DOlci ire dolci sdegni & dolci paci
dolce mal dolce affanno &
dolce peso
dolce parlare & dolcemente inteso
or didolce ora or pien didolci faci
alma non ti lagnar ma soffra & taci
& tempra il dolce amaro che na offeso
col dolce honor che damar quello ai preso
a chui io dissi tu sola mipiaci
F orse ancor fia chi sospirando dica
tinto di dolce inuidia assai sostenne
per bellissimo amor questi al suo tempo
altro o fortuna agliocchi mei nimica
per che non lavidio per che non uenne
ella piu tardi ouero io piu per tempo
O
doux desdains, doux
debas, douces
paix,
Doux mal &
peine,
& doux pleur respandu,
Et doux
parler, doulcement
entendu,
Qui d’un
doux uent & doux feu me repais:
Ne
plains plus ame, ains
endure, & te
tais,
Trempant le doux
d’amertume
offendu,
Auec
l’honneur,
que celle t’ha
rendu,
A qui ie
dis, sans autre tu
me plais.
Quelqu’un
(peult
estre) un iour de nous
dira:
Vn uray amour cestuy cy
martyra,
L’autre, o
fortune enuieuse à mes yeux!
Que
n’ai ie ueu ce
beau diuin regard?
Que n’ai
ie esté, o mes
ans ennuyeux,
Plus tost au
monde? ou donc elle plus
tard?
Doulx de ces yeux le
traict, qui me
foudroye:
Doulce l’ardeur
d’un tel feu
alumee:
Doulx le desir de chose tant aymee:
Et doulx l’espoir
de tant heureuse proye.
Doulce l’erreur, qui veult que ie me croye
Contre le vray: & doulce la fumee
Du songe faux, aussi tost
consumee,
Que le dormir brieuement le m’ottroye.
Doulx les desdains,
doulce peine soufferte
En bien aymant, Mais
ô tresdoulce perte
De liberté pour son ingratitude.
Le grand Romain,
qui ayma mieux s’occire,
Que viure serf, ne
craindroit pas d’eslire
Souz si doulx ioug si doulce seruitude.
Doulx fut le traict,
qu’amour hors de
sa trousse,
Pour me tuer me tira doulcement,
Quand ie fuz pris au doulx commencement
D’vne doulceur si
doulcettement doulce.
Doulx est son ris,
& sa voix qui me poulse
L’ame du
corps,
pour errer lentement,
Deuant son chant marié gentement
Auec mes vers animez de son poulce.
Telle doulceur de sa voix coulle
à bas,
Que sans l’ouir
vrayment on ne scayt pas,
Comme en ses retz amour nous encordelle.
Sans l’ouir
di-ie amour mesme enchanter,
Doulcement rire, &
doulcement chanter,
Et moy mourir doulcement aupres d’elle.
Doux
dedain, douce paix
qu’un doux
courroux ameine,
Doux regard, doux maintiẽ,
doux parler,
beauté douce,
Doux
trait, que dãs mõ
cueur Amour
doucemẽt pousse,
Douceur,
du doux brazier de l’amour, toute pleine.
Ame
defache toy, cesse ta
plainte uaine,
Et plus contre ton heur
folle ne te courrouce,
Mais remercie
Amour,
qui choisit dans sa trousse,
Le trait,
qui d’un doux
coup te tient en douce peine.
Peut
estre, un iour quelcun
piqué de douce enuie
En soupirant dira.
Qu’en
une douce flame
D’une
tresdouce amour,
cét home usa sa uie!
O
beauté seul honeur de la
race mortelle,
(Dira
l’autre) pour quoy du tems de cette dame
Ne
naqui-ie, ou pour quoy du
mien ne naquit elle!
O doux dedain,
doux feu, douce
bataille,
Doux desespoir, pleurs
versez doucement,
Gentil parler entendu gentiment,
Qui me guerroie & d’estoc, & de taille.
O doux trauaux,
doux mal, douce
tenaille,
Douces amours, doux
souci, doux
tourment,
Douce rigueur douce cruellement,
Douce beauté que ma Clion émaille.
O doux liens,
ô douce cruauté,
Douce langueur, douce
captiuité,
Doux chantz, doux
ris, doux cheueux mon
dommage,
Tout ce qui vient de vous est
doucereux,
Hors mis, mon
Cueur, la clarté
de voz yeux,
Voz yeux tyrans du plus beau de mon age.
il se félicite de ses tourments.
Ô douces colères, doux dédains et douces trêves, doux mal, doux tourment et doux fardeau, paroles douces et doucement entendues, pleine tantôt d’une douce fraîcheur, tantôt de douces flammes !
Ô mon âme, ne te lamente pas, mais souffre en silence et tempère la douce amertume qui nous a outragés, en pensant à la douce gloire que tu as d’aimer celle à qui j’ai dit : Toi seule me charmes.
Peut-être se trouvera-t-il quelqu’un qui, ému d’une douce envie, dira en soupirant : Celui-ci en son temps a beaucoup souffert pour avoir si bien aimé.
Un autre dira : Ô Fortune à mes yeux contraire ! pourquoi n’ai-je pu la voir ? pourquoi n’est-elle pas venue plus tard, ou pourquoi ne suis-je pas né plus tôt ?
O
doux desdains, doux
debas, douces
paix,
Doux mal &
peine,
& doux pleur respandu,
Et doux
parler, doulcement
entendu,
Qui d’un
doux uent & doux feu me repais:
Ne
plains plus ame, ains
endure, & te
tais,
Trempant le doux
d’amertume
offendu,
Auec
l’honneur,
que celle t’ha
rendu,
A qui ie
dis, sans autre tu
me plais.
Quelqu’un
(peult
estre) un iour de nous
dira:
Vn uray amour cestuy cy
martyra,
L’autre, o
fortune enuieuse à mes yeux!
Que
n’ai ie ueu ce
beau diuin regard?
Que n’ai
ie esté, o mes
ans ennuyeux,
Plus tost au
monde? ou donc elle plus
tard?
Doulx de ces yeux le
traict, qui me
foudroye:
Doulce l’ardeur
d’un tel feu
alumee:
Doulx le desir de chose tant aymee:
Et doulx l’espoir
de tant heureuse proye.
Doulce l’erreur, qui veult que ie me croye
Contre le vray: & doulce la fumee
Du songe faux, aussi tost
consumee,
Que le dormir brieuement le m’ottroye.
Doulx les desdains,
doulce peine soufferte
En bien aymant, Mais
ô tresdoulce perte
De liberté pour son ingratitude.
Le grand Romain,
qui ayma mieux s’occire,
Que viure serf, ne
craindroit pas d’eslire
Souz si doulx ioug si doulce seruitude.
Doulx fut le traict,
qu’amour hors de
sa trousse,
Pour me tuer me tira doulcement,
Quand ie fuz pris au doulx commencement
D’vne doulceur si
doulcettement doulce.
Doulx est son ris,
& sa voix qui me poulse
L’ame du
corps,
pour errer lentement,
Deuant son chant marié gentement
Auec mes vers animez de son poulce.
Telle doulceur de sa voix coulle
à bas,
Que sans l’ouir
vrayment on ne scayt pas,
Comme en ses retz amour nous encordelle.
Sans l’ouir
di-ie amour mesme enchanter,
Doulcement rire, &
doulcement chanter,
Et moy mourir doulcement aupres d’elle.
Doux
dedain, douce paix
qu’un doux
courroux ameine,
Doux regard, doux maintiẽ,
doux parler,
beauté douce,
Doux
trait, que dãs mõ
cueur Amour
doucemẽt pousse,
Douceur,
du doux brazier de l’amour, toute pleine.
Ame
defache toy, cesse ta
plainte uaine,
Et plus contre ton heur
folle ne te courrouce,
Mais remercie
Amour,
qui choisit dans sa trousse,
Le trait,
qui d’un doux
coup te tient en douce peine.
Peut
estre, un iour quelcun
piqué de douce enuie
En soupirant dira.
Qu’en
une douce flame
D’une
tresdouce amour,
cét home usa sa uie!
O
beauté seul honeur de la
race mortelle,
(Dira
l’autre) pour quoy du tems de cette dame
Ne
naqui-ie, ou pour quoy du
mien ne naquit elle!
O doux dedain,
doux feu, douce
bataille,
Doux desespoir, pleurs
versez doucement,
Gentil parler entendu gentiment,
Qui me guerroie & d’estoc, & de taille.
O doux trauaux,
doux mal, douce
tenaille,
Douces amours, doux
souci, doux
tourment,
Douce rigueur douce cruellement,
Douce beauté que ma Clion émaille.
O doux liens,
ô douce cruauté,
Douce langueur, douce
captiuité,
Doux chantz, doux
ris, doux cheueux mon
dommage,
Tout ce qui vient de vous est
doucereux,
Hors mis, mon
Cueur, la clarté
de voz yeux,
Voz yeux tyrans du plus beau de mon age.
il se félicite de ses tourments.
Ô douces colères, doux dédains et douces trêves, doux mal, doux tourment et doux fardeau, paroles douces et doucement entendues, pleine tantôt d’une douce fraîcheur, tantôt de douces flammes !
Ô mon âme, ne te lamente pas, mais souffre en silence et tempère la douce amertume qui nous a outragés, en pensant à la douce gloire que tu as d’aimer celle à qui j’ai dit : Toi seule me charmes.
Peut-être se trouvera-t-il quelqu’un qui, ému d’une douce envie, dira en soupirant : Celui-ci en son temps a beaucoup souffert pour avoir si bien aimé.
Un autre dira : Ô Fortune à mes yeux contraire ! pourquoi n’ai-je pu la voir ? pourquoi n’est-elle pas venue plus tard, ou pourquoi ne suis-je pas né plus tôt ?
textes
originaux
[R]
En ligne le 27/03/20.
Dernière révision le 05/01/25.