Hugues SALEL (1504-1553)
Pour récréer…
Paris, Étienne Roffet, 1540.

POur recreer l’esprit desconforté
Du grand trauail & malheur supporté,
Et pour chasser la tristesse ennuyeuse,
En regardant quelque chose ioyeuse

Ayant dormy vng soir profondement,
Nouueau penser vint mon entendement
Solliciter, affin de me conduire
Sur le matin aux champs pour me deduyre,

L’esprit qui lors n’auoit autre desir
Que de bannyr loing de soy desplaisir
En fut content, dont tost apres m’en voys,
Tout le beau pas dedans vng petit boys
Plaisant à l’oeil tant pour le verd fueillage
Qui le couuroit, que pour le fraiz vmbraige.

En ce beau lieu la chaleur transpercante
Du cler Phebus, ne feit oncques descente,
Car l’espesseur des grands arbres sans nombre
Gardoit le lieu, qu’on ny auoit qu’une vmbre,
Vmbre plaisante, & matin, & serée,
Ou l’on sentoit froidure moderée.

Droict au meillieu sortoit vne fontaine
D’ung vif rocher, gectant eau clere & saine,
Dou procedoit vng cristalin ruisseau,
Autour duquel, maint petit arbrisseau
Estoit posé, tant plaisant que merueille.

Encores myeulx pour contenter l’aureille,
Y eust d’oyseaulx à grandes assemblées,
Qui par leurs voix & chancons redoublées
Rendoient vng son si plaisant à l’ouyr,
Qu’ung triste cueur s’en deuoit resiouyr.

[…] 

On peut cliquer sur certains mots pour voir les épithètes de Maurice de La Porte
 
 

POur recreer l’eſprit deſconforté
Du grand trauail & malheur ſupporté,
Et pour chaſſer la triſteſſe ennuyeuſe,
En regardant quelque choſe ioyeuſe

Ayant dormy vng ſoir profondement,
Nouueau penſer vint mon entendement
Solliciter, affin de me conduire
Sur le matin aux champs pour me deduyre,

L’eſprit qui lors n’auoit autre deſir
Que de bannyr loing de ſoy deſplaiſir
En fut content, dont toſt apres m’en voys,
Tout le beau pas dedans vng petit boys
Plaiſant à l’oeil tant pour le verd fueillage
Qui le couuroit, que pour le fraiz vmbraige.

En ce beau lieu la chaleur tranſpercante
Du cler Phebus, ne feit oncques deſcente,
Car l’eſpeſſeur des grands arbres ſans nombre
Gardoit le lieu, qu’on ny auoit qu’une vmbre,
Vmbre plaiſante, & matin, & ſerée,
Ou l’on ſentoit froidure moderée.

Droict au meillieu ſortoit vne fontaine
D’ung vif rocher, gectant eau clere & ſaine,
Dou procedoit vng criſtalin ruiſſeau,
Autour duquel, maint petit arbriſſeau
Eſtoit poſé, tant plaiſant que merueille.

Encores myeulx pour contenter l’aureille,
Y euſt d’oyſeaulx à grandes aſſemblées,
Qui par leurs voix & chancons redoublées
Rendoient vng ſon ſi plaiſant à l’ouyr,
Qu’ung triſte cueur ſ’en deuoit reſiouyr.

[…] 

 

En ligne le 14/01/24.
Dernière révision le 11/09/24.