[…]
Audelà
les confins du
Thracien
Boree,
Où toute heureuse vit la gent
hyperboree,
Entre deux
monts
iumeaux
rondement blanchissans,
Mais commençans ensemble, ensemble finissans,
A
l’albastre
de qui la nege
porte enuie
Au dessoubs d’vne
mer
blanchissament vnie,
Ou si c’est vne
pleine,
vne pleine
de laict
S’esleue mollement vn
petit
moncelet
Sur la cyme
du quel l’estroict d’vne
antre
s’ouure,
Que l’ombrage
venant des deux montagnes
couure.
Ce Tertre
escartelé dure en toute
saison
Mignonnement
touffu
d’vn
verdoyant
gazon
Fleury
de cent couleurs,
espes
d’herbe
menuë,
Renaissante
plus dru,
plus elle est
retonduë
De pasquerette
blanche,
& de iaune
soucy,
De cornue
ancholie, & de
pensée
aussi,
De muguet a la
fleur
ensemble iaune
&
pale,
Et de tant d’autres
fleurs
que Nature
y estale.
Le ver
Assirien
n’a le
fil de soiele brin si
subtil,
Que l’herbe
foisonnante en ce tertre
fertil.
La chaleur
de l’esté
iamais ne l’a fanie:
La froideur
de l’hyuer
iamais ne l’a ternie:
L’autun
n’y a soufflé, ny le
ciel
courroucé
Effroyable
n’y a iamais son
feu
lancé.
Philomene
tousiours son Itis
y souspire:
Et tousiours s’y esgaye vn
gracieux
zephyre:
Des douceurs,
Iupiter
raui d’vn lieu si
beau,
Ore en semblance
d’homme,
ore en guyse
d’oyseau,
Souuent en masque
y vient, & beste
ayme mieux estre
Que Dieu pour visiter ce
Paradis
terrestre.
Et ce lieu luy plaist tant qu’il se transforme encor,
Pour venir l’arroser, en
belles
gouttes
d’or.
I’ay veu, i’ay veu souuent sa
main
leuée
& preste
A elancer son
traict,
guignant l’inique
teste:
Il n’eut si tost son
œil
vers ce vallée
délicieuse consacrée à Apollon
près du mont OlympeTempé
tourné,
Qu’il defronce son
front,
son bras
n’a plus tonné.
Et à fin que tousiours à l’arroser on
prenne la
peinepene,
Il l’a commis en garde au
dieu de
Lampsacene,
Qui
roide
& fort
s’employe à le bien cultiuer
Le iour
comme la nuict,
l’esté
comme l’yuer.
[…]
Mais, ô Dieu qu’est-ce cy! ah qu’est-ce
que ie sens?
Qui rauiseur
m’enleue & desrobbe à mes
sens?
[…]
C’est c’est ie ne sçay quoy,
c’est vne ioye
extreme
Qui m’affolle & chatouille & rauist en
moymesme.
Si n’aperçoy-ie rien,
fantome
que veux-tu?
Ah! ie sens bien que c’est, vne estrange
vertu,
Vn ensorcelement qui part de ceste
roche,
Attirant doux celuy qui doucement s’aproche
De ce mont
Iumelet:
ainsi qui nage en
l’eau
De la font
fontaine
où la nymphe Salmacis s’unissant à
Hermaphrodite devint avec lui un être des deux sexesSalmacide
eprouue son
cerueau
Hautain
s’alliener, & tandis qu’il se
pasme
Et son corps ?hidre
& sa voix
changer en homme-femme.
Aussi quiconque touche ou voit ce
petit
mont,
Gros,
touffu,
rebondy,
long,
estroictement
rond,
D’inuisibles
liens,
sans voir, se sent estreindre
Et de donner dedans sans
contrainte
contraindre.
[…]
[…]
Audelà les confins du
Thracien
Boree,
Où toute heureuſe vit la gent hyperboree,
Entre deux monts
iumeaux
rondement blanchiſſans,
Mais commençans enſemble,
enſemble finiſſans,
A l’albaſtre
de qui la nege
porte enuie
Au deſſoubs d’vne
mer
blanchiſſament vnie,
Ou ſi c’eſt vne
pleine, vne
pleine
de laict
S’eſleue
mollement vn
petit
moncelet
Sur la cyme
du quel l’eſtroict
d’vne
antre
s’ouure,
Que l’ombrage
venant des deux montagnes
couure.
Ce Tertre
eſcartelé dure en toute
ſaiſon
Mignonnement
touffu
d’vn
verdoyant
gazon
Fleury
de cent couleurs,
eſpes
d’herbe
menuë,
Renaiſſante
plus dru, plus elle eſt
retonduë
De paſquerette
blanche, & de iaune
ſoucy,
De cornue
ancholie, & de
penſée
auſſi,
De muguet a la fleur
enſemble
iaune
&
pale,
Et de tant d’autres
fleurs
que Nature
y eſtale.
Le ver
Aſſirien
n’a
le
fil de soiele brin ſi ſubtil,
Que l’herbe
foiſonnante en ce tertre
fertil.
La chaleur
de l’eſté
iamais ne l’a
fanie:
La froideur
de l’hyuer
iamais ne l’a
ternie:
L’autun
n’y a
ſoufflé, ny le
ciel
courroucé
Effroyable
n’y a iamais ſon
feu
lancé.
Philomene
touſiours ſon Itis
y ſouſpire:
Et touſiours s’y
eſgaye vn
gracieux
zephyre:
Des douceurs,
Iupiter
raui d’vn lieu ſi
beau,
Ore en ſemblance
d’homme,
ore en guyſe d’oyſeau,
Souuent en maſque
y vient, &
beſte
ayme mieux eſtre
Que Dieu pour viſiter ce
Paradis
terreſtre.
Et ce lieu luy plaiſt tant qu’il
ſe transforme encor,
Pour venir l’arroſer, en
belles
gouttes
d’or.
I’ay
veu, i’ay
veu ſouuent ſa main
leuée
& preſte
A elancer ſon
traict,
guignant l’inique
teſte:
Il n’eut ſi
toſt ſon
œil
vers ce vallée
délicieuse consacrée à Apollon
près du mont OlympeTempé
tourné,
Qu’il
defronce ſon
front, ſon
bras
n’a plus
tonné.
Et à fin que touſiours à l’arroſer
on prenne
la peinepene,
Il l’a commis en
garde au dieu
de Lampſacene,
Qui
roide
& fort
s’employe
à le bien cultiuer
Le iour
comme la nuict, l’eſté
comme l’yuer.
[…]
Mais, ô Dieu
qu’eſt-ce cy! ah
qu’eſt-ce
que ie ſens?
Qui rauiſeur
m’enleue
& deſrobbe à mes ſens?
[…]
C’eſt
c’eſt ie ne
ſçay
quoy, c’eſt
vne ioye
extreme
Qui m’affolle
& chatouille & rauiſt en moymeſme.
Si n’aperçoy-ie
rien,
fantome
que veux-tu?
Ah! ie ſens bien que c’eſt, vne eſtrange
vertu,
Vn enſorcelement qui part de ceſte
roche,
Attirant doux celuy qui doucement s’aproche
De ce mont
Iumelet:
ainſi qui nage en l’eau
De la font
fontaine
où la nymphe Salmacis s’unissant
à Hermaphrodite devint avec lui un être des deux
sexesSalmacide eprouue ſon
cerueau
Hautain
s’alliener, & tandis
qu’il ſe paſme
Et ſon corps ?hidre
& ſa voix
changer en homme-femme.
Auſſi quiconque touche ou voit ce
petit
mont,
Gros,
touffu,
rebondy,
long, eſtroictement
rond,
D’inuiſibles
liens, ſans voir,
ſe ſent eſtreindre
Et de donner dedans ſans
contrainte
contraindre.
[…]
En ligne le
27/11/24.
Dernière révision le 27/11/24.