Pierre LE LOYER (1550-1634)
N’espérer qu’une paix…
Le Préam­bule des
innom­brables
Érotopégnie,
Paris, Abel L’Angelier, 1576.
ouvrir sur Gallica : Premier Livre, Sonnets, VII, f° 2v°.

N’esperer qu’vne paix, & viure en vne guerre,
Ne pourchasser ma grace & demander merci,
Paroistre de douleur & de ioye transi,
M’enlasser d’vn lien qui iamais ne se serre:

Voler iusques aux cieux & demeurer en terre,
Me captiuer moymesme, & m’eslargir aussi,
Chercher mon passetemps, & n’auoir que souci,
Estre plus dur qu’vn roc, & plus fresle qu’vn verre:

M’armer de patience, & enrager tout vif,
Viure tantost heureux, tantost pauure chetif,
Brusler à petit feu, & geler en la glace,

Ma propre volonté changer en vn moment,
Ce sont les passions que i’endure en aimant
Ma Flore, qui m’a prins par les rais de sa face.

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N’eſperer qu’vne paix, & viure en vne guerre,
Ne pourchaſſer ma grace & demander merci,
Paroiſtre de douleur & de ioye tranſi,
M’enlaſſer d’vn lien qui iamais ne ſe ſerre:

Voler iuſques aux cieux & demeurer en terre,
Me captiuer moymeſme, & m’eſlargir außi,
Chercher mon paſſetemps, & n’auoir que ſouci,
Eſtre plus dur qu’vn roc, & plus freſle qu’vn verre:

M’armer de patience, & enrager tout vif,
Viure tantoſt heureux, tantoſt pauure chetif,
Bruſler à petit feu, & geler en la glace,

Ma propre volonté changer en vn moment,
Ce ſont les paßions que i’endure en aimant
Ma Flore, qui m’a prins par les rais de ſa face.

 

En ligne le 09/04/05.
Dernière révision le 10/09/25.