Francesco PETRARCA (1304-1374)
Venise, 1470, f° 66r° [←Gallica].

QVel sempre acerbo & honorato giorno

mando si al cor limagine sua uiua
chengegno ostil non fia mai chel descriua
ma spesso allui cola memoria torno
lacto dogni gentil pietate adorno
el dolce amar lamentar chio udiua
facean dubbiar se mortal donna o diua
fosse chel ciel rassernaua intorno

L a testa or fine & calda neueil uolto
ebeno icigli & gliocchi eran duo stelle
onde amor larco non tendeua in fallo
perle & rose uermiglie ouelaccolto
dolor formaua ardenti uoci & belle
fiamma isospiri le lagrime cristallo

Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXXIX, p. 100 [←Gallica].

L’honnoré iour, que i’eus dueil & liesse,
Tant dans mon cœur ceste image plantoit,
Que fort seroit le temps, si l’en ostoit,
Car d’y penser nuict & iour ie ne cesse.

L’esprit, qui est honneur de gentillesse,
Et les douz plainctz, amers, qu’on escoutoit,
Faisoient doubter, si qui tels les iectoit
Si doulcement, estoit femme ou deésse.

Le chef d’or fin, face de neige ardente,
Sourcilz d’Hebene, estoiles non pareilles,
Et par dessus perles, rozes uermeilles,

C’estoit d’amour la glorieuse tente.
Et les souspirs, qui donnoient les allarmes,
Estoient de flamme, & de cristal les larmes.

Paris, veuve Maurice de La Porte, 1552, p. 90 [←Gallica].

Le feu iumeau de Madame brusloit
Par le rayon de sa flamme diuine,
L’amas pleureux d’vne obscure bruine
Qui de leur iour la lumiere celoit.

Vn bel argent chauldement s’escouloit
Dessus sa ioue, en la gorge iuoyrine,
Au paradis de sa chaste poitrine,
Où l’Archerot ses flesches esmouloit.

De neige tiede estoit sa face pleine,
D’or ses cheueux, ses deux sourciz d’ebéne,
Ses yeulx m’estoyent vn bel astre fatal:

Roses & liz, où la douleur contrainte
Formoit l’accent de sa iuste complainte,
Feu ses souspirs, ses larmes vn crystal.

Gramont, Ce jour à jamais cruel… (1842)   ↓   ↑   ⇑  →t.m.
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CXXVIII, p. 116 [←Gallica].

les larmes de laure.

Ce jour à jamais cruel et sa­cré m’a en­voyé au cœur son image vi­vante, de telle sorte qu’il n’y au­ra ja­mais de gé­nie ou de style qui puisse en par­ler ; mais la mé­moire me re­porte sans cesse vers lui.

Le main­tien que la plus noble sen­si­bi­li­té em­bel­lit, et la douce amer­tume des plaintes que j’en­ten­dais, fai­saient dou­ter si ce fut une dame mor­telle ou bien une di­vi­ni­té qui éclair­cis­sait le ciel tout à l’en­tour.

Sa tête était de l’or fin et son vi­sage une neige éblou­is­sante ; ses cils étaient d’ébène et ses yeux deux étoiles où l’Amour ne ten­dait pas son arc inu­ti­le­ment.

Des perles et des roses ver­meilles bril­laient là où la dou­leur con­cen­trée for­mait de belles et ardentes pa­roles ; ses sou­pirs étaient une flamme, et ses larmes du cris­tal.

























Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXXIX, p. 100 [←Gallica].

L’honnoré iour, que i’eus dueil & liesse,
Tant dans mon cœur ceste image plantoit,
Que fort seroit le temps, si l’en ostoit,
Car d’y penser nuict & iour ie ne cesse.

L’esprit, qui est honneur de gentillesse,
Et les douz plainctz, amers, qu’on escoutoit,
Faisoient doubter, si qui tels les iectoit
Si doulcement, estoit femme ou deésse.

Le chef d’or fin, face de neige ardente,
Sourcilz d’Hebene, estoiles non pareilles,
Et par dessus perles, rozes uermeilles,

C’estoit d’amour la glorieuse tente.
Et les souspirs, qui donnoient les allarmes,
Estoient de flamme, & de cristal les larmes.

Paris, veuve Maurice de La Porte, 1552, p. 90 [←Gallica].

Le feu iumeau de Madame brusloit
Par le rayon de sa flamme diuine,
L’amas pleureux d’vne obscure bruine
Qui de leur iour la lumiere celoit.

Vn bel argent chauldement s’escouloit
Dessus sa ioue, en la gorge iuoyrine,
Au paradis de sa chaste poitrine,
Où l’Archerot ses flesches esmouloit.

De neige tiede estoit sa face pleine,
D’or ses cheueux, ses deux sourciz d’ebéne,
Ses yeulx m’estoyent vn bel astre fatal:

Roses & liz, où la douleur contrainte
Formoit l’accent de sa iuste complainte,
Feu ses souspirs, ses larmes vn crystal.

Gramont, Ce jour à jamais cruel… (1842)   ↓   ↑   ⇑ o
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CXXVIII, p. 116 [←Gallica].

les larmes de laure.

Ce jour à jamais cruel et sa­cré m’a en­voyé au cœur son image vi­vante, de telle sorte qu’il n’y au­ra ja­mais de gé­nie ou de style qui puisse en par­ler ; mais la mé­moire me re­porte sans cesse vers lui.

Le main­tien que la plus noble sen­si­bi­li­té em­bel­lit, et la douce amer­tume des plaintes que j’en­ten­dais, fai­saient dou­ter si ce fut une dame mor­telle ou bien une di­vi­ni­té qui éclair­cis­sait le ciel tout à l’en­tour.

Sa tête était de l’or fin et son vi­sage une neige éblou­is­sante ; ses cils étaient d’ébène et ses yeux deux étoiles où l’Amour ne ten­dait pas son arc inu­ti­le­ment.

Des perles et des roses ver­meilles bril­laient là où la dou­leur con­cen­trée for­mait de belles et ardentes pa­roles ; ses sou­pirs étaient une flamme, et ses larmes du cris­tal.

























textes originaux
[R]

 

En ligne le 23/09/21.
Dernière révision le 02/11/23.