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M I L L E
fiate o dolce mia
guerrera,
Per hauer co begliocchi uostri pace;
V’haggio proferto il cuor, m’a uoi non piace
Mirar si basso con la niente ltera:
E se di lui forse altra donna spera;
Viue in speranza debile, e fallace .
Mio ; perche sdegno cio ch’a uoi dispiace ;
Esser non po giamai cosi, com’era.
Hor s’io lo scaccio, & e non troua in uoi
Ne l’exilio infelice alcun soccorso,
Ne la star sol, ne gire ou’altri il chiamas;
Porria smarrire il suo natural corso:
Che graue colpa fia d’ambeduo noi;
E tanto piu di uoi, quanto piu u’ama.
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Jà mille
fois, douce
mienne guerrière,
Pour avoir paix,
j’ai
osé hasarder
De vous offrir mon cœur
: mais l’âme
fière
En si bas lieu ne daigne regarder.
Si autre dame en lui voulait fonder
Quelque espérance,
en
vain prendrait émoi
:
Plus, quant à moi, je ne le veux garder,
Car ce qu’à vous est fâcheux, l’est à
moi.
Si donc de tous est ainsi
déchassé,
Et si d’exil ne trouve en vous secours,
(Ne seul peut être, & tout autre a laissé)
Il pourrait bien perdre son propre cours
:
Ce que serait un trop grand péché nôtre,
Et d’autant plus de vous, vu qu’il est vôtre.
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texte original |
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ARGUMENT
selon
Philieul : Parle toujours à sa dame, qui était de
naturel
assez mélancolique, comme sont communément belles
Damoiselles,
qui ont trop grand esprit : ainsi notre pauvre patient pense qu’elle
soit ennuyée de lui, ou pour lui. |
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MIllefois
pour avoir, ô
ma douce
guerriere,
Paix avec voz beaux yeux,
à
vostre obeissance
J’ay mon cœur
presenté,
mais si haute excellence
[N]e veut si bas mander sa pensee trop fiere.
Et aussi si quelque autre y esperoit legere
Et trompeuse seroit toute son esperance:
Car desdaignant tout ce qui vous est de nuisance,
Estre sien il ne peut comme à l’heure premiere.
Or si je l’abandonne & de vous nullement
Il n’a en son exil quelque soulagement
A autruy il ne peut estre ni à soymesme.
Dont son cours naturel prendra desvoyement,
Et vous & moy la coulpe en aurons seulement,
Mais tant plus grande vous quand de plus il vous aime.
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J’ay mille fois le cœur
te
presenté pour grace
(O ma douce
guerriere) & ma paix
obtenir,
Avecque tes beaux yeux,
mais
à toy convenir
Il ne semble, si bas que ton fier œil, s’attache.
Et si (peut estre) en luy dame autre
espere place,
Elle ne fait qu’en vain d’espoir
s’entretenir:
Il ne peut comme ja mien estre à l’advenir,
Car ce qui ne te plait, cela ausi me fache.
Si je le chasse, & qu’il ne
trouve aucun secours
A toy en son exil, ny scait estre tousjours
Seul, ny se transporter ou quelque autre le mande,
Sa nature pourroit faillir du chemin
droit,
Dont trop de coulpe à toy & à moy on
donroit,
Et plus à toy vers qui il porte amour
si grande.
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COMMENTAIRE
DE
MALDEGHEM : Il dit aux quatre premiers vers, qu’il a offert
à
M[adame] L[aure] mille fois son cœur pour avoir paix, mais
qu’elle l’a
desdaigné; aux autres il dit, qu’il ne peut estre
à autre
qu’à elle; puis il dit, si son cœur
enchassé, en son exil
ne trouve secours d’elle, & ne peut estre ailleurs, qu’il
pourroit
venir à faillir à la vie, ce qui seroit grande
faute pour
elle, & pour luy, mais plus pour elle. |
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BIEN mille
fois, ô ma douce
Guerriere,
J’ay hazardé mon esprit
& mon cueur,
Pour en mon nom vous faire la priere
Telle que doit un pauvre serviteur:
Mais estonné de la douce fureur
De qui souvent j’avoy’ receu la flamme,
Las! je perdoy & mon cueur
& mon ame
Insuffisans d’aborder la grandeur
Et la beauté
d’une si belle Dame.
[...]
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