[…]
Pensons vn peu comm’ elle estoit
rauie
De voir ainsi la fontaine
de vie
Si doucement distiller en son
cœur
Vne si
saincte
&
suaue
liqueur:
Et comme alors elle estoit attentiue
A recueillir cest
eau
coulante
& viue,
Et contempler le visage
si beau
De ce
beau
corps
reuenu du tombeau.
Autant de
traitz
que decoche sa
face,
Luy font autant de traitz
d’or
& de grace,
Chasque rayon,
chascun de ses regards
Luy font autant de brandons
& de dards.
Là son
amant
ne tenoit plus voilée
Ny sa beauté,
ny sa face
estoilée,
Là son poil
d’or
& de
celeste
lin
Flottoit party d’vn
ruisseau
cristalin,
Montant du front,
là ses ondes
meslées
Couroient à bons
sur l’espaule
annelées,
Que la nature
& le ciel
admiroit,
Ou le ciel
mesme estonné se miroit.
Là de son œil
l’esclatante
prunelle
Faisoit briller quelque chose plus belle
Que feu,
qu’esclair,
qu’estoille,
que Soleil
Qui sort des eaux
au point de son resueil.
Ce n’est œillet,
ny rubis
que sa bouche,
Car art
aucun de peinture
ne touche
A ces
beaux
Arcs
d’où coulerent jadis,
Et vont coulant les eaux
de Paradis.
Et bien qu’a peindre
vne
petite
image
Toute la France
à ma main
doiue hommage:
Et que mes traits
hardis
subtils
& flous
Facent Apelle
& Tymanthe
jalous,
Mon pinceau
d’or
qui sur sa main
se jouë,
Reste confus, aussi bien que sa
jouë,
Et qu’à son
teint
de pur
laict
& de sang
Qu’on voit meslé de
vermeil
& de blanc:
Ny mon blanc
d’œuf,
ou mon blanc
de Venise:
Ma laque d’Inde,
ou de Florence
exquise:
Mon Azur
d’Acre & mon
bleu
d’outre-mer
Peuuent son jour,
ny son ombre
animer.
Là mon
art
cede & là ma
main
s’arreste,
Là ceste
amante
attentiue
&
muette
Tombe en extase & voit des
yeux
son Dieu
Qui comme esclair
disparoit de ce lieu.
[…]
[…]
Penſons vn peu comm’ elle eſtoit
rauie
De voir ainſi la fontaine
de vie
Si doucement diſtiller en ſon
cœur
Vne ſi ſaincte
&
ſuaue
liqueur:
Et comme alors elle eſtoit attentiue
A recueillir ceſt
eau
coulante
&
viue,
Et contempler le viſage
ſi beau
De ce
beau
corps
reuenu du tombeau.
Autant de
traitz
que decoche ſa
face,
Luy font autant de traitz
d’or
& de grace,
Chaſque rayon,
chaſcun de ſes regards
Luy font autant de brandons
& de dards.
Là ſon
amant
ne tenoit plus voilée
Ny ſa beauté,
ny ſa face
eſtoilée,
Là ſon poil
d’or
& de
celeſte
lin
Flottoit party d’vn
ruiſſeau
criſtalin,
Montant du front,
là ſes ondes
meſlées
Couroient à bons
ſur l’eſpaule
annelées,
Que la nature
& le ciel
admiroit,
Ou le ciel
meſme eſtonné ſe miroit.
Là de ſon œil
l’eſclatante
prunelle
Faiſoit briller quelque choſe plus belle
Que feu,
qu’eſclair,
qu’eſtoille,
que Soleil
Qui ſort des eaux
au point de ſon reſueil.
Ce n’eſt œillet,
ny rubis
que ſa bouche,
Car art
aucun de peinture
ne touche
A ces
beaux
Arcs
d’où coulerent jadis,
Et vont coulant les eaux
de Paradis.
Et bien qu’a peindre
vne
petite
image
Toute la France
à ma main
doiue hommage:
Et que mes traits
hardis
ſubtils
& flous
Facent Apelle
& Tymanthe
jalous,
Mon pinceau
d’or
qui ſur ſa main
ſe jouë,
Reſte confus, außi
bien que ſa
jouë,
Et qu’à ſon
teint
de pur
laict
& de ſang
Qu’on voit meſlé de
vermeil
& de blanc:
Ny mon blanc
d’œuf,
ou mon blanc
de Veniſe:
Ma laque d’Inde, ou de Florence
exquiſe:
Mon Azur
d’Acre & mon
bleu
d’outre-mer
Peuuent ſon jour,
ny ſon ombre
animer.
Là mon
art
cede & là ma
main
s’arreſte,
Là ceſte
amante
attentiue
&
muette
Tombe en extaſe & voit des
yeux
ſon Dieu
Qui comme eſclair
diſparoit de ce lieu.
[…]
En ligne le
16/06/16.
Dernière révision le 25/02/24.