Robert ANGOT
(v. 1580-v. 1640)
Dernier poème en ligne :
1603 : Pour chanter votre Gloire…

devenir un Protée

Et changer comme lui

de forme

en mon amour.

 

 
L’abbé GOUJET, 1752
 

ROBERT ANGOT.

Ce dernier Panégy­riste de Courval-Sonnet[1], Robert Angot, Sieur de l’Es­peron­nière, était de Caen. Cela est dit expres­sé­ment dans les quatre vers qu’on lit au bas de son por­trait gra­vé à l’âge de vingt-deux ans :

Caen fut le lieu de ma chère naissance,
Phœbus poussa mes esprits ici-bas :
Puisse à jamais vivre après mon trépas
Mon âme au Ciel, et mon nom dans la France.

Je ne juge pas de la des­ti­née de son âme ; à l’égard de sa répu­ta­tion, elle est depuis long­temps ense­ve­lie dans l’ou­bli.

« Robert Angot, dit M. Huet, a fait plus d’hon­neur à Caen sa pa­trie par ses vers, que Caen ne lui en a fait par son souve­nir ; car son nom y est presque incon­nu. »

Outre les pièces que je viens de ci­ter, faites à la louange de Courval-Sonnet, dont une tra­duite des vers grecs de Tos­tain, semble prou­ver qu’An­got enten­dait cette langue, j’ai vu de lui le Pré­lude poé­tique, dé­dié à M. le Prince de Condé, im­pri­mé à Paris en 1603, et loué à son tour par Tho­mas Roggers, Écuyer, Gen­til­homme An­glais ; Jean Du Teil, de Tours ; Jean Le Blanc, Pari­sien ; et quelques ano­nymes.

Le Pré­lude poé­tique est un recueil de Poé­sies di­verses, où l’Au­teur ne chante guère que ses Amours. Tel est en par­ti­cu­lier l’unique objet de L’Île fleu­rie, ou les pre­mières Amours d’Érice, en quatre-vingt-huit Son­nets, sui­vis de douze Élé­gies. M. Huet dit que dans ces Son­nets, Angot semble s’être pro­po­sé pour modèle ceux de Pé­trarque pour Laure ; cela peut être ; mais il faut avouer que la co­pie est fort infé­rieure à l’ori­gi­nal.

Des douze Élé­gies, la pre­mière est d’une lon­gueur exces­sive. C’est le récit d’un Songe poé­tique. Angot y sup­pose, qu’un vieil Her­mite lui appa­raît, et qu’après lui avoir don­né beau­coup d’avis (qu’il rap­porte) il lui fait voir tout ce qui s’est pas­sé dans l’âge d’or, et de­puis. Quoiqu’il y ait de bons pré­ceptes dans cette Élé­gie, et même assez de natu­rel, sa pro­lixi­té ennuie beau­coup. On lit dans la même Pièce la Fable du Rat de Ville et du Rat des Champs, telle qu’elle a été depuis contée par La Fon­taine. Je n’y ai trou­vé de la dif­fé­rence que pour la dic­tion : ce sont les mêmes pen­sées ; c’est la même mo­rale. La seconde Élé­gie n’est que la fable d’Or­phée vou­lant rap­pe­ler Eury­dice des Enfers.

[…]

L’abbé GOUJET,
Biblio­thèque fran­çaise,
ou His­toire de la Lit­té­ra­ture fran­çaise,
tome XIV, 1752, pp. 313-315
[Gallica, NUMM-50657, PDF_316_318]
(texte modernisé).


________

Notes

[1] La « vie » de Robert Angot suc­cède dans la Biblio­thèque de l’abbé Gou­jet à celle de Courval-Sonnet qui s’achève par ces phrases : « Les deux volumes de Son­net, dont je viens de rendre compte, sont char­gés de plu­sieurs éloges don­nés à l’au­teur. […] Dans le volume de 1623 on ne lit qu’une Ode fran­çaise, mais fort longue, de Pierre de Dei­mier, Pro­ven­çal, et deux petites Pièces d’An­got, l’une de seize vers, l’autre de trente-six. »





Liens

Étude de l’œuvre

* On peut lire sur l’œuvre d’Angot un article de Henry Lafay, Robert Angot de l’Épe­ron­nière, paru dans Les Annales de Normandie en 1977, en ligne sur Per­sée, por­tail de publi­ca­tion élec­tro­nique de revues scien­ti­fiques en sciences hu­maines et so­ciales.

Liens valides au 12/06/21.


 

mes yeux chargés de nues

alambiquent mon âme en larmes continues





En ligne le 17/04/06.
Dernière révision le 21/02/24.