Turcs. Mahométains ou mahométistes, infidèles, sarrasins, chiches, mécréants, circoncis, vilains, impitoyables, mauvais, puissants, guerriers, superstitieux, ottomanistes, chiens, barbares, menaçants, cruels, audacieux, francs-archers, méchants, horribles, ennemis des chrétiens, rigoureux, adroits, vites, politiques, hasardeux.
Les Turcs, entre lesquels ce mot est odieux, sont sortis des Parthes et de la province nommée Turquestan, dite anciennement Arie. Ils tiennent la religion (si on la doit ainsi nommer) dont leur endiablé Mahomet les a ensorcelés, suivant laquelle il leur est licite d’avoir plusieurs femmes, et tant de concubines qu’ils en peuvent nourrir. Toutefois les enfants des unes et des autres succèdent également au bien du père, sauf que deux femelles n’emportent non plus qu’un mâle : lequel étant parvenu à l’âge de sept ou huit ans, est circoncis solennellement en la maison de ses parents. Ils n’usent point de vin : mais ne font difficulté de manger des raisins, et boire du moût. Davantage ils s’abstiennent de porc et de la chair de tout animant suffoqué, jeûnant aussi tous les ans cinq semaines durant, sans que le jour ils mangent ni boivent ni se mêlent avec leurs femmes : mais dès le soleil couché jusqu’au lendemain matin ils s’en acquittent à leur aise, ne s’asseyant jamais qu’à terre, soit pour boire ou pour manger, ou bien en leurs Mosquées et autres lieux, ainsi que nous voyons par deçà les couturiers en faisant leur besogne. Entre tous les hommes de ce monde ils observent mieux la discipline militaire, et usent en leurs autres affaires de grande police, punissant rigoureusement les forfaits : mais ils sont fort avares et superstitieux. Au surplus Mahomet leur a bâti un enfer, et fait plusieurs paradis après cette vie, lieux de délices et volupté, auxquels il dit que les femmes ne vont point, tout ainsi qu’elles n’entrent aux Mosquées, pource qu’elles ne sont circoncises. [dans la marge : Belon en ses Observations, livre 3, chap. 16.]
Maurice de LA PORTE, Les
Épithètes, 1571,
f° 269v° [Gallica, NUMM-50715, PDF_545]
(texte modernisé).
[Bleu turquin. Azur.]
[Turquin /-ine. Écarlate flèche, tapis ou tapisserie.]
[Turquine, c.-à-d. azurée. Couleur.]
[Turquois /-oise. Arc, écarlate, flèche, pierre ou pierrerie, pourpre, verdure.]
[Voir aussi Babylone, Grèce, Jérusalem, ainsi que Allemands, Anglais, Arabes, Écossais, Espagnols, Éthiopiens, Florentins, Français, Mores, Napolitains, Siciliens, Suisses, Vénitiens et Grecs, Numides ou Nomades, Parthes, Romains, Scythes, Thraces.]
Avertissement
Catalogue de lieux communs, quand bien même recueillis chez les poètes et « plusieurs savants personnages », le recueil des Épithètes de Maurice de La Porte n’échappe évidemment pas aux stéréotypes qu’on dira aujourd’hui nourris des peurs, fantasmes, ignorances et préjugés propres aux francophones catholiques mâles à la peau blanche de 1571, chez qui l’auteur a puisé et auxquels ils étaient destinés. On les publie sans vouloir rien en omettre, à titre de documents susceptibles de révéler la langue et la pensée d’une époque, en songeant aussi qu’ils peuvent indiquer pour notre époque les dangers du recours irréfléchi, automatique, aux ressources de la langue.
Turcs. Mahumetains ou mahumetistes, infideles, sarrazins, chiches, mescreans, circoncis, vilains, impitoiables, mauuais, puissans, guerriers, superstitieus, othomanistes, chiens, barbares, menaçans, cruels, audacieus, francs-archers, meschans, horribles, ennemis des chrestiens, rigoureus, adroits, vistes, politiques, hasardeus.
Les Turcs, entre lesquels ce mot est odieus, sont sortis des Parthes & de la prouince nommee Turquestan, ditte anciennement Arie. Ils tiennent la religion (si on la doit ainsi nommer) dont leur endiablé Mahommet les a ensorcelez, suiuant laquelle il leur est licite d’auoir plusieurs femmes, & tant de concubines qu’ils en peuuent nourrir. Toutesfois les enfants des vnes & des autres succedent egalement au bien du pere, sauf que deux femelles n’emportent non plus qu’vn mâle: lequel estant paruenu à l’aage de sept ou huit ans, est circoncis solennellement en la maison de ses parens. Ils n’vsent point de vin: mais ne font difficulté de manger des raisins, & boire du moust. Dauantage ils s’abstiennent de porc & de la chair de tout animant suffoqué, ieusnans aussi tous les ans cinq sepmaines durant, sans que le iour ils mangent ni boiuent ni se meslent auec leurs femmes: mais dés le soleil couché iusques au lendemain matin ils s’en acquitent à leur aise, ne s’asseans iamais qu’a terre, soit pour boire ou pour manger, ou bien en leurs Mosquees & autres lieux, ainsi que nous voions par deça les cousturiers en faisans leur besongne. Entre tous les hommes de ce monde ils obseruent mieux la discipline militaire, & vsent en leurs autres affaires de grande police, punissans rigoureusement les forfaits: mais ils sont fort auares & superstitieus. Au surplus Mahommet leur a basti vn enfer, & fait plusieurs paradis apres ceste vie, lieux de delices & volupté, auxquels il dit que les femmes ne vont point, tout ainsi qu’elles n’entrent aux Mosquees, pource qu’elles ne sont circoncises. [dans la marge : Belon en ses obseruat. liu.3. chap.16.]
Maurice de LA PORTE, Les
Epithetes, 1571,
f° 269v° [Gallica, NUMM-50715, PDF_545]
(texte original).
[Bleu turquin. Azur.]
[Turquin /-ine. Escarlate fleche, tapis ou tapisserie.]
[Turquine, I. azuree. Couleur.]
[Turquois /-oise. Arc, escarlate, fleche, pierre ou pierrerie, pourpre, verdure.]
[Voir aussi Babylone, Grece, Hierusalem, ainsi que Æthiopiens, Alemans, Anglois, Arabes, Escossois, Espagnols, Florentins, François, Mores, Napolitains, Siciliens, Suisses, Venitiens et Grecs, Numides ou Nomades, Parthes, Romains, Scythes, Thraces.]