Un
chaste
feu
qui les
cœurs
illumine,
Un or
frisé
de maint
crêpe
annelet,
Un front
de rose,
un teint
damoiselet,
Un ris
qui l’ame
aux astres
achemine :
Une
vertu
de telles grâces
digne,
Un col
de neige,
une gorge
de lait,
Un cœur
jà
mûr
dans un sein
verdelet,
En dame
humaine
une beauté
divine :
Un
œil
puissant de faire jours
les nuits,
Une main
forte à piller les
ennuis,
Qui tient ma vie
en ses doigts
enfermée :
Avec un
chant
offensé doucement
Ore d’un ris,
or d’un gémissement :
De tels sorciers
ma raison
fut charmée.
Un chaste feu.) Il raconte les beautés et bonnes grâces de sa dame, et dit que ce sont les sorciers, par lesquels son entendement fut charmé. Je ne craindrai point, pour le contentement des lecteurs, de mettre ici un Sonnet de Pétrarque, duquel cettui-ci est presque tout traduit.
Gratie ch’a pochi’l
ciel largo destina,
Rara virtu, non gia d’humana gente,
Sotto biondi capei canuta mente,
E’n humil donna alta belta diuina:
Leggiadria singulare e pellegrina,
E’l cantar, che ne l’anima si sente,
L’andar celeste, e’l vago spirto ardente,
Ch’ogni dur rompe, & ogni altezza inchina,
E que begli occhi, ch’i cor
fanno smalti,
Possenti a rischiarar abisso e notti,
E torre l’alme a corpi, e darle altrui,
Col dir pien d’intelletti
dolci & alti,
Con i sospir soauemente rotti,
Da questi magi transformato fui.
Un or. Une chevelure. Un ris qui l’âme. Les gentils esprits, par la beauté des choses inférieures, sont émus à contempler et imaginer la beauté des choses célestes et divines. Ainsi dit-il, que le ris de sa dame, achemine aux astres l’âme de ceux qui la regardent. De même a dit Pétrarque,
Gentil mia donna veggio
Nel muouer de vostr’occhi vn dolce lume,
Che mi mostra la via qu’al ciel conduce.
Avec
un chant offensé.
Interrompu. Il veut dire que Cassandre en
chantant, parfois riait, parfois
gémissait, ce qui ajoutait encore plus de
grâce à son chant.
____
[texte modernisé]
[R]
En ligne le
14/11/15.
Dernière révision le 28/10/20.