Ce n’est que par conjecture que j’ai renvoyé à la même année 1623 Pierre de Cornu, Poète Français, né à Grenoble, ou aux environs. Guy Allard, qui en parle dans sa Bibliothèque de Dauphiné, imprimée en 1680 fait entendre qu’il était mort depuis longtemps ; mais il ne dit point en quelle année. Cornu, qui a fait paraître ses Poésies en 1583 dit qu’il était fort jeune alors. Il fut revêtu depuis d’une charge de Conseiller au Parlement de Grenoble : et Allard dit, qu’après l’avoir exercée quelque temps, il fit un recueil des Arrêts de ce Parlement, qui est demeuré manuscrit. Tout cela suppose, ce semble, que Pierre de Cornu a vécu au moins jusqu’après les premières années du dix-septième siècle.
Ses Œuvres poétiques parurent à Lyon in-8°. Elles contiennent deux livres de ses Amours ; le premier en cent-huit Sonnets, le second en quarante-six ; l’un et l’autre mêlé de Chansons, de petites Odes, de quelques Élégies et autres Poésies : quatre Éclogues : quelques Sonnets sur divers sujets, plusieurs Épigrammes, Énigmes, Mascarades, & Épitaphes ; une Ode Chrétienne, en forme de Prière à Dieu, que l’Auteur composa ayant la fièvre ; et des Stances, où il fait à Dieu l’aveu général des fautes qu’il avait commises, et des folles passions qu’il avait suivies. Il y témoigne un vif repentir des égarements de sa jeunesse : je souhaite qu’il ait été sincère. Ses Poésies amoureuses, toutes composées pour la Demoiselle Laurini, Avignonnaise, sont remplies d’obscénités si grossières, qu’il a sûrement dû en avoir honte, dès qu’il a commencé à penser un peu sérieusement. Il célèbre dans ses Mélanges quelques-uns de ses amis, tels que Gabriel de Lers, et Claude Expilly. Ce dernier est très connu, et je vous en parlerai en son temps. Ses Épitaphes n’apprennent rien ; non pas même, celle de Catherine Jabbé, sa mère : il y a quelque naturel dans ses Épigrammes, mais trop de jeux de mots. Jugez-en par celle-ci, qui est contre un Procureur [Mélanges, p. 195] :
Du Pin, ce Procureur usant
d’une cautelle,
Et voulant de ses faits par nous être admiré,
Dit qu’il est Procureur, et qu’ainsi on
l’appelle,
Et qu’il a pour plusieurs maintes fois
procuré.
Mais Dieu qui le croira ? non pas moi : car je vois
Qu’il parle pour un autre, et procure pour soi.
L’abbé GOUJET,
Bibliothèque française,
ou Histoire de la
Littérature
française,
tome XIV, 1752, pp. 318-320
[Gallica, NUMM-50657, PDF_321_323].
En ligne le 28/08/07.
Dernière révision le 08/01/24.