HUGUES SALEL.
Olivier de Magny avait pleuré la mort d’Hugues Salel avant celle de Mellin de Saint-Gelais [1]. Ces trois Poètes étaient amis, et s’encensaient mutuellement. Salel qui a mérité aussi les éloges de Clément Marot, naquit à Casals en Quercy vers l’an 1504. On ne sait rien de sa famille, ni de sa première éducation. Livré de bonne heure à la passion des vers, qui saisit si violemment ceux qui sont nés pour la poésie, ce fut par là qu’il se fit connaître. Ce talent lui acquit l’estime et l’affection du Roi Francois Ier qui l’honora de la qualité de son Poète, et le combla de biens. Comme il avait embrassé l’État Ecclésiastique, il eut de la libéralité de ce Prince plusieurs bénéfices, entre autres l’Abbaye de Saint-Chéron, Ordre de saint Augustin, Congrégation de France, dans le Faubourg de Chartres. […]
Après la mort de Francois Ier arrivée le 31 mars 1547, il se retira sans son Abbaye de Saint-Cheron, pour y passer le reste de sa vie dans le repos et la tranquillité. Ce fut en ce lieu qu’il mourut après une longue maladie, l’an 1553, âgé de quarante-neuf ans et six mois. Je n’ai pas trouvé de date plus précise. Il vivait encore à la fin de mars de l’année que je viens de citer, puisque l’Épître par laquelle Olivier de Magny lui adresse ses Amours est datée de Paris le 27 mars 1553. Magny y souhaitait à Salel une parfaite santé, très longue et très heureuse vie : il ne comptait pas que son ami fût si près de la mort. […] Pierre de Paschal, Gentilhomme de Languedoc, Historiographe du Roi, composa pour Salel une Épitaphe en prose latine, qui nous instruit d’une partie des faits que vous venez de lire ; et Olivier de Magny, dans sa pièce intitulée, l’Ombre de Salel à M. d’Avanson, en fait faire par le Poète des remerciements à Paschal. Étienne Jodelle et Claude Binet ont consacré à la mémoire du même deux autres Épitaphes en vers français : voici celle de Jodelle : c’est Salel qui parle.
Quercy m’a engendré,
les neuf sœurs m’ont appris,
Les Rois m’on enrichi, Homère
m’éternise,
La Parque maintenant le corps mortel a pris,
Ma vertu dans les Cieux, l’âme immortelle a mise,
Donc ma seule vertu m’a plus de vie acquise,
Plus de divin savoir, plus de richesse aussi,
Et plus d’éternité, que n’ont
pas fait ici
Quercy, les sœurs, les Rois, l’Iliade entreprise.
[…]
L’abbé GOUJET,
Bibliothèque française,
ou Histoire de la
Littérature française,
tome XII, 1748, pp. 1-3
[Gallica, NUMM-50655, PDF_4_6]
(texte modernisé).
Notes
[1] La « vie » de Hugues Salel fait suite, au début du tome XII de la Bibliothèque de l’abbé Goujet, à celle de Mellin de Saint-Gelais qui termine le tome XI.
c’est une peine
Qui
grand travail, et peu d’honneur amène
(Car quoi que fasse un parfait traducteur,
Toujours l’honneur retourne à
l’inventeur)
Liens
Étude
* On peut lire, sur la « Chasse royale » de Salel, Poétique de la diplomatie : Hugues Salel et l’entrée de Charles Quint en France (1539-1540), un article de John Nassichuk paru en 2002 dans le n° 55 du Bulletin de l’Associations d’étude sur l’Humanisme, la Réforme et la Renaissance, publiée sur Persée, portail de publication électronique de revues scientifiques en sciences humaines et sociales.
Édition en ligne
* Une version
électronique des
dix
premiers livres de L’Iliade
traduits par Salel est en ligne sur le site
Iliade
Odyssée : textes, site
consacré aux
traductions
en français de l’Iliade
et de l’Odyssée
à travers les siècles.
Liens valides au 11/09/24.
En ligne le 01/07/13.
Dernière révision le 11/09/24.