Je suis tout seul étendu sur
la couche,
Sans mouvement comme une froide souche
FRANÇOIS BERTHRAND.
[…]
Les auteurs de l’histoire du Théâtre Français ont connu ce Poète ; ils citent de lui une Tragédie, intitulée, Priam Roi de Troie, dédiée à Madame de la Loue, et imprimée en 1600. […] Les mêmes Auteurs disent, qu’on ignore entièrement la vie de cet Écrivain. Il est vrai qu’on en sait peu de chose. Mais du moins voit-on par ses Amours d’Europe, qu’il avait reçu une éducation honnête, et qu’il eut pour Précepteur, un Flamand, nommé Pierre Tripsé, lequel lui enseigna particulièrement la philosophie :
Tripsé,
l’honneur de la troupe Aonide,
Qui as goûté de l’onde Aganippide,
Docte Poète, écoute librement
Ce que tu m’as enseigné doctement,
Quand tu montrais, libre de toute envie,
Les beaux secrets de la Philosophie.
Les mêmes poésies nous apprennent que Berthrand avait étudié la Jurisprudence, et l’on sait d’ailleurs qu’il était Avocat ; mais il préférait à la sécheresse qu’il trouvait dans les lois, les agréments et les charmes que lui offraient les anciens Auteurs Grecs et Latins :
Vrai est que rien ne peut davantage me
plaire
Que d’avoir bien souvent dans les mains un Homère,
Un Virgile, un Pindare, un Horace, un Platon,
Un Plutarque, un Sénèque, un Arate, un Caton,
Parfois un Aristote, et soûl de sa science,
Donner tout mon esprit à la Jurisprudence.
L’objet de ses poésies était une Demoiselle d’Orléans. Plusieurs fois il répète qu’il soupira huit ans pour elle ; que dans cet intervalle elle se transporta à Paris, où elle fit un long séjour. L’obtint-il ? Je l’ignore. […]
L’abbé GOUJET,
Bibliothèque française,
ou Histoire de la Littérature française,
tome XIII, 1752, pp. 446-447
[Gallica, NUMM-50656, PDF_472_473]
(texte modernisé).
Je ne suis pas si laid comme tes yeux me font
En ligne le 05/10/20.
Dernière révision le 26/05/23.