Comme en un alambic,
mes flammes éternelles
Poussent dans mon cerveau
ces eaux continuelles,
Qui distillent après
sur mes poumons cavés.
À très-haute et
très-illustre Dame,
Madame la Marquise
de Monceaux.
M
Adame,
Je vous ai
destiné ce livre.
Ce sont les fleurs et
les fruits des plus beaux ans de ma jeunesse, que je
désire de perpétuer en la
mémoire des hommes : je ne les
saurais mieux assigner à
l’Éternité
qu’en leur donnant l’essor avec les
favorables ailes de votre nom, qui les peut tirer si
loin de terre que la longue chute des ans ne les pourra jamais
abîmer sous les ruines du monde.
Les merveilles
de vos perfections qui ravissent
d’étonnement les yeux et les
cœurs des vivants, passeront encore jusques
à la
postérité et lui
porteront un regret infini de
n’avoir vu celle qui possède toutes les
beautés accomplies de
l’âme et du corps, que les Humains peuvent
demander au Ciel et à Nature.
Et Dieu sait si ce qui
marchera sous votre aveu trouvera
place parmi les beaux esprits des siècles plus
reculés.
Permettez
donc, Madame, je vous supplie, que ces vers courent le monde,
assistés de la bonne fortune
d’un sauf-conduit si assuré.
S’ils ont ce
bonheur d’être
gracieusement accueillis de vous,
j’espère avec le temps de les grossir de
vos louanges.
C’est le plus
grand de mes désirs, ce sera la plus grande de mes
félicités : en
chantant vos honneurs ils ne
manqueront de beauté ni moi de
contentement, les ayant si bien
logés, qu’avec la
lumière de votre gloire ils se pourront
défendre contre les ténèbres
ingrates de l’Oubli.
Ils ne
passeront en nulle part sans y laisser le
témoignage de l’honneur et
affection que je voue à votre
mérite, et partout ils diront que je suis
et veux être vivant et mourant
Madame,
Votre très-humble serviteur.
Expilly.
Les Poèmes du Sieur
d’Expilly,
Paris, Abel L’Angelier, 1596
[Gallica, NUMM-71725, PDF_4_5]
(texte modernisé).
J’ai plus que n’a la mer au cerveau de reflux
En ligne le 27/10/05.
Dernière révision le 21/06/21.