René BRETONNAYAU
(?-?)
Dernier poème en ligne :
1583 : J’aurais plus tôt les eaux…
 
Ouvrir sur Gallica :
1 sonnet et 1 extrait de poème didactique :


 


L’abbé GOUJET, 1752.
 

RENÉ BRETONNAYAU.

René Breton­nayau, que Du Ver­dier appelle, je ne sais pour­quoi, Bre­ton­niau, trai­ta une Phi­lo­so­phie plus utile et mieux fo­ndée que celle qui occu­pa Nuy­se­ment[1]. Mé­de­cin habile et dis­tin­gué dans sa pro­fes­sion, qu’il exer­ça, moins à Ver­nantes en An­jou, lieu de sa nais­sance, qu’à Loches en Tou­raine, où il a passé une grande par­tie de sa vie, il entre­prit aus­si de lais­ser par écrit des preuves de sa ca­pa­ci­té. Pour les trans­mettre, il choi­sit la poé­sie qu’il ai­mait, et dans la­quelle il n’était pas infé­rieur à beau­coup d’autres ver­si­fi­ca­teurs de son siècle. Ses Médi­ta­tions, fruit de ses érudes et de son expé­rience, devaient pa­raître sous le titre d’Escu­lape Fran­çais ; mais crai­gnant peut-être de trop char­ger le pu­blic, ou n’étant pas sa­tis­fait de tout ce qu’il avait ri­mé, il choi­sit par­mi ses pa­piers ce qu’il crut de plus utile, et qui le conten­tait lui-même davan­tage, et il le fit impri­mer en 1583 in-4°.

Les matières qu’il dis­cute dans ce vo­lume sont impor­tantes ; il s’y agit de la Gé­néra­tion de l’homme et de sa con­cep­tion ; du siège de l’Âme, de sa nais­sance et de ses opéra­tions ; de la fa­brique de l’œil, et de son usage ; de la na­ture du cœur, et de ses affec­tions ; du foie, et des mala­dies qui peuvent l’alté­rer. Il y est ques­tion de ces mala­dies dont le seul nom effraie, la phré­né­sie, la mélan­co­lie, le cal­cul ou la pierre, la goutte, les hé­mor­rhoïdes, et des moyens de les pré­ve­nir, ou de les gué­rir quand on en est atta­qué.

Dans chaque dis­cours, Bre­ton­nayau traite sa ma­tière en ana­to­miste, en phy­si­cien et en mé­de­cin. Mais il ne s’y montre Poète que dans l’usage qu’il fait de la fable, et dans quelques épi­sodes ima­gi­nés pour égayer et orner son su­jet. Ce qu’il dit sur l’âme était com­po­sé depuis sept ans lorqu’il fut sol­li­ci­té de mettre ces di­vers trai­tés au jour ; et comme la ma­tière qu’il tâche de déve­lop­per dans ce dis­cours sur l’Âme, est la plus noble, il crut de­voir l’adres­ser à M. le Duc d’An­jou. Les autres trai­tés ont aus­si leur dédi­cace : cha­cune con­siste dans un Son­net que notre Poète Mé­de­cin adresse à quel­qu’un de ses amis, ou à quelque per­sonne dis­tin­guée par son rang ou par sa nais­sance.

Je ne sais quelle estime les Mé­de­cins de son temps ont fait de son ou­vrage ; mais je ne puis approu­ver l’Au­teur d’avoir expo­sé en langue vul­gaire ce qui con­cerne la géné­ra­tion, la con­cep­tion et l’en­fan­te­ment de l’homme : les dé­tails dans les­quels il entre sur cela, étaient plus propres à sa­lir l’ima­gi­na­tion de ses lec­teurs, qu’à éclai­rer les Méde­cins qui n’avaient au­cun be­soin de ses vers pour en être ins­truits. […]

L’abbé GOUJET,
Biblio­thèque française,
ou Histoire de la Litté­ra­ture française,
tome XIII, 1752, pp. 207-209
[Gallica, NUMM-50656, PDF_233_235].


________

Notes

[1] La « vie » de Breton­nayau suc­cède, dans la Biblio­thèque de l’abbé Goujet, à celle de Clo­vis Hes­teau, sieur de Nuy­se­ment.



 
 
 

En ligne le 08/01/24.
Dernière révision le 12/03/24.