Pierre de CORNU
(1558-1622)
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L’abbé  GOUJET, 1752.
 

PIERRE DE CORNU.

Ce n’est que par con­jec­ture que j’ai ren­voyé à la même année 1623 Pierre de Cornu, Poète Fran­çais, né à Gre­noble, ou aux envi­rons. Guy Allard, qui en parle dans sa Biblio­thèque de Dau­phi­né, im­pri­mée en 1680 fait entendre qu’il était mort depuis long­temps ; mais il ne dit point en quelle année. Cornu, qui a fait paraître ses Poé­sies en 1583 dit qu’il était fort jeune alors. Il fut revê­tu depuis d’une charge de Conseil­ler au Par­le­ment de Gre­noble : et Allard dit, qu’après l’avoir exer­cée quelque temps, il fit un recueil des Arrêts de ce Parle­ment, qui est demeu­ré manus­crit. Tout cela sup­pose, ce semble, que Pierre de Cornu a vécu au moins jusqu’après les pre­mières années du dix-septième siècle.

Ses Œuvres poé­tiques parurent à Lyon in-8°. Elles contiennent deux livres de ses Amours ; le pre­mier en cent-huit Son­nets, le second en quarante-six ; l’un et l’autre mê­lé de Chan­sons, de petites Odes, de quelques Élé­gies et autres Poé­sies : quatre Éclogues : quelques Son­nets sur di­vers su­jets, plu­sieurs Épi­grammes, Énigmes, Mas­ca­rades, & Épi­taphes ; une Ode Chrétienne, en forme de Prière à Dieu, que l’Auteur com­po­sa ayant la fièvre ; et des Stances, où il fait à Dieu l’aveu géné­ral des fautes qu’il avait com­mises, et des folles pas­sions qu’il avait sui­vies. Il y té­moigne un vif repen­tir des éga­re­ments de sa jeu­nesse : je souhaite qu’il ait été sin­cère. Ses Poé­sies amou­reuses, toutes com­po­sées pour la Demoi­selle Lau­ri­ni, Avi­gnon­naise, sont rem­plies d’obs­cé­ni­tés si gros­sières, qu’il a sûre­ment dû en avoir honte, dès qu’il a com­men­cé à pen­ser un peu sérieu­se­ment. Il célèbre dans ses Mélanges quelques-uns de ses amis, tels que Gabriel de Lers, et Claude Expilly. Ce dernier est très connu, et je vous en par­le­rai en son temps. Ses Épi­taphes n’apprennent rien ; non pas même, celle de Cathe­rine Jabbé, sa mère : il y a quelque natu­rel dans ses Épi­grammes, mais trop de jeux de mots. Jugez-en par celle-ci, qui est contre un Pro­cu­reur [Mélanges, p. 195] :

Du Pin, ce Procu­reur usant d’une cautelle,
Et voulant de ses faits par nous être admiré,
Dit qu’il est Procu­reur, et qu’ainsi on l’appelle,
Et qu’il a pour plusieurs maintes fois procu­ré.
Mais Dieu qui le croira ? non pas moi : car je vois
Qu’il parle pour un autre, et procure pour soi.

L’abbé GOUJET,
Biblio­thèque fran­çaise,
ou His­toire de la Litté­ra­ture fran­çaise,
tome XIV, 1752, pp. 318-320
[Gallica, NUMM-50657, PDF_321_323].


En ligne le 28/08/07.
Dernière révision le 08/01/24.