Solo,
e pensoso i piu deserti campi
Vò misurando a passi tardi,
e lenti,
E gliocchi porto per fuggire intenti,
Oue vestigio human la rena stampi.
Altro schermo non
trouo, che mi scampi
Dal manifesto accorger de le genti:
Perche ne gliatti d’allegrezza
spenti
Di fuor si legge,
com’io dentro
auampi:
Si,
ch’io mi credo
homai,
che
monti, e piagge
E fiumi, e selue
sappian, di che tempre
Sia la mia vita ch’e
celata altrui.
Ma pur si aspre vie,
ne si seluagge
Cercar non sò,
ch’Amor non venga
sempre
Ragionando con meco,
& io con lui.
Seul
et pensif ces champs et vert coteau
Vais mesurant pas
à pas lentement,
Et des humains je fuis
l’assemblement :
Mais tel fuir pourtant rien
ne me vaut.
Au
fort ainsi gouverner il me faut,
Pour ne montrer aux gens
mon gref tourment.
Vu
qu’à
me voir on lit dehors comment
Toujours
j’endure au
dedans un feu chaud.
Je
crois qu’ici
meshui il n’y a
plaine,
Ni mont,
ni bois, qui ne
sachent l’usage
Que tient ma vie
à autrui incertaine.
Mais
je ne sais chercher lieu tant sauvage,
Qu’amour
toujours ne m’y
suive en volant,
Et l’un
à l’autre
ensemble allons parlant.
Solitaire
et pensif par les lieux plus sauvages,
Où des hommes le
train moins se montre à mes yeux,
Seul je vas
dégorgant mon travail ennuyeux,
Or dans les bois
ombreux, or du long des
rivages.
Là, seul je ramentois
celle, qui en sa garde
A mon cœur mon
fuitif, et rendre ne le
veut,
Et,
quand elle voudrait,
qui rendre ne le peut,
Tant humaine la sent mon
traître qu’elle
garde.
Là, tout parle
d’amour,
et n’y
a, ni
ruisseau,
Ni
bête, ni
rocher, ni
pré, ni
arbrisseau,
Qui ne sente avec moi
d’amour quelque
étincelle.
Et
je ne puis aller en déserts si lointains,
(Soit par les lieux plus
bas, soit par les plus
hautains)
Qu’à
cet aveugle dieu tant soit peu je m’y
cèle.
TOut
seul, et en
rêvant au champ plus solitaire
Je mesure mes pas posés appesantifs,
Et fais que mes deux yeux de fuir attentifs
Font que vestige humain ne leur y soit contraire.
Trouver ne m’est
possible autre meilleur repaire,
Pour fuir le soupçon du peuple conceptif,
Car en mes actions par plaisir sensitif
Ce que j’ai dans
le cœur ma face ne peut taire.
Tellement que je crois
qu’il
n’est ni
mont, ni
plaine,
Ni fleuve ni forêt à qui ne soit
certaine,
La trempe de ma vie recelée à autrui.
Mais chercher je ne puis ma vie si
lointaine
Qu’amour ne
m’y attrape et
partout il me traîne,
Parlant toujours à moi,
et moi toujours à lui.
Je vais seul et pensif les champs plus
égarés
Et déserts mesurant d’une
marche tardive,
Et je porte la vue à fuir ententive
La terre, où que
les pieds humains sont figurés.
Je ne sais autre
tour, afin que
séparés
Les hommes soient de moi,
et toute autre âme vive,
Car en mes faits, desquels
rien qu’un
pleurer dérive,
Les chauds traits que je sens au cœur,
sont déclarés.
Tant que d’or’s en
avant je crois que les rivières,
Les montagnes et bois connaissent les manières
De ma vie, et son but
inconnu à autrui.
Toutefois je ne sais chercher tant
âpre voie
Ni sauvage,
qu’Amour toujours
ne me convoie,
Avec moi raisonnant, et moi
avecque lui.
il cherche la solitude ; mais l’amour l’y poursuit.
Seul et pensif je vais mesurant les plus désertes plaines d’un pas lent et négligent, et afin de m’enfuir, je recherche d’un regard attentif les vestiges humains imprimés sur le sable.
Je ne trouve pas d’autre défense pour me dérober à l’attention manifeste des hommes ; car, toute trace de gaieté étant effacée de moi, on lit du dehors la passion qui me consume au dedans.
Aussi je crois bien désormais que les monts et les plaines, et les fleuves et les forêts sauront de quelle trempe est ma vie qui est cachée à autrui.
Mais je ne sais point chercher de routes si âpres ni si sauvages qu’Amour n’y vienne toujours raisonner avec moi, comme moi avec lui.
Seul
et pensif ces champs et vert coteau
Vais mesurant pas
à pas lentement,
Et des humains je fuis
l’assemblement :
Mais tel fuir pourtant rien
ne me vaut.
Au
fort ainsi gouverner il me faut,
Pour ne montrer aux gens
mon gref tourment.
Vu
qu’à
me voir on lit dehors comment
Toujours
j’endure au
dedans un feu chaud.
Je
crois qu’ici
meshui il n’y a
plaine,
Ni mont,
ni bois, qui ne
sachent l’usage
Que tient ma vie
à autrui incertaine.
Mais
je ne sais chercher lieu tant sauvage,
Qu’amour
toujours ne m’y
suive en volant,
Et l’un
à l’autre
ensemble allons parlant.
Solitaire
et pensif par les lieux plus sauvages,
Où des hommes le
train moins se montre à mes yeux,
Seul je vas
dégorgant mon travail ennuyeux,
Or dans les bois
ombreux, or du long des
rivages.
Là, seul je ramentois
celle, qui en sa garde
A mon cœur mon
fuitif, et rendre ne le
veut,
Et,
quand elle voudrait,
qui rendre ne le peut,
Tant humaine la sent mon
traître qu’elle
garde.
Là, tout parle
d’amour,
et n’y
a, ni
ruisseau,
Ni
bête, ni
rocher, ni
pré, ni
arbrisseau,
Qui ne sente avec moi
d’amour quelque
étincelle.
Et
je ne puis aller en déserts si lointains,
(Soit par les lieux plus
bas, soit par les plus
hautains)
Qu’à
cet aveugle dieu tant soit peu je m’y
cèle.
TOut
seul, et en
rêvant au champ plus solitaire
Je mesure mes pas posés appesantifs,
Et fais que mes deux yeux de fuir attentifs
Font que vestige humain ne leur y soit contraire.
Trouver ne m’est
possible autre meilleur repaire,
Pour fuir le soupçon du peuple conceptif,
Car en mes actions par plaisir sensitif
Ce que j’ai dans
le cœur ma face ne peut taire.
Tellement que je crois
qu’il
n’est ni
mont, ni
plaine,
Ni fleuve ni forêt à qui ne soit
certaine,
La trempe de ma vie recelée à autrui.
Mais chercher je ne puis ma vie si
lointaine
Qu’amour ne
m’y attrape et
partout il me traîne,
Parlant toujours à moi,
et moi toujours à lui.
Je vais seul et pensif les champs plus
égarés
Et déserts mesurant d’une
marche tardive,
Et je porte la vue à fuir ententive
La terre, où que
les pieds humains sont figurés.
Je ne sais autre
tour, afin que
séparés
Les hommes soient de moi,
et toute autre âme vive,
Car en mes faits, desquels
rien qu’un
pleurer dérive,
Les chauds traits que je sens au cœur,
sont déclarés.
Tant que d’or’s en
avant je crois que les rivières,
Les montagnes et bois connaissent les manières
De ma vie, et son but
inconnu à autrui.
Toutefois je ne sais chercher tant
âpre voie
Ni sauvage,
qu’Amour toujours
ne me convoie,
Avec moi raisonnant, et moi
avecque lui.
il cherche la solitude ; mais l’amour l’y poursuit.
Seul et pensif je vais mesurant les plus désertes plaines d’un pas lent et négligent, et afin de m’enfuir, je recherche d’un regard attentif les vestiges humains imprimés sur le sable.
Je ne trouve pas d’autre défense pour me dérober à l’attention manifeste des hommes ; car, toute trace de gaieté étant effacée de moi, on lit du dehors la passion qui me consume au dedans.
Aussi je crois bien désormais que les monts et les plaines, et les fleuves et les forêts sauront de quelle trempe est ma vie qui est cachée à autrui.
Mais je ne sais point chercher de routes si âpres ni si sauvages qu’Amour n’y vienne toujours raisonner avec moi, comme moi avec lui.
textes
modernisés
[R]
En ligne le
11/11/23.
Dernière révision le 10/06/24.