Philippe de MALDEGHEM (1547-1611)
Tant d’animaux… (Canz., 237)
Douai, François Fabry, 1606.

Tant d’animaux en l’eaue ne produit
La mer, ny tant d’astres oncques de nuit
Au cercle en haut de la Lune se monstrent,
Ny tant d’oiseaux par les bois vont logeants,
Ny d’herbe onc tant eurent contrée ou champs,
Qu’a chaque soir pensers mon coeur rencontrent.

I’espére ormais tousiours le dernier soir,
Qui trenche en moy l’eaue du vif terroir,
Et qui dormir me laisse en quelque place:
Car tant d’ennui sous la Lune homme onc veut
Que moy, cela aux bois scauoir se peut,
Ou iour & nuit se remarque ma trace.

Nuit reposée oncques des lors ie n’eus,
Mais à tout instanttempre & tard ie marchoy souspireux,
Qu’en boisquillon par Amour ie me porte:
Deuant ma paix, sera seche la mer,
Et le Soleil fait par la Lune cler,
Et en Auril par tout toute fleur morte.

De lieu en lieu ie vay me consumant
Pensif du iour, puis a la nuit plaignant,
En mon repos la Lune ie resemble,
Si tost qu’au soir ie voy brunir les cieux,
Souspirs du coeur sortent, l’eaue des yeux
Pour courber bois, & baigner l’herbe ensemble.

Non les citez, mais les bois sont aimez
De mes discours, qui sont desenflammez
De là aux prez, par l’onde murmurante,
Par-mi la nuit douce en silence, ainsi
Que touts les iours le soir i’attends icy,
Que Phœbus place a la Lune presente.

O a l’ami de la Lune en vn bois
Verd endormi si ioint ie me trouuois,
Et ceste qui me fait soir deuant l’heure,
La comparust auec elle & Amour
Seule vne nuit, & qu’en l’eaue le iour
et aussiQuant & Phœbus eut tousiours sa demeure.

Mes vers de nuit, luisant la Lune, faits
Sur la dure onde au mi-lieu des forests,
En riche lieu demain ie vous asseure.

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Tant danimaux en leaue ne produit
La mer, ny tant daſtres oncques de nuit
Au cercle en haut de la Lune ſe monſtrent,
Ny tant doiſeaux par les bois vont logeants,
Ny dherbe onc tant eurent contrée ou champs,
Qua chaque ſoir penſers mon coeur rencontrent.

Ieſpére ormais touſiours le dernier ſoir,
Qui trenche en moy leaue du vif terroir,
Et qui dormir me laiſſe en quelque place:
Car tant dennui ſous la Lune homme onc veut
Que moy, cela aux bois ſcauoir ſe peut,
Ou iour & nuit ſe remarque ma trace.

Nuit repoſée oncques des lors ie neus,
Mais à tout instanttempre & tard ie marchoy ſouſpireux,
Quen boiſquillon par Amour ie me porte:
Deuant ma paix, ſera ſeche la mer,
Et le Soleil fait par la Lune cler,
Et en Auril par tout toute fleur morte.

De lieu en lieu ie vay me conſumant
Penſif du iour, puis a la nuit plaignant,
En mon repos la Lune ie reſemble,
Si toſt quau ſoir ie voy brunir les cieux,
Souſpirs du coeur ſortent, leaue des yeux
Pour courber bois, & baigner lherbe enſemble.

Non les citez, mais les bois ſont aimez
De mes diſcours, qui ſont deſenflammez
De là aux prez, par londe murmurante,
Par-mi la nuit douce en ſilence, ainſi
Que touts les iours le ſoir iattends icy,
Que Phœbus place a la Lune preſente.

O a lami de la Lune en vn bois
Verd endormi ſi ioint ie me trouuois,
Et ceſte qui me fait ſoir deuant lheure,
La comparuſt auec elle & Amour
Seule vne nuit, & quen leaue le iour
et aussiQuant & Phœbus eut touſiours ſa demeure.

Mes vers de nuit, luiſant la Lune, faits
Sur la dure onde au mi-lieu des foreſts,
En riche lieu demain ie vous aſſeure.

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En ligne le 08/05/07.
Dernière révision le 26/06/25.