Qu’on mesure l’eau
des rivières,
Et grain à grain les
sablonnières
Du haut rivage Érythréan
la vie
DE RÉMY BELLEAU
Voici l’un des premiers Poètes de cette fameuse Pléiade qui sous le règne du roi Henri second tirèrent nos Muses françaises du bégaiement où elles étaient, qui leur inspirèrent des paroles concertées, véritablement très dignes d’elles, et qui mirent enfin par l’assiduité de leurs veilles notre langue en ce haut comble d’honneur et de gloire où nous l’avons trouvée. Il naquit à Nogent-le-Rotrou au pays du Perche, sur les confins de la comté du Maine, d’une noble et illustre famille, selon Maurice de La Porte qui, dans son curieux livre d’Épithètes françaises, le nomme Rémy de Belleau et le qualifie de gentilhomme français. Comme il était consommé dans l’intelligence de la langue grecque et de la latine, voire même comme l’intégrité de sa vie était conforme à son érudition singulière, il fut choisi pour gouverner et pour instruire la noble jeunesse de Charles, marquis d’Elbœuf, prince très illustre de la maison de Lorraine, qui était en ce temps-là le favorable asile des savants hommes et des grands courages. Ce fut en cette qualité de savant et de guerrier que René de Lorraine duc d’Elbœuf le prit en affection singulière et le servit de ses conseils et de son bras même dans son voyage de Naples où cet excellent homme l’accompagna : et c’est de ce fameux voyage dont parle Ronsard dans une de ses odes que j’insèrerai ici d’autant plus volontiers qu’elle ne se trouve que dans les premières éditions de ses ouvrages, ayant été retranchée des dernières :
Donc Belleau, tu portes envie
Au dépouilles de l’Italie
Qu’encore ta main ne tient pas,
Et t’armant sous le duc de Guise
Tu penses voir broncher à bas
Les murailles de Naples prise.
J’eusse plutôt
pensé les courses
Des eaux remonter à leurs sources
Que te voir changer aux harnois,
Aux piques et aux arquebuses,
Tant de beaux vers que tu avais
Reçus de la bouche des Muses.
[…]
Les premiers ouvrages qu’il publia furent ses Commentaires sur le second livre des Amours de Pierre de Ronsard, marchant en cela sur les pas de cet illustre personnage Marc Antoine de Muret qui avait pris soin de commenter le premier livre des Amours de ce grand poète. […]
« La vie de
Rémy Belleau par Guillaume Colletet »,
Œuvres complètes de
Rémy Belleau,
nouvelle édition publiée
d’après les textes primitifs
avec variantes et notes par A. Gouverneur, tome I,
Paris, 1867, pp. xi-xiv
[Gallica, NUMM-27685, PDF_11_14]
(texte modernisé).
[1] Cette notice, imprimée pour la première fois, est extraite de l’Histoire générale et particulière des Poètes français, etc., par Guillaume Colletet, de l’Académie française (Manuscrit de la Bibl. imp. du Louvre, t. I de la copie.)
Liens
Étude
* On peut lire, de Mme Jean Braybrook, Le thème du matin chez Rémy Belleau, communication publiée en 1993 dans le n° 45 des Cahiers de l’Association internationale des Études françaises, en ligne sur Persée, portail de publication électronique de revues scientifiques en sciences humaines et sociales.
Vie
* Une page consacrée
à la
statue de Rémy Belleau à
Nogent-le-Rotrou, par le
sculpteur Camille Gaté, sur le site de
Jean-Claude
Bourdais.
Liens valides au 21/10 /21.
En ligne le 18/01/06.
Dernière révision le 21/10/21.