Jean-Baptiste CHASSIGNET (v. 1570-1635)
L’enfance n’est sinon…
Besançon, Nicolas de Moingesse, 1594.
ouvrir sur Gallica : sonnet LIII, p. 51.

LEnfance n’est sinon qu’vne sterile fleur,

La ieunesse qu’ardeur d’vne fumiere vaine,
Virilité qu’ennuy, que labeur, & que peine,
Vieillesse que chagrin, repentance, & douleur,

Nos ieus que desplaisirs, nos bon-heurs que mal-heur,
Nos thresors et nos biens, que tourment, & que geine,
Nos libertez que laqs, que prisons, & que chaine,
Nostre aise, que mal-aise, & nostre ris que pleur:

Passer d’vn àge à l’autre, est s’en aller au change
D’vn bien plus petit mal, en vn mal plus estrange
Qui nous pousse en vn lieu d’ou personne ne sort.

Nostre vie est semblable à la mer vagabonde,
Ou le flot suit le flot, & l’onde pousse l’onde,
Surgissant à la fin au haure de la mort.

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LEnfance neſt ſinon quvne erile fleur,

La ieuneſſe quardeur dvne fumiere vaine,
Virilité quennuy, que labeur, & que peine,
Vieilleße que chagrin, repentance, & douleur,

Nos ieus que deſplaiſirs, nos bon-heurs que mal-heur,
Nos threſors et nos biens, que tourment, & que geine,
Nos libertez que laqs, que priſons, & que chaine,
Noſtre aiſe, que mal-aiſe, & noſtre ris que pleur:

Paſſer dvn àge à lautre, eſt sen aller au change
Dvn bien plus petit mal, en vn mal plus eſtrange
Qui nous pouße en vn lieu dou perſonne ne ſort.

Noſtre vie eſt ſemblable à la mer vagabonde,
Ou le flot ſuit le flot, & londe pouſſe londe,
Surgißant à la fin au haure de la mort.

 

En ligne le 07/03/22.
Dernière révision le 30/12/24.