La Colique
La Cosmotique
RENÉ BRETONNAYAU.
René Bretonnayau, que Du Verdier appelle, je ne sais pourquoi, Bretonniau, traita une Philosophie plus utile et mieux fondée que celle qui occupa Nuysement [1]. Médecin habile et distingué dans sa profession, qu’il exerça, moins à Vernantes en Anjou, lieu de sa naissance, qu’à Loches en Touraine, où il a passé une grande partie de sa vie, il entreprit aussi de laisser par écrit des preuves de sa capacité. Pour les transmettre, il choisit la poésie qu’il aimait, et dans laquelle il n’était pas inférieur à beaucoup d’autres versificateurs de son siècle. Ses Méditations, fruit de ses érudes et de son expérience, devaient paraître sous le titre d’Esculape Français ; mais craignant peut-être de trop charger le public, ou n’étant pas satisfait de tout ce qu’il avait rimé, il choisit parmi ses papiers ce qu’il crut de plus utile, et qui le contentait lui-même davantage, et il le fit imprimer en 1583 in-4°.
Les matières qu’il discute dans ce volume sont importantes ; il s’y agit de la Génération de l’homme et de sa conception ; du siège de l’Âme, de sa naissance et de ses opérations ; de la fabrique de l’œil, et de son usage ; de la nature du cœur, et de ses affections ; du foie, et des maladies qui peuvent l’altérer. Il y est question de ces maladies dont le seul nom effraie, la phrénésie, la mélancolie, le calcul ou la pierre, la goutte, les hémorrhoïdes, et des moyens de les prévenir, ou de les guérir quand on en est attaqué.
Dans chaque discours, Bretonnayau traite sa matière en anatomiste, en physicien et en médecin. Mais il ne s’y montre Poète que dans l’usage qu’il fait de la fable, et dans quelques épisodes imaginés pour égayer et orner son sujet. Ce qu’il dit sur l’âme était composé depuis sept ans lorqu’il fut sollicité de mettre ces divers traités au jour ; et comme la matière qu’il tâche de développer dans ce discours sur l’Âme, est la plus noble, il crut devoir l’adresser à M. le Duc d’Anjou. Les autres traités ont aussi leur dédicace : chacune consiste dans un Sonnet que notre Poète Médecin adresse à quelqu’un de ses amis, ou à quelque personne distinguée par son rang ou par sa naissance.
Je ne sais quelle estime les Médecins de son temps ont fait de son ouvrage ; mais je ne puis approuver l’Auteur d’avoir exposé en langue vulgaire ce qui concerne la génération, la conception et l’enfantement de l’homme : les détails dans lesquels il entre sur cela, étaient plus propres à salir l’imagination de ses lecteurs, qu’à éclairer les Médecins qui n’avaient aucun besoin de ses vers pour en être instruits. […]
L’abbé GOUJET,
Bibliothèque française,
ou Histoire de la Littérature
française,
tome XIII, 1752, pp. 207-209
[Gallica, NUMM-50656, PDF_233_235].
Notes
[1] La « vie » de Bretonnayau succède, dans la Bibliothèque de l’abbé Goujet, à celle de Clovis Hesteau, sieur de Nuysement.
En ligne le 08/01/24.
Dernière révision le 12/03/24.