Benedetto sia’l
giorno,
e’l
mese, e
l’anno,
E la stagione,
e’l
tempo, e
l’hora,
e’l
punto,
E’l bel
paese,
e’l
loco,
ov’io fui giunto
Da duo begliocchi, che
legato m’hanno :
E benedetto il primo dolce
affanno,
Ch’i hebbi ad
esser con Amor congiunto,
E l’arco, e le
saette,
ond’i fui
punto,
E le piaghe,
che’n fin al cor
mi vanno.
Benedette le voci
tante,
ch’io
Chiamando il nome di mia donna hò sparte,
E i sospiri, e le
lagrime,
e’l
desio :
E benedette sian tutte le
charte,
Ov’io fama
l’acquisto :
e’l
pensier mio,
Ch’é
sol di lei,
si, ch’altra
non v’hà
parte.
Bienheureux
soit le jour, le
mois,
l’année,
Et la
saison, le
temps, le
point, et
l’heure,
Le beau
pays, le
lieu,
et la demeure,
Où deux beaux
yeux m’ont
l’atteinte
donnée.
Et
bienheureuse est ma peine ordonnée
Par le désir
d’une joye mal
sûre,
Bienheureux soit
l’arc, les traits,
la blessure,
Et bienheureuse en soit ma
destinée.
Bienheureux
soient tous les pensers et dits,
Soupirs,
désirs,
et larmes amoureuses,
Qu’oncques
au nom de ma dame rendis.
Et
soient encor les cartes bienheureuses,
Où lui acquiers
renom, et ma
pensée,
Qui d’elle
seule a pu être blessée.
Ô
Prison douce,
où captif je demeure
Non par
dédain,
force, ou
inimitié,
Mais par les yeux de ma
douce Moitié
Qui m’y
tiendra jusqu’à
tant que je meure.
Ô
l’An
heureux, le
Mois,
le Jour,
et l’Heure,
Que mon cœur fut
avec elle allié !
Ô
l’heureux
nœud,
par qui j’y fus
lié
Bien que souvent je
plains,
soupire, et
pleure !
Tous
prisonniers, vous
êtes en souci,
Craignant la
Loi,
et le Juge
sévère
Moi plus
heureux, je ne suis pas
ainsi.
Mille
doux mots, doucement
exprimés,
Mil doux
baisers, doucement
imprimés,
Sont les
tourments,
où ma foi persévère.
Heureux le mois,
heureuse la journée,
Heureuse l’heure,
et heureux le moment,
Heureux le siècle,
heureux le firmament,
Sous qui ma Dame heureusement fut née.
Heureuse soit l’heureuse
destinée,
De l’astre
heureux, lequel heureusement
Faisait ce jour son heureux mouvement,
Sur toute étoile en bon aspect tournée.
Heureux ce monde auquel elle
séjourne,
Et le Soleil, qui autour
d’elle
tourne,
En s’éclipsant
à l’objet
de sa vue.
Moi malheureux en mon
affection,
Qui n’éjouis
ma triste passion,
La connaissant de si grand heur pourvue.
Bénites soient les
Octobrales Ides,
Où je gagnai ma vie par ma mort :
Bénite soit la beauté qui eut tort
En surprenant les sens de raison vides :
Bénites soient les
flèches homicides,
Qui de mon cœur outrepercent le fort :
Béni,
Romans,
Pailleret, où
par sort
Je vis l’honneur
des Nymphes Isarides :
Bénite soit cette plume
pinceau,
L’encre
couleur,
et le papier tableau,
De ma douleur, qui soit
aussi bénie :
Béni soit
l’œil
qui piteux la lira :
Bénite soit la bouche qui dira,
bénite soit
d’amour la tyrannie.
Béni soit
l’an, et le jour et le mois
Et la saison, le
temps,
l’heure, et le
point,
Le beau pays, le lieu
où je fus joint
De deux beaux yeux,
où lié je me vois :
Et béni soit le doux mal que
j’avois,
Lorsque je fus avec amour conjoint,
Et la sagette, et
l’arc dont je fus
point,
Et le coup, que
jusqu’à
cœur je reçois.
Bénies soient tant de voix
épandues,
Par moi, criant
d’Angélique
le nom,
Soupirs,
désirs, et les
larmes perdues.
Et bénis soient tant de
papiers en rime,
Où je lui ai acquis tant de renom :
Et mon penser, qui
d’autre
n’en estime.
Bienheureux
l’an, et jour,
et ces champs solitaires
Qui furent honorés,
quand Madame naquit :
Bienheureux le Château qui ce beau los
acquit,
Bienheureux père,
et mère, et ses
sœurs, et ses
frères.
Bienheureux son
parrain, et ses amis
prospères,
Bienheureux qui premier de sa beauté
s’enquit :
Bienheureuse à son tour la femme qu’on
requit
Pour lui tendre, et
bailler, ses mamelles
laitières.
Bienheureux le séjour
où la Nymphe se plaît,
Bienheureux le mari pour qui jà mûre elle
est,
Bienheureux qui la voit si gentille,
et si belle.
Bienheureux qui
l’accoste, et lui voue sa foi :
Et bienheureux aussi qui l’aime
comme moi,
Moi plus heureux que tous,
si j’étais
aimé d’elle !
BÉni le jour, et le mois, et l’année,
Et le logis,
le temps,
l’heure, et le point,
Le beau pays, la
ville, où je fus
joint
De deux beaux yeux qui m’ont
l’âme
étonnée.
Béni encor la douce
destinée
Que j’endurai
avec amour conjoint :
Et l’arc
tendu,
et le fer, qui
m’époint,
Au fond du cœur d’une
flèche empennée.
Béni la
voix, et
béni les soupirs,
Les doux accents, les
larmes, les
désirs,
Qu’ai en chantant
épandus pour ma dame.
Et béni soit encor tout le
papier
Où j’ai
pour elle usé du saint métier
Qui fera vivre à jamais notre flamme.
HEureux
soit ce jour-là,
et le mois et l’année,
Heureuse la saison, le
temps,
l’heure, et le
point,
Le pays singulier, le lieu
où je fus joint
À deux yeux excellents prisons de ma pensée.
Heureux premier
tourment, quand mon
âme offensée,
Et mon cœur avec elle au vôtre fut
conjoint,
Les sagettes et l’arc
par lesquels je fus point
Et dont fut à jamais ma poitrine
blessée :
Heureuse encore soit celle voix par
laquelle
J’ai
proferé le nom de maîtresse si
belle,
Les pleurs, et les
désirs, et les
soupirs cuisants.
Heureux aussi soient tous mes
écrits de par elle,
Dont j’ai acquis
honneur la rendant immortelle,
Et dont à elle seule j’adresse
mes présents.
QUe béni soit le jour de ma belle naissance,
Bien que j’aye
souvent de l’ennuyeux
malheur,
Que béni soit le jour que j’eus
cette faveur
D’approcher vos
beautés des beautés
l’excellence.
Que béni soit le jour que
j’éloignai
la France,
Pour voir les monts pointus du Tu’-Géant
sans peur,
Que béni soit le jour qu’un
poignard garde-honneur
Me servit empourpré d’une
heureuse défense.
Que tu sois très
bénite, et que
très béni soit
Le peuple au doux regard,
porte-paix,
sauve-droit,
Qui me vit surmonter les orgueilleux gendarmes.
Cher secours
désiré,
advienne après mille ans
Que la postérité renommant les Amants
Bénisse nos ardeurs,
nos soupirs, et nos larmes.
Le jour,
le mois, et
l’an, le temps et la
saison,
Aussi l’heure et
le point soient benoîts et la
place,
Avec le beau pays,
où je reçus l’attache
De deux beaux yeux, qui
m’ont
lié d’un
fort chaînon.
Benoîte la
première et douce passion,
Que j’eus pour
à l’Amour
me joindre, et tant se fasse
Des flèches et de l’arc, dont je sens
l’efficace,
Et des plaies dont va jusqu’au
cœur l’aiguillon.
Benoîtes soient les
voix, que
j’ai par
résonance
Vive, nommant madame
épars en abondance :
Et benoîts les soupirs,
les pleurs, et le
désir.
Et les papiers auxquels
j’ai fait sa
renommée
Vivre, encor soient
benoîts avecque ma pensée,
Qui seule étant à elle en autre
n’a plaisir.
il bénit toutes les circonstances qui accompagnent la naissance de son amour.
Béni soit le jour, et le mois, et l’année, et la saison, et le temps, et l’heure, et l’instant, et le beau pays, et l’endroit où je fus rencontré des deux beaux yeux qui m’ont enchaîné ;
Et béni soit le doux premier tourment que j’éprouvai étant réuni avec Amour, et l’arc et les flèches qui m’ont percé, et les blessures qui vont jusqu’à mon cœur.
Bénies aussi les paroles sans nombre que j’ai proférées en invoquant le nom de ma dame, et les soupirs, les larmes et le désir qui m’ont affligé ;
Bénis soient tous les écrits où je lui acquiers de la gloire, et mon penser qui ne connaît qu’elle seule, si bien que nulle autre n’y a de part.
Bienheureux
soit le jour, le
mois,
l’année,
Et la
saison, le
temps, le
point, et
l’heure,
Le beau
pays, le
lieu,
et la demeure,
Où deux beaux
yeux m’ont
l’atteinte
donnée.
Et
bienheureuse est ma peine ordonnée
Par le désir
d’une joye mal
sûre,
Bienheureux soit
l’arc, les traits,
la blessure,
Et bienheureuse en soit ma
destinée.
Bienheureux
soient tous les pensers et dits,
Soupirs,
désirs,
et larmes amoureuses,
Qu’oncques
au nom de ma dame rendis.
Et
soient encor les cartes bienheureuses,
Où lui acquiers
renom, et ma
pensée,
Qui d’elle
seule a pu être blessée.
Ô
Prison douce,
où captif je demeure
Non par
dédain,
force, ou
inimitié,
Mais par les yeux de ma
douce Moitié
Qui m’y
tiendra jusqu’à
tant que je meure.
Ô
l’An
heureux, le
Mois,
le Jour,
et l’Heure,
Que mon cœur fut
avec elle allié !
Ô
l’heureux
nœud,
par qui j’y fus
lié
Bien que souvent je
plains,
soupire, et
pleure !
Tous
prisonniers, vous
êtes en souci,
Craignant la
Loi,
et le Juge
sévère
Moi plus
heureux, je ne suis pas
ainsi.
Mille
doux mots, doucement
exprimés,
Mil doux
baisers, doucement
imprimés,
Sont les
tourments,
où ma foi persévère.
Heureux le mois,
heureuse la journée,
Heureuse l’heure,
et heureux le moment,
Heureux le siècle,
heureux le firmament,
Sous qui ma Dame heureusement fut née.
Heureuse soit l’heureuse
destinée,
De l’astre
heureux, lequel heureusement
Faisait ce jour son heureux mouvement,
Sur toute étoile en bon aspect tournée.
Heureux ce monde auquel elle
séjourne,
Et le Soleil, qui autour
d’elle
tourne,
En s’éclipsant
à l’objet
de sa vue.
Moi malheureux en mon
affection,
Qui n’éjouis
ma triste passion,
La connaissant de si grand heur pourvue.
Bénites soient les
Octobrales Ides,
Où je gagnai ma vie par ma mort :
Bénite soit la beauté qui eut tort
En surprenant les sens de raison vides :
Bénites soient les
flèches homicides,
Qui de mon cœur outrepercent le fort :
Béni,
Romans,
Pailleret, où
par sort
Je vis l’honneur
des Nymphes Isarides :
Bénite soit cette plume
pinceau,
L’encre
couleur,
et le papier tableau,
De ma douleur, qui soit
aussi bénie :
Béni soit
l’œil
qui piteux la lira :
Bénite soit la bouche qui dira,
bénite soit
d’amour la tyrannie.
Béni soit
l’an, et le jour et le mois
Et la saison, le
temps,
l’heure, et le
point,
Le beau pays, le lieu
où je fus joint
De deux beaux yeux,
où lié je me vois :
Et béni soit le doux mal que
j’avois,
Lorsque je fus avec amour conjoint,
Et la sagette, et
l’arc dont je fus
point,
Et le coup, que
jusqu’à
cœur je reçois.
Bénies soient tant de voix
épandues,
Par moi, criant
d’Angélique
le nom,
Soupirs,
désirs, et les
larmes perdues.
Et bénis soient tant de
papiers en rime,
Où je lui ai acquis tant de renom :
Et mon penser, qui
d’autre
n’en estime.
Bienheureux
l’an, et jour,
et ces champs solitaires
Qui furent honorés,
quand Madame naquit :
Bienheureux le Château qui ce beau los
acquit,
Bienheureux père,
et mère, et ses
sœurs, et ses
frères.
Bienheureux son
parrain, et ses amis
prospères,
Bienheureux qui premier de sa beauté
s’enquit :
Bienheureuse à son tour la femme qu’on
requit
Pour lui tendre, et
bailler, ses mamelles
laitières.
Bienheureux le séjour
où la Nymphe se plaît,
Bienheureux le mari pour qui jà mûre elle
est,
Bienheureux qui la voit si gentille,
et si belle.
Bienheureux qui
l’accoste, et lui voue sa foi :
Et bienheureux aussi qui l’aime
comme moi,
Moi plus heureux que tous,
si j’étais
aimé d’elle !
BÉni le jour, et le mois, et l’année,
Et le logis,
le temps,
l’heure, et le point,
Le beau pays, la
ville, où je fus
joint
De deux beaux yeux qui m’ont
l’âme
étonnée.
Béni encor la douce
destinée
Que j’endurai
avec amour conjoint :
Et l’arc
tendu,
et le fer, qui
m’époint,
Au fond du cœur d’une
flèche empennée.
Béni la
voix, et
béni les soupirs,
Les doux accents, les
larmes, les
désirs,
Qu’ai en chantant
épandus pour ma dame.
Et béni soit encor tout le
papier
Où j’ai
pour elle usé du saint métier
Qui fera vivre à jamais notre flamme.
HEureux
soit ce jour-là,
et le mois et l’année,
Heureuse la saison, le
temps,
l’heure, et le
point,
Le pays singulier, le lieu
où je fus joint
À deux yeux excellents prisons de ma pensée.
Heureux premier
tourment, quand mon
âme offensée,
Et mon cœur avec elle au vôtre fut
conjoint,
Les sagettes et l’arc
par lesquels je fus point
Et dont fut à jamais ma poitrine
blessée :
Heureuse encore soit celle voix par
laquelle
J’ai
proferé le nom de maîtresse si
belle,
Les pleurs, et les
désirs, et les
soupirs cuisants.
Heureux aussi soient tous mes
écrits de par elle,
Dont j’ai acquis
honneur la rendant immortelle,
Et dont à elle seule j’adresse
mes présents.
QUe béni soit le jour de ma belle naissance,
Bien que j’aye
souvent de l’ennuyeux
malheur,
Que béni soit le jour que j’eus
cette faveur
D’approcher vos
beautés des beautés
l’excellence.
Que béni soit le jour que
j’éloignai
la France,
Pour voir les monts pointus du Tu’-Géant
sans peur,
Que béni soit le jour qu’un
poignard garde-honneur
Me servit empourpré d’une
heureuse défense.
Que tu sois très
bénite, et que
très béni soit
Le peuple au doux regard,
porte-paix,
sauve-droit,
Qui me vit surmonter les orgueilleux gendarmes.
Cher secours
désiré,
advienne après mille ans
Que la postérité renommant les Amants
Bénisse nos ardeurs,
nos soupirs, et nos larmes.
Le jour,
le mois, et
l’an, le temps et la
saison,
Aussi l’heure et
le point soient benoîts et la
place,
Avec le beau pays,
où je reçus l’attache
De deux beaux yeux, qui
m’ont
lié d’un
fort chaînon.
Benoîte la
première et douce passion,
Que j’eus pour
à l’Amour
me joindre, et tant se fasse
Des flèches et de l’arc, dont je sens
l’efficace,
Et des plaies dont va jusqu’au
cœur l’aiguillon.
Benoîtes soient les
voix, que
j’ai par
résonance
Vive, nommant madame
épars en abondance :
Et benoîts les soupirs,
les pleurs, et le
désir.
Et les papiers auxquels
j’ai fait sa
renommée
Vivre, encor soient
benoîts avecque ma pensée,
Qui seule étant à elle en autre
n’a plaisir.
il bénit toutes les circonstances qui accompagnent la naissance de son amour.
Béni soit le jour, et le mois, et l’année, et la saison, et le temps, et l’heure, et l’instant, et le beau pays, et l’endroit où je fus rencontré des deux beaux yeux qui m’ont enchaîné ;
Et béni soit le doux premier tourment que j’éprouvai étant réuni avec Amour, et l’arc et les flèches qui m’ont percé, et les blessures qui vont jusqu’à mon cœur.
Bénies aussi les paroles sans nombre que j’ai proférées en invoquant le nom de ma dame, et les soupirs, les larmes et le désir qui m’ont affligé ;
Bénis soient tous les écrits où je lui acquiers de la gloire, et mon penser qui ne connaît qu’elle seule, si bien que nulle autre n’y a de part.
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06/04/16.
Dernière révision le 05/09/24.