Francesco PETRARCA (1304-1374)
Lyon, Jean de Tournes, 1545, pp. 132-133 [←Gallica].

Amor m’hà posto, come segno a strale,
Com’al Sol neue, come cera al fuoco,
E come nebbia al vento, è son già roco
Donna, merce chiamando, e a voi non cale.

Da gliocchi vostri vscio’l colpo mortale,
Contra cui non mi val tempo, ne loco:
Da voi sola procede (e parui vn giuoco)
Il Sole, e’l fuoco, e’l vento, ond’io son tale.

I pensier, son saette, e’l viso, vn Sole,
E’l desir, fuoco, e’nseme con quest’arme
Mi punge Amor, m’abbaglia, e mi distrugge,

E l’Angelico canto, e le parole
Col dolce spirto, ond’io non posso aitarme,
Son L’aura, innanzi a cui mia vita fugge.

Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXXI, pp. 95-96 [←Gallica].

Amour m’ha mis comme un but à sa darde,
Et cire au feu, neige au soleil roué,
Au uent nuée, & suis tout enroué
Criant merci, Dame, & n’y prenez garde.

Du coup mortel de uoz yeux faut que i’arde,
Et tout mon temps iusque ici i’ay ioué,
Vous en riez, qui estes le loué
Vent, feu, soleil dont tel on me regarde.

Le desir feu, un soleil les regards,
Et uoz yeux sont à mon aduis les dards,
Par qui amour m’esblouit, brusle & pique.

Le beau parler, & le chant angelique,
Les douz espritz, qui ma force ont rauie,
Ce sont les uents, deuant qui fuit ma uie.

Les Œuvres, « Sonnets d’Amour »,
Paris, Étienne Groulleau, 1553, f° 34v° [←Gallica].

Ce petit Dieu m’a mis comme la neige au chault,
Comme le blanc au trait, & la cire à la flame,
Comme la nuë au vent, ia tout enroué, Dame,
De vous crier mercy: mais il ne vous en chault.

De voz yeux vient le coup dont mourir il me fault
Contre qui ne vault temps, maille de fer, ny lame,
Tout vient de vous, le feu, le soleil, qui m’enflame,
Et si vous semble ieu, le tourment qui m’assault.

Les pensers, ce sont traitz: vn soleil, le visage,
Desir, feu, dont amour, auec ces armes cy,
M’enferre, m’esblouit, de mon cueur fait rauage,

Et le diuin esprit, la voix, l’accent aussi,
Ce sont les doux tyrans, de mon ame en seruage,
Qui me tirent aux piedz, des doux monts sans mercy.

Paris, Vincent Sertenas, 1557, XCVI, f° 33r° [←Gallica].

Comme vn blanc à sagette Amour a fait mon ame,
Comme neige au soleil, et comme cire au feu,
Et comme nuë au vent, mais il t’en chaut bien peu,
Et m’aides tousiours moins quãd plus ie te reclame.

De ton œil brunissant sort le coup qui m’entame
Contre qui ne me vault helas! ny tens ny lieu,
De toi seule procede, & non du petit Dieu,
Le soleil, & le feu, & le vent que m’espame.

Mon penser amoureux est le trait si cuisant,
Ton visaige diuin le Soleil si luysant,
Et mon desir ardant la flamme poursuiuye,

De quoy amour me poingt, m’aueugle, et me destruit,
Et ta voix est le vent au deuant de qui fuyt
Trop vistement helas ! ma miserable vie.

Les Œuvres poétiques, « Livre des Sonnets amoureux »,
Paris, Jean de Bordeaux, 1572, sonnet 28, f° 56r° [←Gallica].

AMour m’a mis ainsi qu’vn blanc de sa quadrelle

Comme neige au soleil, & comme cire au feu,
Comme la nue au vant, mais il vous chaut bien peu,
Quand mercy ie demande à ma peine cruelle,

De vostre œil seulement vint la playe mortelle,
Contre qui ne vaut rien ny le tams ny le lieu,
De vous (& toutesfois vous le tenez à ieu)
Vient le soleil, l’ardeur & le vant qui me gresle.

Mes pensers sont les traits, le soleil, le visage,
Et l’ardeur mes desirs, auec ceste equipage
Amour cruel me point m’afolle & me destruit.

Ce chanter angeliq, ceste douce parolle,
Ce soupir plain de musq, qui loin de moy s’enuolle
Sont les vans amoureus, où mon ame s’enfuit.

Paris, Abel L’Angelier, 1576, I, XXXIV, ff. 9v°-10r° [←Gallica].

Amour Tyran m’a mis comme au soleil la neige,
Comme vn blanc à la butte, & comme au feu la cire,
Comme au vent la nuee, & en mon grief martyre
Ie quiers mercy à Flore, & point ne me soulage.

Elle comme vn soleil fait hasler mon visage,
Et creuasse mon corps & mes humeurs attire:
Comme vn archer adroict dans mon cueur elle tire,
Et chasse comme vn vent, ma force & mon courage.

Sa face est le soleil, mes pensers sont les dars,
Le feu c’est mon desir, c’est mon souci espars,
Qui de nuict, qui de iour fait qu’en Flore ie viue.

Et le vent c’est sa voix, c’est son doucereux chant,
Qui charmant mon oreille & mon cueur allechant,
Exile de mon corps mon ame fugitiue.

Gramont, Amour m’a placé… (1842)   ↑   ⇑ 
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CIII, p. 101 [←Gallica].

il exprime ses tourments par quatre comparaisons.

Amour m’a placé comme le but devant la flèche, comme la neige au so­leil, comme la cire au feu, comme la nuée sous le vent ; et je suis dé­jà en­roué, Ma­dame, à force de crier grâce sans qu’il vous en sou­cie.

C’est de vos yeux qu’est sor­ti le coup mor­tel contre le­quel ne m’aide ni le temps ni le lieu ; de vous seule pro­cède (et cela vous semble un jeu) le so­leil, et le feu et le vent qui m’ont ren­du tel.

Les pen­sées sont des flèches, et le vi­sage un so­leil, et le dé­sir est le feu ; et, avec ces armes, Amour à la fois me perce, m’aveugle et me dis­sout :

Et le chant angé­lique et les pa­roles, avec la douce ha­leine dont je ne puis me dé­fendre, sont la brise de­vant la­quelle ma vie s’en­fuit.

























Gramont, Amour m’a placé… (1842)   ↓   ⇑ 
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CIII, p. 101 [←Gallica].

il exprime ses tourments par quatre comparaisons.

Amour m’a placé comme le but devant la flèche, comme la neige au so­leil, comme la cire au feu, comme la nuée sous le vent ; et je suis dé­jà en­roué, Ma­dame, à force de crier grâce sans qu’il vous en sou­cie.

C’est de vos yeux qu’est sor­ti le coup mor­tel contre le­quel ne m’aide ni le temps ni le lieu ; de vous seule pro­cède (et cela vous semble un jeu) le so­leil, et le feu et le vent qui m’ont ren­du tel.

Les pen­sées sont des flèches, et le vi­sage un so­leil, et le dé­sir est le feu ; et, avec ces armes, Amour à la fois me perce, m’aveugle et me dis­sout :

Et le chant angé­lique et les pa­roles, avec la douce ha­leine dont je ne puis me dé­fendre, sont la brise de­vant la­quelle ma vie s’en­fuit.

Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXXI, pp. 95-96 [←Gallica].

Amour m’ha mis comme un but à sa darde,
Et cire au feu, neige au soleil roué,
Au uent nuée, & suis tout enroué
Criant merci, Dame, & n’y prenez garde.

Du coup mortel de uoz yeux faut que i’arde,
Et tout mon temps iusque ici i’ay ioué,
Vous en riez, qui estes le loué
Vent, feu, soleil dont tel on me regarde.

Le desir feu, un soleil les regards,
Et uoz yeux sont à mon aduis les dards,
Par qui amour m’esblouit, brusle & pique.

Le beau parler, & le chant angelique,
Les douz espritz, qui ma force ont rauie,
Ce sont les uents, deuant qui fuit ma uie.

Les Œuvres, « Sonnets d’Amour »,
Paris, Étienne Groulleau, 1553, f° 34v° [←Gallica].

Ce petit Dieu m’a mis comme la neige au chault,
Comme le blanc au trait, & la cire à la flame,
Comme la nuë au vent, ia tout enroué, Dame,
De vous crier mercy: mais il ne vous en chault.

De voz yeux vient le coup dont mourir il me fault
Contre qui ne vault temps, maille de fer, ny lame,
Tout vient de vous, le feu, le soleil, qui m’enflame,
Et si vous semble ieu, le tourment qui m’assault.

Les pensers, ce sont traitz: vn soleil, le visage,
Desir, feu, dont amour, auec ces armes cy,
M’enferre, m’esblouit, de mon cueur fait rauage,

Et le diuin esprit, la voix, l’accent aussi,
Ce sont les doux tyrans, de mon ame en seruage,
Qui me tirent aux piedz, des doux monts sans mercy.

Paris, Vincent Sertenas, 1557, XCVI, f° 33r° [←Gallica].

Comme vn blanc à sagette Amour a fait mon ame,
Comme neige au soleil, et comme cire au feu,
Et comme nuë au vent, mais il t’en chaut bien peu,
Et m’aides tousiours moins quãd plus ie te reclame.

De ton œil brunissant sort le coup qui m’entame
Contre qui ne me vault helas! ny tens ny lieu,
De toi seule procede, & non du petit Dieu,
Le soleil, & le feu, & le vent que m’espame.

Mon penser amoureux est le trait si cuisant,
Ton visaige diuin le Soleil si luysant,
Et mon desir ardant la flamme poursuiuye,

De quoy amour me poingt, m’aueugle, et me destruit,
Et ta voix est le vent au deuant de qui fuyt
Trop vistement helas ! ma miserable vie.

Les Œuvres poétiques, « Livre des Sonnets amoureux »,
Paris, Jean de Bordeaux, 1572, sonnet 28, f° 56r° [←Gallica].

AMour m’a mis ainsi qu’vn blanc de sa quadrelle

Comme neige au soleil, & comme cire au feu,
Comme la nue au vant, mais il vous chaut bien peu,
Quand mercy ie demande à ma peine cruelle,

De vostre œil seulement vint la playe mortelle,
Contre qui ne vaut rien ny le tams ny le lieu,
De vous (& toutesfois vous le tenez à ieu)
Vient le soleil, l’ardeur & le vant qui me gresle.

Mes pensers sont les traits, le soleil, le visage,
Et l’ardeur mes desirs, auec ceste equipage
Amour cruel me point m’afolle & me destruit.

Ce chanter angeliq, ceste douce parolle,
Ce soupir plain de musq, qui loin de moy s’enuolle
Sont les vans amoureus, où mon ame s’enfuit.

Paris, Abel L’Angelier, 1576, I, XXXIV, ff. 9v°-10r° [←Gallica].

Amour Tyran m’a mis comme au soleil la neige,
Comme vn blanc à la butte, & comme au feu la cire,
Comme au vent la nuee, & en mon grief martyre
Ie quiers mercy à Flore, & point ne me soulage.

Elle comme vn soleil fait hasler mon visage,
Et creuasse mon corps & mes humeurs attire:
Comme vn archer adroict dans mon cueur elle tire,
Et chasse comme vn vent, ma force & mon courage.

Sa face est le soleil, mes pensers sont les dars,
Le feu c’est mon desir, c’est mon souci espars,
Qui de nuict, qui de iour fait qu’en Flore ie viue.

Et le vent c’est sa voix, c’est son doucereux chant,
Qui charmant mon oreille & mon cueur allechant,
Exile de mon corps mon ame fugitiue.

























textes originaux
[R]

 

En ligne le 11/11/17.
Dernière révision le 01/02/24.