Pierre de RONSARD (1524-1585)
Paris, veuve Maurice de La Porte, 1553.

QUe tout partout dorénavant se mue :
Soit désormais Amour soûlé de pleurs,
Des chênes durs puissent naître les fleurs,
Au choc des vents l’eau ne soit plus émue,

Du cœur des rocs le miel dégoutte et sue,
Soient du printemps semblables les couleurs,
L’été soit froid, l’hiver plein de chaleurs,
De foi la terre en tous endroits soit nue :

Tout soit changé, puisque le nœud si fort
Qui m’étreignait, et que la seule mort
Devait couper, ma Dame veut défaire.

Pourquoi d’Amour méprises-tu la loi ?
Pourquoi fais-tu ce qui ne se peut faire ?
Pourquoi romps-tu si faussement ta foi ?

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de Muret

Que tout partout.) Il désire, que toutes choses impos­sibles, et contre nature se fassent : parce que quelqu’une lui a rompu la foi, ce qu’aupa­ravant, il eût estimé du tout impos­sible. Il est certain, que ce Sonnet n’appartient en rien à Cassandre. Soit désormais Amour soûlé de pleurs.) Ce que Virgile dit être impos­sible.

Nec lacrymis crudelis Amor, nec gramina riuis,
Nec cythiso saturantur apes, nec fronde capellæ.

[« L’Amour cruel ne se rassasie pas de larmes, pas plus que les prés d’eau, / les abeilles de cythise, les chèvres de feuillage. », Bucoliques, X, 29-30.]

Une sentence semblable à celle de ce sonnet est dans Virgile, en l’Églogue huitième.

Nunc et oues ultro fugiat lupus, aurea duræ
Mala ferant quercus, Narcisso floreat alnus.

[« Que désormais le loup fuie les brebis, les chênes durs portent des pommes d’or, le narcisse fleurisse sur l’aulne. », Bucoliques, VIII, 52-53.]

Et ce qui suit après.
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[texte modernisé]
[R]

 
 

En ligne le 18/12/11.
Dernière révision le 18/12/11.