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Chargé
avez sur votre tête,
Dès lors que mon mal connaissez,
Un voil, qui mon esprit tempête,
Qu'en aucun temps vous ne laissez.
D'aise et de bien j'avais assez
Tandis qu'était mon feu secret :
Mais l'avoir su ; me sont baissés
Vos beaux yeux, dont j'ai grand regret.
L'œil, qui est d'amour capitaine,
Allait ma vie gouvernant ;
Où dois-je marcher maintenant,
Sans ma lumière souveraine ?
Ô dame, qu'il m'est outrageux
Ce voile aux beaux yeux ombrageux.
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PAr soleil
voile prendre, ou par ombreux hivers
Je ne vous vis Madame, oncques de cette sorte
Si n'est ayant connu ce désir que je porte
Qui tous autres plaisirs me rend durs et divers.
Tant que je vous servais de pensements couverts
Qui nourrissaient mon âme amoureusement morte,
J'ai vu à ma pitié votre beauté conforte,
Jusqu'à ce que mes vœux vous furent découverts.
Mais lors me furent tôt vos blonds cheveux
voilés.
Le regard de vos yeux quand et quand recelez
Privant ma liberté de sa grâce première.
Ainsi cruellement ce voile me gouverne,
Et pour ma mort, ou soit qu'il échauffe ou hiverne.
De vos yeux excellents n'empêche la lumière.
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Dame je
n'ai sans voile onc ton visage
Ni par Soleil, pu voir, ni par ombrage ;
Dès qu'en moi as le grand désir connu,
Pour qui nul autre en mon cœur est reçu,
Quand je tenais les plaisantes pensées,
Que par désir l'esprit tenait célées,
Je vis ton front pitoyable vers moi,
Mais dès qu'Amour me découvrait à toi,
Lors ta blondeur fut du voile vêtue,
Et prise à soi fut l'amoureuse vue ;
Ce qu'en toi plus j'aimais voir m'est ôté ;
Du maître voile, ainsi suis-je traité,
Qui pour ma mort tant au chaud qu'en froidure
De vos beaux yeux la clarté rend obscure.
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»» texte original
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««« ~#~ »»»
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COMMENTAIRE DE
MALDEGHEM : Le Poète se plaint par cette chanson du voile de
Madame Laure lequel dès l'heure qu'elle s'était
aperçue de son amour, a toujours tenu caché son beau
visage & ses beaux yeux. |
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