Francesco PETRARCA (1304-1374)
Venise, Vindelinus de Spira, 1470, f° 84v° [←Gallica].

ONde tolse amor loro & di qual uena

per far due trecce pionde en quali spine
colse lerose en qual piaggia le brine,
tenere & fresche & die lor polso & lena
onde le perle in chei frange & affrena
dolci parole honeste & pellegrine
onde tante bellezze & si diuine
di quella fronte piu chel ciel serena

D a quali angeli mosse & di qual spera
quel celeste cantar che mi disface
si che mauanza omai da disfar poco
di qual sol nacque lalma luce altera
di que belgliocchi ondio o guerra & pace
che mi quocono il cor in ggiaccio en foco

Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXII, p. 81 [←Gallica].

Ou print amour & dedans quelle ueine
L’or des cheueux ? & en quelles espines,
A il cueilly les roses & les brines,
Pour leur donner ame, poulse, & haleine?

Ou trouua il les perles, par qui freine,
Et interromp parolles pelerines?
Ou print il tant de beautez si diuines,
Et du beau front celle hauteur sereine?

En quelle Sphere, & de quelz anges prit
Ce chant celeste, auec qui mon esprit
S’en ua de moy, ou il sen faut bien peu?

De quel Soleil mist la lumiere en terre
De ces beaux yeux par qui iay paix & guerre,
Et tient mon cœur de feu & glas repeu?

Œuvres de Louise Labé, Lyon, Jean de Tournes, 1555,
Écrits de divers Poètes, pp. 137-138 [←Gallica].

Ou print lenfant Amour le fin or qui dora
En mile crespillons ta teste blondissante?
En quel iardin print il la roze rougissante
Qui le liz argenté de ton teint colora?

La douce grauité qui ton front honora,
Les deus rubis balais de ta bouche allechante,
Et les rais de cet œil qui doucement menchante
En quel lieu les print il quand il ten decora?

Dou print Amour encor ces filets & ces lesses
Ces hains & ces apasts que sans fin tu me dresses
Soit parlant ou riant ou guignant de tes yeus?

Il print dHerme, de Cypre, & du sein de lAurore,
Des rayons du Soleil, & des Graces encore,
Ces atraits & ces dons, pour prendre hommes & Dieus.

Paris, Michel Fezandat, 1561, L’Amalthée, f° 79r° [←Gallica].

De quel rosier, & de quelles épines,
Cueillit Amour les roses de ton teint ?
De quel bel or qui pur tout autre éteint,
Redora il ces blondelettes trines ?

De quels endrois sont ces mains iuoirines,
Qui mont le cueur étranglé, & étreint,
Et dadorer doucement mont contreint
Ce vif coral, & ces perlettes fines ?

Las de quel lieu prit il encor ce reste,
Ce doux parler, & ce chanter celeste,
Par qui son trait des plus fiers est veincueur ?

Ces grands beautés ne sont point de la terre,
Ni ces beaux yeux seuls ma paix, & ma guerre,
Tels biens du ciel me sont cheus dans le cueur.

Tragédie de Pharaon, Sonnets sur son Angélique,
Paris, Nicolas Bonfons, 1576, f° H3r° [←Gallica].

Dou print amour, ce bel or iaunissant,
En quelle vene, en quelle riche mine,
A-il pillé ceste esplendeur orine:
Pour faire ce beau cheueu blondissant?

En quelle espine a son doy rauissant,
En quel verger a sa main infantine,
Cueilly la rose, en blancheur purpurine?
Et le bouton doublement rougissant?

Quel Orient à ce Dieu desperlé
Pour faire ce rang doublement perlé
Qui chasse, & tient la parole doucete!

De quell aurore, a il osté ce fronc?
De quel dæmon dedans le cercle rond,
Ce chant diuin, ceste voix Angelete?

Paris, Toussaint Du Bray, 1620, p. 522 [←Gallica].

AMour où prit-il lor tiré subtilement
En cheueux deliez, & les roses nouuelles,
Qui parmy la rigueur des neiges eternelles
Conseruent ce beau teint sans aucun changement?

Où prit-il le corail, les perles enfermant,
Où se forme la voix qui donte ses rebelles,
Et lyuoire arrondie en deux pommes iumelles,
Sur vn cœur emprunté dvn roc de diamant?

De quel marbre poli, marqué de maintes veines
A-til tourné ces bras, & ces mains inhumaines,
Qui tiennent son amorce, & qui tendent ses rets?

De quel Soleil nacquit cette viue lumiere
Quil mit dedans les yeux de ma belle meurtriere,
Qui me brule de loin, & me glace de prés?

Gramont, De quel lieu… (1842)   ↓   ↑   ⇑  →t.m.
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CLXXXIV, p. 152 [←Gallica].

louanges de sa dame.

De quel lieu et de quel filon Amour a-t-il extrait l’or dont il a for­mé les deux tresses blondes ? Et par­mi quelles épines et sur quelle plaine a-t-il re­cueil­li ces roses, cette neige déli­cate et fraîche, à qui il a don­né le pouls et l’ha­leine ?

Où trouva-t-il les perles dont il a fait la bar­rière et le frein des douces, hon­nêtes et ra­vis­santes pa­roles ? ou les beau­tés sans nombre et divines de ce front plus se­rein que les cieux ?

De quels anges ou de quelle sphère sont venus ces chants cé­lestes qui me consument de telle sorte, que dé­sor­mais il me reste peu à consu­mer ?

Quel soleil a engen­dré les rayons su­blimes et sur­hu­mains des beaux yeux arbitres de mes luttes et de mon repos, qui me cuisent le cœur dans la glace et dans le feu ?

























Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXII, p. 81 [←Gallica].

Ou print amour & dedans quelle ueine
L’or des cheueux ? & en quelles espines,
A il cueilly les roses & les brines,
Pour leur donner ame, poulse, & haleine?

Ou trouua il les perles, par qui freine,
Et interromp parolles pelerines?
Ou print il tant de beautez si diuines,
Et du beau front celle hauteur sereine?

En quelle Sphere, & de quelz anges prit
Ce chant celeste, auec qui mon esprit
S’en ua de moy, ou il sen faut bien peu?

De quel Soleil mist la lumiere en terre
De ces beaux yeux par qui iay paix & guerre,
Et tient mon cœur de feu & glas repeu?

Œuvres de Louise Labé, Lyon, Jean de Tournes, 1555,
Écrits de divers Poètes, pp. 137-138 [←Gallica].

Ou print lenfant Amour le fin or qui dora
En mile crespillons ta teste blondissante?
En quel iardin print il la roze rougissante
Qui le liz argenté de ton teint colora?

La douce grauité qui ton front honora,
Les deus rubis balais de ta bouche allechante,
Et les rais de cet œil qui doucement menchante
En quel lieu les print il quand il ten decora?

Dou print Amour encor ces filets & ces lesses
Ces hains & ces apasts que sans fin tu me dresses
Soit parlant ou riant ou guignant de tes yeus?

Il print dHerme, de Cypre, & du sein de lAurore,
Des rayons du Soleil, & des Graces encore,
Ces atraits & ces dons, pour prendre hommes & Dieus.

Paris, Michel Fezandat, 1561, L’Amalthée, f° 79r° [←Gallica].

De quel rosier, & de quelles épines,
Cueillit Amour les roses de ton teint ?
De quel bel or qui pur tout autre éteint,
Redora il ces blondelettes trines ?

De quels endrois sont ces mains iuoirines,
Qui mont le cueur étranglé, & étreint,
Et dadorer doucement mont contreint
Ce vif coral, & ces perlettes fines ?

Las de quel lieu prit il encor ce reste,
Ce doux parler, & ce chanter celeste,
Par qui son trait des plus fiers est veincueur ?

Ces grands beautés ne sont point de la terre,
Ni ces beaux yeux seuls ma paix, & ma guerre,
Tels biens du ciel me sont cheus dans le cueur.

Tragédie de Pharaon, Sonnets sur son Angélique,
Paris, Nicolas Bonfons, 1576, f° H3r° [←Gallica].

Dou print amour, ce bel or iaunissant,
En quelle vene, en quelle riche mine,
A-il pillé ceste esplendeur orine:
Pour faire ce beau cheueu blondissant?

En quelle espine a son doy rauissant,
En quel verger a sa main infantine,
Cueilly la rose, en blancheur purpurine?
Et le bouton doublement rougissant?

Quel Orient à ce Dieu desperlé
Pour faire ce rang doublement perlé
Qui chasse, & tient la parole doucete!

De quell aurore, a il osté ce fronc?
De quel dæmon dedans le cercle rond,
Ce chant diuin, ceste voix Angelete?

Paris, Toussaint Du Bray, 1620, p. 522 [←Gallica].

AMour où prit-il lor tiré subtilement
En cheueux deliez, & les roses nouuelles,
Qui parmy la rigueur des neiges eternelles
Conseruent ce beau teint sans aucun changement?

Où prit-il le corail, les perles enfermant,
Où se forme la voix qui donte ses rebelles,
Et lyuoire arrondie en deux pommes iumelles,
Sur vn cœur emprunté dvn roc de diamant?

De quel marbre poli, marqué de maintes veines
A-til tourné ces bras, & ces mains inhumaines,
Qui tiennent son amorce, & qui tendent ses rets?

De quel Soleil nacquit cette viue lumiere
Quil mit dedans les yeux de ma belle meurtriere,
Qui me brule de loin, & me glace de prés?

Gramont, De quel lieu… (1842)   ↓   ↑   ⇑ o
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CLXXXIV, p. 152 [←Gallica].

louanges de sa dame.

De quel lieu et de quel filon Amour a-t-il extrait l’or dont il a for­mé les deux tresses blondes ? Et par­mi quelles épines et sur quelle plaine a-t-il re­cueil­li ces roses, cette neige déli­cate et fraîche, à qui il a don­né le pouls et l’ha­leine ?

Où trouva-t-il les perles dont il a fait la bar­rière et le frein des douces, hon­nêtes et ra­vis­santes pa­roles ? ou les beau­tés sans nombre et divines de ce front plus se­rein que les cieux ?

De quels anges ou de quelle sphère sont venus ces chants cé­lestes qui me consument de telle sorte, que dé­sor­mais il me reste peu à consu­mer ?

Quel soleil a engen­dré les rayons su­blimes et sur­hu­mains des beaux yeux arbitres de mes luttes et de mon repos, qui me cuisent le cœur dans la glace et dans le feu ?

























textes originaux
[R]

 

En ligne le 30/10/20.
Dernière révision le 12/12/24.