Jacqueline de MIREMONT (?-?)
Non ce n’est point amour…
Paris, Jean Gesselin, 1602.
ouvrir sur Gallica : ff. 38v°-39r°.

[…] 
Non ce n’est point amour qu’vn appetit pourceau,
L’esclat d’vn bois pourry n’est pas vn clair flambeau,
La fumee est du feu aussi bien que la flame,
Mais son corps estouffé n’esclaire ny n’enflame,
De mesmes la fureur de leurs affections
A bien comme l’amour, des vœus, des passions,
Mais l’vn tend à l’honneur, l’autre vise à l’ordure,
L’vn loge au cœur infect, & l’autre en l’ame pure,
Cestuy cy tout parfaict du beau est allumé,
Cestuy là contrefaict du laid est difformé,
L’vn est enfant du ciel & pere du bel ordre,
L’autre est fils de l’erreur createur du desordre,
L’vn met deux cœurs en vn vray mastic d’amitié,
L’autre faict mille parts d’vne seule moitié,
Cestuy cesse au iouyr, l’autre en ce poinct s’auance
Et possede son heur si tost qu’est sa naissance,
Car l’amant vertueux qui l’amour sainct conçoit
D’esprit, d’oreille & d’œil, comprend, entend, & voit
Les trois seules beautez, si l’esprit beau l’anime
Il succe le sçauoir, il conserue l’estime
De ce sujet aimé ; s’il est pris à l’accord,
Qu’vn fredonnant gosier tout dous nous iette à bord,
Il en iouit alors qu’attaché par l’oreille,
Il sauoure à longs trais, l’enchanteuse merueille ;
Si les trais, la couleur, si les dimensions,
D’vn corps en tout parfait, forment ses passions,
L’œil qui seul de ce beau reçoit la cognoissance,
Seul est capable aussi d’en auoir iouyssance.

[…] 

On peut cliquer sur certains mots pour voir les épithètes de Maurice de La Porte
 
 

[…] 
Non ce neſt point amour quvn appetit pourceau,
Leſclat dvn bois pourry neſt pas vn clair flambeau,
La fumée eſt du feu außi bien que la flame,
Mais ſon corps eſtouffé neſclaire ny nenflame,
De meſmes la fureur de leurs affections
A bien comme lamour, des vœus, des paßions,
Mais lvn tend à lhonneur, lautre viſe à lordure,
Lvn loge au cœur infect, & lautre en lame pure,
Ceſtuy cy tout parfaict du beau eſt allumé,
Ceſtuy là contrefaict du laid eſt difformé,
Lvn eſt enfant du ciel & pere du bel ordre,
Lautre eſt fils de lerreur createur du deſordre,
Lvn met deux cœurs en vn vray maſtic damitié,
Lautre faict mille parts dvne ſeule moitié,
Ceſtuy ceſſe au iouyr, lautre en ce poinct sauance
Et poſſede ſon heur ſi toſt queſt ſa naiſſance,
Car lamant vertueux qui lamour ſainct conçoit
Deſprit, doreille & dœil, comprend, entend, & voit
Les trois ſeules beautez, ſi leſprit beau lanime
Il ſucce le ſçauoir, il conſerue leſtime
De ce ſujet aimé ; ſil eſt pris à laccord,
Quvn fredonnant goſier tout dous nous iette à bord,
Il en iouit alors quattaché par loreille,
Il ſauoure à longs trais, lenchanteuſe merueille ;
Si les trais, la couleur, ſi les dimenſions,
Dvn corps en tout parfait, forment ſes paßions,
Lœil qui ſeul de ce beau reçoit la cognoiſſance,
Seul eſt capable außi den auoir iouyſſance.

[…] 

 

En ligne le 25/01/25.
Dernière révision le 25/01/25.