QUand
au premier la Dame
que j’adore,
De ces beautés
vint embellir les cieux,
Le fils de
Rhée appela tous les Dieux,
Pour faire encor d’elle une autre Pandore.
Lors Apollin
richement la décore,
Or, de ses rais
lui façonnant les yeux,
Or, lui donnant son chant
mélodieux,
Or, son oracle
et ses beaux
vers
encore.
Mars lui
donna sa fière
cruauté,
Vénus
son ris,
Dione
sa beauté,
Pithon
sa voix,
Cérès
son abondance.
L’Aube ses doigts
et ses crins
déliés,
Amour
son arc,
Thétis
donna ses pieds,
Clion sa gloire,
et Pallas
sa prudence.
Quand au premier.) Il dit, que quand sa dame vint au monde, tous les dieux, d’un commun accord, lui donnèrent tout ce qu’un chacun d’eux avait de singulier. Le fils de Rhée.) Jupiter fils de Saturne, et de Rhée, autrement nommée Cybèle. Pour faire encor d’elle une autre Pandore.) Après que Prométhée, comme j’ai déjà dit eut dérobé le feu du ciel, Jupiter, pour se venger des hommes, donna charge à Vulcain, qu’il fît de terre une statue de femme la plus belle qu’il pourrait, et qu’il l’animât : ce qui fut fait. Après qu’elle fut animée, par commandement de Jupiter, un chacun des dieux lui donna ce qu’il avait de plus excellent. Comme Vénus la beauté, Pallas la sagesse, Mercure l’éloquence : et les autres dieux de même. Or en ce temps-là les hommes vivaient sans peine, et sans souci : d’autant que la terre, sans être labourée, leur produisait toutes choses nécessaires à vivre. Jamais n’étaient malades : jamais n’envieillissaient. Mais Jupiter mit à Pandore (ainsi se nommait cette femme, pour la cause que je dirai après) un vase en main, dans lequel étaient encloses les maladies, la vieillesse, les soucis, et telles autres malheurtés : puis l’envoya vers un frère à Prométhée, qui se nommait Épiméthée, homme de peu de sens : lequel (combien que son frère l’avait bien averti de ne recevoir aucun présent, qui vînt de Jupiter) toutefois se laissa par elle abuser et la reçut. Étant reçue, elle ouvrit son vase, et remplit tout le monde des drogues, que j’ai ci-dessus nommées. Hésiode le raconte au livre nommé, Les œuvres et les jours. La raison de son nom est telle : Pan en Grec signifie, tout : et doron est à dire un don, ou présent. Elle fut donc nommée Pandore, parce que chacun des dieux lui fit un présent. Hésiode,
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ὀνόμηνε
δὲ τήνδε
γυναῖκα
Πανδώρην,
ὅτι
πάντες
᾿Ολύμπια
δώματ'
ἔχοντες
δῶρον
ἐδώρησαν,
πῆμ'
ἀνδράσιν
ἀλφηστῇσιν.
Lors
Apollin.) Ainsi disaient les vieux Français,
non pas, comme nous disons aujourd’hui, Apollon.
Or son oracle.) La
puissance de prédire les choses futures. Il regarde
à cette ancienne Cassandre, qui, comme j’ai dit,
fut prophète.
Vénus son ris.)
Vénus est appelée par Horace, la riante,
Siue tu mauis Erycina ridens.
Hésiode l’appelle
φιλομειδης,
c’est-à-dire aime-ris : combien
qu’aucuns baillent une autre exposition à ce nom,
laquelle est moins honnête que
vraisemblable.
Dione sa beauté.)
Dione, selon Homère au cinquième de
l’Iliade, est mère à
Vénus. Hésiode en la Théogonie,
la nombre entre les Nymphes de l’Océan.
Pithon sa voix.) Pithon
est déesse d’éloquence, ou de
persuasion, nommée par les Latins Suada,
ou Suadela.
Cérès son
abondance.) Ses richesses. Hésiode sur
la fin de la Théogonie raconte,
que Plutus dieu des richesses fut engendré de
Cérès, et d’un nommé Jasion.
L’Aube ses doigts, et ses
crins déliés.)
L’Aube, qu’on nomme autrement Aurore, est
louée d’avoir beaux doigts, et beaux crins par les
Poètes, qui la nomment ore
ροδοδακτυλος,
ores
ευπλόκαμος.
Thétis donna ses pieds.)
Elle est appelée en Homère, la déesse
aux pieds d’argent.
Clion sa gloire.) Clion
est une des Muses, de laquelle le nom est dérivé
de la gloire, qui se nomme en Grec
κλἐος.
Et Pallas sa prudence.)
Pallas, autrement nommée Minerve, déesse de
sagesse.
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[texte modernisé]
[R]
En ligne le 17/06/11.
Dernière révision le 24/02/13.