Hor,
che’l
Ciel, e la
terra,
e’l vento
tace,
E le fiere, e gli Augelli
il sonno affrena,
Notte’l carro
stellato in giro mena,
E nel suo letto il Mar senz’onda
giace,
Vegghio,
penso,
ardo,
piango, e chi mi
sface,
Sempre m’è
innanzi per mia dolce pena:
Guerra è’l
mio stato
d’ira, e di duol
piena,
E sol di lei pensando,
hò qualche pace.
Così sol
d’vna
chiara fonte viua
Muoue’l
dolce, e
l’amaro,
ond’io mi pasco:
Vna man sola mi risana, e
punge:
E perche’l
mio martir non giunga a riua,
Mille volte il di moro, e
mille nasco,
Tanto da la salute mia son lunge.
Or
que le Ciel,
Terre,
et Vent est
paisible,
Et que sommeil tout
animal démène,
La nuit
le char étoilé en tour
mène,
Qu’en son lit
est la mer sans flots taisible,
Je
veille,
ards, pense et
pleure : et m’est
visible
Ce qui
m’occit, pour ma
très-douce peine :
Mon état est
guerre d’ire et
deuil pleine,
Et paix
trouver,
qu’y
pensant,
n’est possible.
Donc
seulement d’une
source très-vive
Doux et amer
sort, dont
me vais paissant :
Une main
seule, et me
guérit et point :
Et
puis afin que mon mal n’aille
à rive,
Cent fois le jour suis
mourant et naissant,
Tant loin je suis de mon
salut déjoint.
Ores
se tait le ciel, et tout le
monde,
Fères, oiseaux
le doux sommeil refrène,
Ores la nuit son
voûté char pourmène,
Et dans son lit se dort la
mer sans onde.
Mais
plus en moi ores tout deuil abonde,
Et en esprit je vois ma
souveraine,
De tous ennuis est ma
pensée pleine,
S’il
n’est quand elle
en la belle se fonde.
Ainsi
l’amer vient de
la source même,
Que fait le
doux, et par même
raison
Tout d’une
main j’ai plaie
et
guérison.
Et
en souffrant toujours martyre extrême,
Je meurs le jour et renais
mille fois,
Quand si lointain de mon
bien je me vois.
LORSQUE
tous cois sont terre et ciel et vent,
E t qu’animaux le doux sommeil enserre,
E t que de nuit ce char en rondeur erre,
E t qu’en son lit la mer va reposant,
J e vois, je pense, et
brûle, et suis pleurant,
E t tout objet m’est pour peine et pour
guerre,
D essus mon cœur Amour ses traits
desserre,
N’ayant repos que d’un seul pensement.
E t tout ainsi d’une
fontaine naît
L’aigre et le doux,
dont mon âme se paît,
E t un seul bras me guérit et me blesse.
E t puis, afin que mon martyre
dure,
L e Destin veut que je naisse et je meure
C ent fois le jour pour n’avoir jamais cesse.
Le Ciel,
la terre, et
l’haleine des
vents
Étaient tenus d’un
paisible silence,
Et tout oiseau qui parmi l’air
s’élance,
Et par les bois tous animaux vivant.
La Nuit menait ses feux
étincelants
En son beau Char : de Vénus la naissance
En son grand lit gisait sans violence,
Et doucement ses flots allaient roulant.
Le doux Sommeil arrosait toute
chose,
Non ma paupière,
ah ! elle ne fut close
Tant que Phébé guida ses noirs chevaux.
Votre portrait qui dans mes yeux
séjourne,
Qui comme il veut me tourne et me retourne,
Me fit souffrir mille et mille travaux.
ORes
que ciel et terre et le vent se repose :
Que le chant de l’oiseau
se restreint et réfrène,
Que le char étoilé la nuit ne se
promène,
Et qu’en son lit
la mer sans onde se compose :
Je vois,
je pense, j’ards,
et qui détruire m’ose
Est toujours devant moi pour objet de ma peine,
La guerre est mon état du deuil et d’ire
pleine,
Et d’elle au seul
penser j’ai de
paix quelque chose.
D’une
même fontaine et d’une
source vive
Provient cet aigre,
doux, duquel je me
repais,
Et même main me blesse en laquelle j’amende.
Mais afin que mon mal ne soit joint
à la rive,
Cent fois le jour je meurs,
et cent fois je renais,
Tant je suis près et loin de ce que je demande.
Ores les airs et la terre
et les Cieux
Panchent leur front au giron du Silence,
Ores le Somme ès flots de l’oubliance
Trempe le soin des hommes et des Dieux.
Ores la Nuit de son char radieux
Par l’Horizon les
deux brides élance,
Où mainte flamme,
en diverse cadence,
Brille en tournant d’un
pied laborieux.
En terre,
aux Cieux, en
l’onde tout
repose,
Tout seul je veille, et
tout seul je dispose
Mon âme au choc de cent mille travaux :
Et pour Dictame,
au souci qui m’affole,
J’ai dans mes
yeux incessamment l’Idole
De la beauté qui me fait tant de maux.
il souffre et ne peut guérir d’une souffrance qu’il chérit.
Maintenant que le ciel, la terre et les vents se taisent ; que les bêtes sauvages et les oiseaux sont arrêtés par le sommeil ; que la nuit, sur son char étoilé, accomplit son circuit, et que la mer repose sans vagues dans son lit ;
Je regarde, je pense, je brûle, je pleure, et celle qui me fait mourir est sans cesse devant moi pour mon tourment qu’elle adoucit pourtant ; la guerre est ma condition, guerre pleine de colère et de douleur ; et je n’ai quelque repos qu’en pensant à elle.
Ainsi c’est de la même fontaine claire et vive que vient toute la douceur et l’amertume dont je me nourris : c’est la même main qui me guérit et me perce.
Et pour que mon martyre n’arrive pas à sa fin, mille fois par jour je meurs, et mille fois je renais, tant je suis éloigné de ma guérison.
Or
que le
Ciel,
Terre,
et Vent est
paisible,
Et que sommeil tout
animal démène,
La nuit
le char étoilé en tour
mène,
Qu’en
son lit est la mer sans flots taisible,
Je
veille,
ards, pense et
pleure : et m’est
visible
Ce qui
m’occit, pour ma
très-douce peine :
Mon état est
guerre d’ire et
deuil pleine,
Et paix
trouver,
qu’y
pensant,
n’est possible.
Donc
seulement d’une
source très-vive
Doux et amer
sort, dont me vais
paissant :
Une main
seule, et me
guérit et point :
Et
puis afin que mon mal n’aille
à rive,
Cent fois le jour suis
mourant et naissant,
Tant loin je suis de mon
salut déjoint.
Ores
se tait le ciel, et tout le
monde,
Fères, oiseaux
le doux sommeil refrène,
Ores la nuit son
voûté char pourmène,
Et dans son lit se dort la
mer sans onde.
Mais
plus en moi ores tout deuil abonde,
Et en esprit je vois ma
souveraine,
De tous ennuis est ma
pensée pleine,
S’il
n’est quand elle
en la belle se fonde.
Ainsi
l’amer vient de
la source même,
Que fait le
doux, et par même
raison
Tout d’une
main j’ai plaie
et guérison.
Et
en souffrant toujours martyre extrême,
Je meurs le jour et renais
mille fois,
Quand si lointain de mon
bien je me vois.
LORSQUE
tous cois sont terre et ciel et vent,
E t qu’animaux le doux sommeil enserre,
E t que de nuit ce char en rondeur erre,
E t qu’en son lit la mer va reposant,
J e vois, je pense, et
brûle, et suis pleurant,
E t tout objet m’est pour peine et pour
guerre,
D essus mon cœur Amour ses traits
desserre,
N’ayant repos que d’un seul pensement.
E t tout ainsi d’une
fontaine naît
L’aigre et le doux,
dont mon âme se paît,
E t un seul bras me guérit et me blesse.
E t puis, afin que mon martyre
dure,
L e Destin veut que je naisse et je meure
C ent fois le jour pour n’avoir jamais cesse.
Le Ciel,
la terre, et
l’haleine des
vents
Étaient tenus d’un
paisible silence,
Et tout oiseau qui parmi l’air
s’élance,
Et par les bois tous animaux vivant.
La Nuit menait ses feux
étincelants
En son beau Char : de Vénus la naissance
En son grand lit gisait sans violence,
Et doucement ses flots allaient roulant.
Le doux Sommeil arrosait toute
chose,
Non ma paupière,
ah ! elle ne fut close
Tant que Phébé guida ses noirs chevaux.
Votre portrait qui dans mes yeux
séjourne,
Qui comme il veut me tourne et me retourne,
Me fit souffrir mille et mille travaux.
ORes
que ciel et terre et le vent se repose :
Que le chant de l’oiseau
se restreint et réfrène,
Que le char étoilé la nuit ne se
promène,
Et qu’en son lit
la mer sans onde se compose :
Je vois,
je pense, j’ards,
et qui détruire m’ose
Est toujours devant moi pour objet de ma peine,
La guerre est mon état du deuil et d’ire
pleine,
Et d’elle au seul
penser j’ai de
paix quelque chose.
D’une
même fontaine et d’une
source vive
Provient cet aigre,
doux, duquel je me
repais,
Et même main me blesse en laquelle j’amende.
Mais afin que mon mal ne soit joint
à la rive,
Cent fois le jour je meurs,
et cent fois je renais,
Tant je suis près et loin de ce que je demande.
Ores les airs et la terre
et les Cieux
Panchent leur front au giron du Silence,
Ores le Somme ès flots de l’oubliance
Trempe le soin des hommes et des Dieux.
Ores la Nuit de son char radieux
Par l’Horizon les
deux brides élance,
Où mainte flamme,
en diverse cadence,
Brille en tournant d’un
pied laborieux.
En terre,
aux Cieux, en
l’onde tout
repose,
Tout seul je veille, et
tout seul je dispose
Mon âme au choc de cent mille travaux :
Et pour Dictame,
au souci qui m’affole,
J’ai dans mes
yeux incessamment l’Idole
De la beauté qui me fait tant de maux.
il souffre et ne peut guérir d’une souffrance qu’il chérit.
Maintenant que le ciel, la terre et les vents se taisent ; que les bêtes sauvages et les oiseaux sont arrêtés par le sommeil ; que la nuit, sur son char étoilé, accomplit son circuit, et que la mer repose sans vagues dans son lit ;
Je regarde, je pense, je brûle, je pleure, et celle qui me fait mourir est sans cesse devant moi pour mon tourment qu’elle adoucit pourtant ; la guerre est ma condition, guerre pleine de colère et de douleur ; et je n’ai quelque repos qu’en pensant à elle.
Ainsi c’est de la même fontaine claire et vive que vient toute la douceur et l’amertume dont je me nourris : c’est la même main qui me guérit et me perce.
Et pour que mon martyre n’arrive pas à sa fin, mille fois par jour je meurs, et mille fois je renais, tant je suis éloigné de ma guérison.
textes
modernisés
[R]
En ligne le 03/04/16.
Dernière révision le 09/02/25.