Je vois, je ne vois rien :
je parle, et mot ne sonne :
Je tiens, et ne tiens rien :
j’aime trop ma personne,
Et si ne l’aime point :
je suis discret et lourd.
ELOGE DE SIMON GOULART
senlisien
SIMON GOULART SENLISIEN ayant employé lx années, de lxxxvi qu’il a vécues à précher la vérité à Genève, rempli l’Europe de plusieurs livres, en la doctrine et multiplicité desquels chacun admire celle des dons qu’il avait reçus du ciel, cependant toujours fourni à sa charge, jusques à la dernière semaine de sa vie : les sept jours du silence de sa chaire remplacés par l’École de son chevet : enfin en une saison où les siens avaient besoin d’exemple de constance, il a justifié ses écrits sur le mépris de la mort par ses contenances joyeuses et propos d’exultation continués parmi les hoquets et derniers fumeaux :
Ainsi la mort le délivre
Plein de joie et nous d’ennui,
Lui rassasié de vivre
Et nous affamé de
lui.
Agrippa D’AUBIGNÉ,
Petites Œuvres mêlées,
Genève, Pierre Auber, 1630, p. 175
[Gallica, NUMM-70873, PDF_194]
(texte modernisé).
La mouche domestique et moi
nous ressemblons
SIMON GOULART
La Religion est pareillement l’objet des Poésies de Simon Goulart, et de Roland Mangin de Marisy, tous deux ministres de la Religion prétendue Réformée. Du Verdier, dans sa Bibliothèque, donne au premier un recueil de Sonnets Chrétiens accommodés à la Musique d’Orlando Bony et Bertrand, à quatre parties. Le Père Nicéron cite de même, les Imitations Chrétiennes. XII Odes. Suite des Imitations Chrétiennes contenant 2 Livres de Sonnets. Le tout imprimé dès 1574 in-8° avec les Poèmes Chrétiens de B. de Montmeja. Le père Nicéron a oublié ses Quatrains tirés de Sénèque, son Censeur Chrétien, ses trois discours contre la Prophanité, l’Athéisme, et l’incrédulité. Je ne répéterai point ce que j’en ai dit dans un autre endroit, où j’ai suffisamment détaillé ce dernier Recueil imprimé en 1608. J’ai aussi parlé de ses Notes sur Du Bartas, et quelques autres de nos Poètes. Goulart s’est exercé dans presque tous les genres d’écrire.
Il était de Senlis, où il naquit le 20 Octobre 1543. Attaché au Calvinisme, il fit ses études de Théologie à Genève, y fut fait Ministre le 20 Octobre 1566, et en exerça l’emploi pendant 66 ans dans la même Ville. Il y mourut le 3e de Février 1628 âgé de 85 ans, ayant toujours joui jusque-là d’une santé parfaite.
L’abbé GOUJET,
Bibliothèque française,
ou Histoire de la Littérature
française,
tome XV, 1753, pp. 46-47
[Gallica, NUMM-50658, PDF_102_103]
(texte modernisé).
De respirer je n’ai
à peine le loisir
Pour les mots infinis
dont ma langue est féconde
Liens
Éléments biographiques
* À l’occasion de la parution chez Droz en 2013 des actes du colloque Simon Goulart qui s’est tenu à l’Université de Genève en 2005, le journal Le Temps publie « Simon Goulart, pasteur endiablé » entretien du journaliste Ph. Simon avec l’éditeur des actes, O. Pot.
Études en ligne
* On peut télécharger au format PDF plusieurs études de Stéphanie Aubert Gillet consacrées à la poésie de Simon Goulart depuis une page de Calliope chrestienne, base de données consacrée aux poètes protestants ayant séjourné ou publié en Suisse entre 1530 et 1620, par exemple « Les Imitations Chrestiennes de Simon Goulart : une réécriture réformée de l’Olive » (1999).
Liens valides au 09/05/21.
En ligne le 25/06/06.
Dernière révision le 17/05/21.