Amadis JAMYN
(v. 1540-1593)
Dernier poème en ligne :
1575 : L’agréable vigueur…
 

 

 
Guillaume COLLETET

(1598-1659)

 

AMADIS JAMYN

Amadis Jamyn naquit à Chaource, dio­cèse de Troyes. Il fut en sa jeu­nesse page de Pierre de Ron­sard, comme le témoigne le même Ron­sard(1) dans une de ses Élé­gies et dans le poème qu’il lui adresse, qu’il inti­tule la Salade et qui com­mence ain­si :

Lave ta main, qu’elle soit belle et nette,
Suis-moi de près, apporte une serviette
Pour la salade, Amadis, et faisons
Part à nos ans des fruits de la saison.

Et le reste qui vaut mieux que ce com­men­ce­ment. Claude Binet témoigne la même chose dans la vie de Ron­sard, lors­qu’il dit que ce grand poète l’avait nour­ri page et avait pris un grand soin de le faire ins­truire. Il ne démen­tit pas aussi les belles espé­rances que son docte maître avait conçues de sa suf­fi­sance, car comme il fut sor­ti hors de page, il fit paraître de si belles lumières d’es­prit dans les vers qu’il adres­sa au Roi Charles IX, que ce prince qui aimait pas­sion­né­ment les bonnes lettres et les hommes savants, le prit en sin­gu­lière affec­tion et le fit son valet de chambre, puis secré­taire de Sa Majes­té et son lec­teur ordi­naire.

Ô heu­reux temps, où le seul mérite don­nait de l’hon­neur et du crédit, et où les hommes de lettres ren­con­traient la for­tune dans leurs études, sans être obli­gés de l’aller cher­cher dans les anti­chambres des grands et des princes, et d’aug­men­ter le nombre de ces lâches cour­ti­sans qui ne sont savants que dans les ten­dresses et que dans de petits com­pli­ments cent fois étu­diés et cent fois renou­ve­lés. Le temps est si cher et si pré­cieux à un homme de lettres, qu’il ne sau­rait conser­ver cette qua­li­té s’il ne fuit ce que les autres cherchent. Je veux dire s’il ne fuit sou­vent le grand monde qui consomme la plus noble par­tie de son temps, et s’il n’em­brasse la soli­tude, comme la Muse des belles in­ven­tions et la plus claire source des sciences. Et pen­dant ce temps-là, vous, ô grands du monde ! ô puis­sances de la terre ! tra­vail­lez pour leur for­tune, puis­qu’ils tra­vaillent pour votre gloire !

Les pre­miers écrits qu’Ama­dis Jamyn publia furent les argu­ments en prose des quatre fameux livres de la Fran­ciade de Ron­sard(2), avec quelques son­nets qu’il com­po­sa sur ce nou­vel ouvrage, et impri­més pour la pre­mière fois à Paris, l’an 1572. Ce petit échan­til­lon de son esprit le fit connaître et esti­mer de son siècle, et pour le faire connaître au nôtre, qui ne prend guère la peine de consul­ter ce qui est plus vieux que lui, je met­trai ici la fin d’un de ces son­nets :

Qui dira maintenant, si par toute l’Europe
Florit le chœur divin des sœurs de Calliope,
Que l’auteur de leur être est le grand Jupiter ?
Hé ! qui n’entend crier les Muses par la France ?
Jupiter ne se doit notre père vanter,
Le cerveau de Ronsard nous a donné naissance.

Ses œuvres poé­tiques consistent en deux volumes, dont le pre­mier est divi­sé en cinq livres.

Le pre­mier des cinq est un recueil de plu­sieurs poé­sies dédiées à la reine Cathe­rine de Médi­cis, au roi Charles IX, au roi Henry III, son frère, et à Mar­gue­rite de France, reine de Navarre, et à quelques autres princes et prin­cesses, poé­sies dont la plu­part méritent bien d’être lues, tant pour leur diver­si­té polie qu’à cause de l’his­toire du temps, puis­qu’elles en contiennent les évé­ne­ments les plus illustres.

[…]

« Amadis Jamyn par Guillaume Colletet »,
Œuvres poétiques de Amadis Jamyn,
avec une intro­duc­tion par Charles Brunet,
Paris, 1879, pp. 13-17
[Gallica, NUMM-6140980, PDF_18_22]
(texte modernisé).


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Notes

(1) Premier Livre des poèmes.

(2) Voir la vie de Ronsard, Binet ou Colletet.


 
 
 


 

…lors d’artère en artère,
De nerfs en nerfs ce mot me traversa

 


En ligne le 03/10/10.
Dernière révision le 29/09/24.