AMor ma posto come segno a strale

come al sol neue e come cera al foco
& come nebbia al uento & son gia rocho
donna merze chiamando & uoi non cale
da gliocchi uostri usciol colpo mortale
contra cui non mi uale tempo ne loco
da uoi sola procede & parui un gioco
il sole el foco el uento ondio son tale

I  pensier son saette el uiso un sole
el desir foco en sieme con queste arme
mi punge amor mabbaglia & mi distrugge
& langelico canto & le parole
col dolce spirto ondio non posso aitarme
son laura innanzi achui mia uita fugge

Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXXI, pp. 95-96 [←Gallica].

Amour mha mis comme un but à sa darde,
Et cire au feu, neige au soleil roué,
Au uent nuée, & suis tout enroué
Criant merci, Dame, & ny prenez garde.

Du coup mortel de uoz yeux faut que iarde,
Et tout mon temps iusque ici iay ioué.
Vous en riez, qui estes le loué
Vent, feu, soleil dont tel on me regarde.

Le desir feu, un soleil les regards,
Et uoz yeux sont à mon aduis les dards,
Par qui amour mesblouit, brusle & pique.

Le beau parler, & le chant angelique,
Les douz espritz, qui ma force ont rauie,
Ce sont les uents, deuant qui fuit ma uie.

Les Œuvres, « Sonnets d’Amour »,
Paris, Étienne Groulleau, 1553, f° 34v° [←Gallica].

Ce petit Dieu ma mis comme la neige au chault,
Comme le blanc au trait, & la cire à la flame,
Comme la nuë au vent, ia tout enroué, Dame,
De vous crier mercy: mais il ne vous en chault.

De voz yeux vient le coup dont mourir il me fault
Contre qui ne vault temps, maille de fer, ny lame,
Tout vient de vous, le feu, le soleil, qui menflame,
Et si vous semble ieu, le tourment qui massault.

Les pensers, ce sont traitz: vn soleil, le visage,
Desir, feu, dont amour, auec ces armes cy,
Menferre, mesblouit, de mon cueur fait rauage,

Et le diuin esprit, la voix, laccent aussi,
Ce sont les doux tyrans, de mon ame en seruage,
Qui me tirent aux piedz, des doux monts sans mercy.

Paris, Vincent Sertenas, 1557, XCVI, f° 33r° [←Gallica].

Comme vn blanc à sagette Amour a fait mon ame,
Comme neige au soleil, et comme cire au feu,
Et comme nuë au vent, mais il ten chaut bien peu,
Et maides tousiours moins quãd plus ie te reclame.

De ton œil brunissant sort le coup qui mentame
Contre qui ne me vault helas! ny tens ny lieu,
De toi seule procede, & non du petit Dieu,
Le soleil, & le feu, & le vent que mespame.

Mon penser amoureux est le trait si cuisant,
Ton visaige diuin le Soleil si luysant,
Et mon desir ardant la flamme poursuiuye,

De quoy amour me poingt, maueugle, et me destruit,
Et ta voix est le vent au deuant de qui fuyt
Trop vistement helas ! ma miserable vie.

Les Œuvres poétiques, « Livre des Sonnets amoureux »,
Paris, Jean de Bordeaux, 1572, sonnet 28, f° 56r° [←Gallica].

AMour ma mis ainsi quvn blanc de sa quadrelle

Comme neige au soleil, & comme cire au feu,
Comme la nue au vant, mais il vous chaut bien peu,
Quand mercy ie demande à ma peine cruelle,

De vostre œil seulement vint la playe mortelle,
Contre qui ne vaut rien ny le tams ny le lieu,
De vous (& toutesfois vous le tenez à ieu)
Vient le soleil, lardeur & le vant qui me gresle.

Mes pensers sont les traits, le soleil, le visage,
Et lardeur mes desirs, auec ceste equipage
Amour cruel me point mafolle & me destruit.

Ce chanter angeliq, ceste douce parolle,
Ce soupir plain de musq, qui loin de moy senuolle
Sont les vans amoureus, où mon ame senfuit.

Paris, Abel L’Angelier, 1576, I, XXXIV, ff. 9v°-10r° [←Gallica].

Amour Tyran ma mis comme au soleil la neige,
Comme vn blanc à la butte, & comme au feu la cire,
Comme au vent la nuee, & en mon grief martyre
Ie quiers mercy à Flore, & point ne me soulage.

Elle comme vn soleil fait hasler mon visage,
Et creuasse mon corps & mes humeurs attire:
Comme vn archer adroict dans mon cueur elle tire,
Et chasse comme vn vent, ma force & mon courage.

Sa face est le soleil, mes pensers sont les dars,
Le feu cest mon desir, cest mon souci espars,
Qui de nuict, qui de iour fait quen Flore ie viue.

Et le vent cest sa voix, cest son doucereux chant,
Qui charmant mon oreille & mon cueur allechant,
Exile de mon corps mon ame fugitiue.

Gramont, Amour m’a placé… (1842)   ↓   ↑   ⇑  →t.m.
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CIII, p. 101 [←Gallica].

il exprime ses tourments par quatre comparaisons.

Amour m’a placé comme le but devant la flèche, comme la neige au so­leil, comme la cire au feu, comme la nuée sous le vent ; et je suis dé­jà en­roué, Ma­dame, à force de crier grâce sans qu’il vous en sou­cie.

C’est de vos yeux qu’est sor­ti le coup mor­tel contre le­quel ne m’aide ni le temps ni le lieu ; de vous seule pro­cède (et cela vous semble un jeu) le so­leil, et le feu et le vent qui m’ont ren­du tel.

Les pen­sées sont des flèches, et le vi­sage un so­leil, et le dé­sir est le feu ; et, avec ces armes, Amour à la fois me perce, m’aveugle et me dis­sout :

Et le chant angé­lique et les pa­roles, avec la douce ha­leine dont je ne puis me dé­fendre, sont la brise de­vant la­quelle ma vie s’en­fuit.

























Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXXI, pp. 95-96 [←Gallica].

Amour mha mis comme un but à sa darde,
Et cire au feu, neige au soleil roué,
Au uent nuée, & suis tout enroué
Criant merci, Dame, & ny prenez garde.

Du coup mortel de uoz yeux faut que iarde,
Et tout mon temps iusque ici iay ioué.
Vous en riez, qui estes le loué
Vent, feu, soleil dont tel on me regarde.

Le desir feu, un soleil les regards,
Et uoz yeux sont à mon aduis les dards,
Par qui amour mesblouit, brusle & pique.

Le beau parler, & le chant angelique,
Les douz espritz, qui ma force ont rauie,
Ce sont les uents, deuant qui fuit ma uie.

Les Œuvres, « Sonnets d’Amour »,
Paris, Étienne Groulleau, 1553, f° 34v° [←Gallica].

Ce petit Dieu ma mis comme la neige au chault,
Comme le blanc au trait, & la cire à la flame,
Comme la nuë au vent, ia tout enroué, Dame,
De vous crier mercy: mais il ne vous en chault.

De voz yeux vient le coup dont mourir il me fault
Contre qui ne vault temps, maille de fer, ny lame,
Tout vient de vous, le feu, le soleil, qui menflame,
Et si vous semble ieu, le tourment qui massault.

Les pensers, ce sont traitz: vn soleil, le visage,
Desir, feu, dont amour, auec ces armes cy,
Menferre, mesblouit, de mon cueur fait rauage,

Et le diuin esprit, la voix, laccent aussi,
Ce sont les doux tyrans, de mon ame en seruage,
Qui me tirent aux piedz, des doux monts sans mercy.

Paris, Vincent Sertenas, 1557, XCVI, f° 33r° [←Gallica].

Comme vn blanc à sagette Amour a fait mon ame,
Comme neige au soleil, et comme cire au feu,
Et comme nuë au vent, mais il ten chaut bien peu,
Et maides tousiours moins quãd plus ie te reclame.

De ton œil brunissant sort le coup qui mentame
Contre qui ne me vault helas! ny tens ny lieu,
De toi seule procede, & non du petit Dieu,
Le soleil, & le feu, & le vent que mespame.

Mon penser amoureux est le trait si cuisant,
Ton visaige diuin le Soleil si luysant,
Et mon desir ardant la flamme poursuiuye,

De quoy amour me poingt, maueugle, et me destruit,
Et ta voix est le vent au deuant de qui fuyt
Trop vistement helas ! ma miserable vie.

Les Œuvres poétiques, « Livre des Sonnets amoureux »,
Paris, Jean de Bordeaux, 1572, sonnet 28, f° 56r° [←Gallica].

AMour ma mis ainsi quvn blanc de sa quadrelle

Comme neige au soleil, & comme cire au feu,
Comme la nue au vant, mais il vous chaut bien peu,
Quand mercy ie demande à ma peine cruelle,

De vostre œil seulement vint la playe mortelle,
Contre qui ne vaut rien ny le tams ny le lieu,
De vous (& toutesfois vous le tenez à ieu)
Vient le soleil, lardeur & le vant qui me gresle.

Mes pensers sont les traits, le soleil, le visage,
Et lardeur mes desirs, auec ceste equipage
Amour cruel me point mafolle & me destruit.

Ce chanter angeliq, ceste douce parolle,
Ce soupir plain de musq, qui loin de moy senuolle
Sont les vans amoureus, où mon ame senfuit.

Paris, Abel L’Angelier, 1576, I, XXXIV, ff. 9v°-10r° [←Gallica].

Amour Tyran ma mis comme au soleil la neige,
Comme vn blanc à la butte, & comme au feu la cire,
Comme au vent la nuee, & en mon grief martyre
Ie quiers mercy à Flore, & point ne me soulage.

Elle comme vn soleil fait hasler mon visage,
Et creuasse mon corps & mes humeurs attire:
Comme vn archer adroict dans mon cueur elle tire,
Et chasse comme vn vent, ma force & mon courage.

Sa face est le soleil, mes pensers sont les dars,
Le feu cest mon desir, cest mon souci espars,
Qui de nuict, qui de iour fait quen Flore ie viue.

Et le vent cest sa voix, cest son doucereux chant,
Qui charmant mon oreille & mon cueur allechant,
Exile de mon corps mon ame fugitiue.

Gramont, Amour m’a placé… (1842)   ↓   ↑   ⇑ o
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CIII, p. 101 [←Gallica].

il exprime ses tourments par quatre comparaisons.

Amour m’a placé comme le but devant la flèche, comme la neige au so­leil, comme la cire au feu, comme la nuée sous le vent ; et je suis dé­jà en­roué, Ma­dame, à force de crier grâce sans qu’il vous en sou­cie.

C’est de vos yeux qu’est sor­ti le coup mor­tel contre le­quel ne m’aide ni le temps ni le lieu ; de vous seule pro­cède (et cela vous semble un jeu) le so­leil, et le feu et le vent qui m’ont ren­du tel.

Les pen­sées sont des flèches, et le vi­sage un so­leil, et le dé­sir est le feu ; et, avec ces armes, Amour à la fois me perce, m’aveugle et me dis­sout :

Et le chant angé­lique et les pa­roles, avec la douce ha­leine dont je ne puis me dé­fendre, sont la brise de­vant la­quelle ma vie s’en­fuit.

























textes originaux
[R]

 

En ligne le 16/04/24.
Dernière révision le 05/09/24.