tourmentent pas toujours, et dans les contrées d’Arménie non plus,
ami Valgius, ne reste figée la glace paresseuse tous les mois de l’année, pas plus que sous les Aquilons les chênes du Gargan ne vacillent, ni de leurs feuilles ne sont vidés les ornes.
Mais toi, toujours, tu poursuis de ta voix plaintive Mystès qui t’a été ravi ; toi, que Vesper se lève ou qu’il fuie le Soleil hâtant son cours, la même passion reste en toi.
Pourtant le vieillard qui vécut trois vies ne pleura pas toutes ces années son aimable Antiloque ; et l’enfant Troïlus, ses parents et ses sœurs phrygiennes
ne le pleurèrent pas toujours. Cesse enfin tes plaintes languissantes et chantons plutôt les nouveaux trophées de César : et le Niphate indocile,
et le fleuve de Médie ajouté aux peuples vaincus, qui roulent des tourbillons amoindris, et les Gélons qui n’élancent plus leurs chevaux que sur les terres étroites qu’on leur a prescrites.
Toujours n’est pas la mer
Égée trouble,
Et Tanaïs n’est point tous temps
gelé :
Mais le malheur, qui mon mal me redouble,
Incessamment avecques lui mêlé
S’enchaîne ensemble, et ainsi congelé
Me fait ardoir tant inhumainement,
Que quand par pleurs je veux soudainement
Remédier à si grande amertume :
Voulant ma flamme éteindre aucunement,
Plus je l’éteins, et plus fort je
l’allume.
Toujours des bois la cime
n’est chargée,
Sous les toisons d’un hiver éternel,
Toujours des Dieux le foudre criminel
Ne darde en bas sa menace enragée.
Toujours les vents, toujours la mer
d’Egée
Ne gronde pas d’un orage cruel :
Mais de la dent d’un soin continuel,
Toujours toujours ma vie est outragée.
Plus je me force à le
vouloir tuer,
Plus il renaît pour mieux s’évertuer
De féconder une guerre en moi-même.
Ô fort Thébain, si
ta serve vertu
Avait encor ce monstre combattu,
Ce serait bien de tes faits le treizième.
TOujours
ne tempête enragée,
Contre ses bords la mer Égée,
Et toujours l’orage cruel
Des vents, comme un foudre ne gronde
Élochant la voute du Monde
D’un soufflement continuel :
Toujours l’hiver de neiges
blanches,
Des Pins n’enfarine les branches :
Et du haut Apennin, toujours
La grêle le dos ne martèle,
Et toujours la glace éternelle
Des fleuves ne bride le cours :
Toujours ne durent orgueilleuses
Les Pyramides sourcilleuses,
Contre la faux du temps vainqueur :
Aussi ne doit l’ire félonne,
Qui de son fiel nous empoisonne,
Durer toujours dedans un cœur.
Rien sous le ciel ferme ne
dure :
Telles lois la sage Nature
Arrêta dans ce monde, alors
Que Pyrrhe épandait sus la terre
Nos aïeux conçus d’une pierre
S’amollissante en nouveaux corps.
[…]
[…]
le chœvr.
Toujours le vent
tempêtant,
Sur la Mer Égée,
Ne va l’onde tourmentant
De rage enragée :
Et de l’eau
fière
l’effort
Qui tance sa rive,
N’empêche toujours qu’au port
La barque n’arrive.
Mais la tranquillité suit
En son rang l’orage,
Et toujours sur Mer ne bruit
La venteuse rage.
Le Jour chassé de la Nuit
Fait place à la Lune,
Puis encor le Soleil luit
Chassant la Nuit brune.
Sous le Ciel les choses sont
Toutes inconstantes,
Et par rang vont et reuont
Leur ordre changeantes.
Mais Médée ta
rigueur
Constante demeure
Et prend nouvelle vigueur
Croissant d’heure en heure.
[…]
Toujours la peste aux Grecs ne
décoche Apollon,
Quelquefois il s’ébat à sonner de la
lyre,
Quelquefois sur la mer bon vent a le navire
Et toujours ne court pas un orage félon,
Toujours l’honneur des
champs ne dépouille Aquilon,
Quelquefois un printemps nous ramène Zéphire,
Toujours ne tonne pas aux montagnes d’Épire.
Et quelquefois le ciel est sans nul tourbillon.
Les deux frères jumeaux
l’un après l’autre vivent,
Et les saisons de l’an par ordre s’entresuivent
Comme le clair jour suit la ténébreuse
nuit :
Bref toute chose au monde ou se change
ou se passe,
Si ce n’est le malheur qu’un Rousseau me pourchasse
Qui toujours sans repos me tourmente et me suit.
Laisse le ciel belle Astrée,
En France tant désirée,
Viens faire ici ton séjour,
À ton tour,
Assez les flammes civiles
Ont couru dedans nos villes,
Sous le fer, et la fureur,
Assez la pâle famine,
Et la peste et la ruine,
Ont ébranlé ton bonheur.
Le rocher, ni la tempête,
Toujours ne pend sur la tête
Du pilote pâlissant,
Frémissant,
La nue épaisse en fumée,
Toujours ne se fend armée
De feu, de soufre, et d’éclair,
Quelquefois après l’orage
Elle fourbit le nuage,
Et le rend luisant et clair.
[…]
Ore de mal en bien se veut tourner la
chance,
Qui par un trop long temps a duré contre moi :
Il faut une autre fois essayer si ma foi
Pourrait bien rencontrer heureuse récompense.
Toujours la mer grondant contre un
vaisseau ne tance :
L’air serain du fort temps chasse le triste effroi,
Et le Printemps l’Hiver : le retour doux et
coi
De l’amiable paix suit des guerres l’outrance.
Toujours le flot contraire
à ma nef ne sera,
Mais bientôt un bon vent ses voiles enflera,
Qui la fera surgir à son port désirable.
Tel doux espoir me vient de la gaye
douceur,
Qui me rit favorable en cet œil ravisseur,
De vivre autant heureux qu’ai vécu
misérable.
TOujours
au plain des champs ne tombe le malheur
Toujours Cérès ne perd ses cheveux aux campagnes
Toujours n’est foudroyé le pampre des montagnes
Et toujours l’arbre n’est
dépouillé de
sa fleur.
Toujours Palès ne perd dans
les prés sa couleur
Toujours ne ment le gland les mois ni les châtaignes
Toujours ne vient le loup aux camuses compagnes
Et toujours n’est sur pied le meurtrier ou voleur.
Toujours l’apparilleur la
grange ne dépouille
Le gendarme toujours dans le coffre ne fouille
Et toujours l’usurier ne tient son parchemin.
Bref en tous temps le ciel ne darde sur la tête
Du simple villageois son feu ni sa tempête
Et en tout temps le mal ne le guette au chemin.
Combien que
l’Océan plein de divinité
Reçoive le tribut des ruisseaux et fontaine,
Bien que fleuves et lacs se roulent en sa Plaine,
Le reconnaissant père à leur
éternité :
Pourtant il n’est toujours
superbe ou dépité,
Toujours encontre l’air il n’enfle son haleine,
Et battant ses deux bords toujours il ne forcène,
Et n’abîme toujours le Navire emporté.
Mais l’orgueil impiteux de
tes beautés altières
Océan de beauté, s’accroît de
mes prières,
Et du tribut des pleurs et soupirs que
j’épands :
Si bien que dessus moi
s’exerçant ton Empire
Ta cruauté sans trêve, agite, roule, et vire
En tempête d’amour la file de mes ans.
[…]
Rien ne dure
toujours, tout se change
et se tourne,
Et le bien et le mal plus d’un
temps ne séjourne:
Toujours les Aquilons n’ébranlent
les rochers,
Toujours l’ireuse
mer n’engloutit
les Nochers,
Toujours l’air
épaissi d’orage
et de tonnerre
De grêle à petits bonds ne refrappe la
terre :
Toujours il ne fait chaud,
et toujours arriuer
On ne voit sur les monts les bruines d’hiver :
Toujours le Tout-voyant, de
sa dextre puissante
Ne brandit sur nos chefs la foudre punissante :
Et toujours sa senestre abondante en bonheur,
Ne nous verse les biens dont il est le donneur.
[…]
Toujours de Jupiter le foudroyant
tonnerre,
N’écorne
étincelant les Rocs fermeplantés :
Toujours des monts brûlants les gosiers
éventés,
N’emplissent
l’air de flamme
et de cendre la Terre :
Toujours l’Austre
mutin les grands sapins n’atterre,
Toujours des flots hideux les Cieux ne sont
hantés,
Et toujours des mortels les cœurs
épouvantés,
Ne frémissent au choc qu’un
orage desserre :
Toujours l’alme
Soleil loin de nos yeux ne luit,
Toujours nous ne voyons les horreurs de la nuit,
Et toujours les enfers ne s’aggravent
d’encombres :
Tout change quelquefois dessous le
firmament,
Le calme suit l’orage
et la clarté les ombres,
Mais mon malheureux sort dure éternellement.
Toujours le sein de la pleureuse Hyade,
Le goubeau frais de l’Échanson
Troyen
Joignant à soi la baveuse Pléiade,
Ne vont noyant notre val terrien.
Mais à la fin la campagne
écumeuse
Tarit les pleurs d’Électre
et de ses sœurs,
Et de Titan la face radieuse
Change en nos prés ces moites pleurs en fleurs.
Sur le nocher le mari
d’Orithye
Toujours ne bouffe un gosier brise-roc :
L’âpre
Mavors, verse-sang, ôte-vie
Toujours n’affile
un furieux estoc.
Le temple saint du dieu double-visage
N’ouvre toujours
à Bellone ses huis :
L’olive en fin de
Minerve la sage
Des fiers canons étoupe les pertuis.
Après avoir sué
par maintes Lunes
Sous le harnois du boute-feu Amour,
Ayant pleuré tant de nuits importunes
L’Éclipse
honteux de mon printanier jour :
Enfin enfin sainte
Éleuthérilide
Démantelant mon gros air épaissi
Ouvre l’oreille
à ma troupe Aonide
Dardant chez moi un beau rai éclairci.
[…]
Toujours
le Dieu qui son tonnerre jette,
N’atteint les
monts d’Épire
au long sourcil :
Pour se venger sans répit, ou merci,
Phébus encor les Grégeois ne sagette.
Courbant son arc, et lâchant
sa sagette,
Diane aussi l’amour,
et le souci,
De ses forêts, au temps même adouci
N’est
à chasser incessamment sujette.
Donques pourquoi mon
désastre, et mon soin,
De mal en pis toujours s’étend
plus loin ?
Qui peut causer sa rage, et félonie ?
C’est
mon Destin, qui prolixe et subtil,
De mes travauxs allonge ainsi le fil :
Et moins j’ai
d’heur, et plus
d’aise me nie !
Le tonnerre pressé
d’un brusque
tremblement,
N’élance
pas toujours sa roideur enflammée,
Le navire sautant sur la mer agitée
N’est toujours
engouffré par le flot ondoyant :
Les Autans forcenés
d’un rude
ébranlement,
N’entremêlent
toujours leur force courroucée,
L’hivernale
blancheur de la neige glacée,
Sur les pins élevés ne va toujours roulant.
Ainsi je ne crois
point que l’aigreur
soucieuse,
Qui sème dans mon cœur une humeur douloureuse,
Persévère toujours à gêner
mes esprits.
Un temps viendra bientôt qui
vide de misère,
Serénant les efforts de ma tristesse amère,
Apaisera l’horreur
du mal qui m’a
surpris.
Le Chœur des Soldats.
Toujours le front de nos Montagnes,
N’est pas de neige enfariné,
Toujours le fond de nos campagnes
De fleurs on ne voit couronné,
Toujours un même temps ne dure,
Après le chaud vient la froideur,
Après notre heur quelque malheur
Nous doit talonner à mesure.
Toujours la nuit est successive
À la claire torche du jour,
Bien que la pluye soit tardive,
Si suit-elle pourtant toujours
Le plus beau temps qui nous sereine :
Après le printemps vient l’hiver,
Après la faveur arriver
On voit la disgrâce soudaine.
On a vu longtemps nos cuirasses
Toutes oisives pendre aux crocs,
Enrouillées nos coutelaces
Et tout épointés nos estocs,
Il est à craindre que Bellone
Ne rompe notre longue paix,
Nous en voyons jà les effets
Par les troubles qu’elle nous donne.
[…]
DU
vagueux Océan les ondes altérées
,, Ne menacent
toujours les voûtes
éthérées :
,, Toujours, des
monts Riphé’s les sourcilleux coupeaux
,, De maints
flocons neigeux ne tissent leurs manteaux,
,, Toujours du
noir Autan la flottante Crinière
,, Ne noye les
guérets de Cérès la
blétiere.
,, Toujours on ne
voit pas de l’Hiver les glaçons,
,, Ni de
l’ardent Été les utiles moissons,
,, Le Nocher
infernal souvente fois se lasse,
,, Et outre
l’Achéron toujours Mânes ne passe.
Enfin l’accès
fievreux qui
furetait mes os
Me faisant oublier et repas et repos,
Mène mon mal à rive, et sauvé du
naufrage
Je couronne ma poupe en l’assuré rivage.
[…]
[…]
La mer n’est pas toujours
agitée de flots,
Et toujours il ne neige aux plus hautes montagnes,
Les vents sont quelquefois au fond de l’air enclos,
Sans cesse le Soleil ne brûle les campagnes :
Mais jamais je ne vois qu’un doux allègement
Mette fin à mes pleurs, à mon sì gref
tourment.
Ce beau Printemps fleuri perdra
plutôt ses fleurs,
Plutôt la nuit sera sans étoiles luisantes,
Que je voie sécher les torrents de mes pleurs,
Que je voie une fin de mes peines cuisantes ;
Plutôt le feu sera sans aucune chaleur,
Que t’émeuvent les crìs de ma triste
douleur.
[…]
TOujours des vents émus les soupirs mutinés
Soufflant diversement ne troublent de
Neptune
De contraires efforts la demeure commune,
Donnant quelque relâche à leurs cours
forcenés :
D’eux-mêmes se
défont les
malheurs obstinés,
Et bien que la vertu demeure toujours une
Entre les changements de l’instable fortune,
Toujours ne sont heureux les hommes fortunés.
La vertu dompte tout et parmi la
tourmente
Des accidents mondains tranquille et permanente
Envoyée en exil ne bouge de son lieu.
Elle luit de soi-même et pour
la calomnie
Des menteurs médisants sa fleur ne chet fanie
Fuyant l’extrémité pour loger au milieu.
Toujours le Dieu de
l’air
forcené de courroux
N’éclate
contre nous
l’horreur de son
tonnerre,
Toujours le Chien ardent ne crevasse la terre,
Éole ne foudroie incessamment sur nous.
Neptune,
le principe et le
père de tous,
Boursouflé çà et là
toujours ne se desserre,
Toujours le froid hiver les ondes ne resserre,
Et l’Aurore
toujours ne fuit son vieil époux.
L’on
ne voit rien de sûr en ce terrestre monde,
Une chose fuit l’autre,
ainsi qu’une onde
une onde,
Le ciel même inconstant se vire en mille tours.
Ainsin incessamment je
n’aurai de la
peine,
Si ma Maîtresse est rude,
elle sera humaine,
Or’ le sujet de
maux, puis celui des amours.
TOujours
ne se voit pas de l’Océan
fâché
Les freins dedans sa bouche écumer de colère,
Toujours du Nord et Sud en leur souffle contraire
L’effort ne
s’entrechoque en
la mer délâché.
Jupin toujours ne tonne : et
le ciel débauché
Ne nous brûle à tous coups de sa flamme
adversaire :
Mais toujours de mes sens le discord
persévère,
Et est après ma chair mon esprit empesché.
À maîtriser ses
sens plus ma raison s’efforce,
Contre l’esprit
vainqueur plus ma chair se renforce :
Se guerroyant sans cesse en moi et contre moi.
Mais si je les puis vaincre
éteignant cette guerre,
Je ferai plus qu’Hercul’ qui les monstres
atterre :
Il n’y a rien si
fort que qui est Roi de soi.
LA
neige n’est
toujours sur le chef des montagnes,
La grêle sans cesser ne fracasse les toits,
La foudre n’atteint
pas toujours l’hôtel
des Rois,
L’eau ne couvre
en tout temps la face des campagnes.
Mais comme le Soleil des Indes aux
Espagnes,
Puis de l’Espagne,
à l’Inde,
et la mère des mois
Vont et viennent par rang,
ne luisant à la fois,
La Prime suit la Brume, et
vont comme compagnes.
Le mal n’accourt
en grêle ainsi l’homme
assaillir,
Comme neige l’ennui
ne fait son front pâlir,
Et l’eau
d’angoisse
à mort ne le noye sans cesse.
Mais comme toute chose a son
temps, en saison
Bien nous vient après mal. Tout ainsi par raison
Après mon juste deuil vient ma sainte liesse.
’’ Toute
chose prend fin, tout est
sujet au change,
’’Tout
se perd dans le cours du destin inconstant,
’’Rien
ne se voit çà-bas de ferme et de constant
’’Que
le temps à la fin ne tourne et ne mélange.
L’Hiver
pour quelque temps se retire et
s’étrange,
L’Austre ne va
toujours dans l’onde
grommelant
Le foudre en même lieu n’est
toujours éclatant,
Toujours l’horrible
Mars aus combats ne se range.
Le temps dissipe tout : il
n’est pin
orgueilleux,
Ni Palais si hautain, ni
roc tant sourcilleux,
Que la force du temps enfin ne déracine,
Bref l’Automne,
l’Été,
l’Hiver et le
Printemps,
Changent tous de saison,
l’âge
change le temps,
Mais rien ne peut changer la rigueur d’Éricine.
Toujours la nuit obscurément
profonde
N’étreint le jour de son voile oublieux :
Toujours en mer l’orage impérieux
Contre la rive écumant ne redonde.
Toujours le vent
deçà, delà ne gronde
Par les forêts, toujours l’ire des Cieux
Ne fait trembler, d’un souffle injurieux,
En toutes parts la fabrique du monde.
L’orage attire
après soi le beau temps :
Le froid Hiver est suivi du Printemps,
Et l’Été suit la belle
Primevère :
L’Automne vient sur les pas
de l’Eté,
L’Hiver retourne, ainsi
(belle)
j’espère
Que mon tourment se verra limité.
R
SAns
fin les vents émus n’agitent pas
l’échine
De l’océan moiteux : et du haut
tempêtant
N’est l’indignation dans les monts
éclatant
Sans fin ses coups, ses feux, sa vengeance divine :
Il n’est pas dit aussi que
celle qui domine
Dessus tes passions, enfin n’aille abattant
Cette folle hautesse et ce dédain, qui tant
Ta face diminue et ta liesse mine.
Attendant quoi, Ami,
viens-t’en jusques ici,
Viens avec mes démons, et chasse tout souci :
Au moins tiens bonne mine, et ne fais plus l’esclave.
Maint gai démon
t’attend,
fantastique et joyeux,
Et mainte belle Nymphe en chemise se lave,
Afin qu’elle te noie en l’appât de ses
yeux.
textes
modernisés
[R]
En ligne le
20/02/18.
Dernière révision le 20/05/24.