Dessus mon corps
ta dent rongeante aiguise,
Fais-moi réduire
en ma première terre
vie de jacques tahureau
Jacques Tahureau, écuyer, sieur de la Chevallerie, naquit en la ville du Mans ; il eut pour père Jacques Tahureau, juge du Maine, descendu de ce fameux connétable de France, Bertrand Du Guesclin, duquel j’ai fait la vie, et pour mère Marie Tiercelin, de la noble et ancienne famille de la Roche du Maine en Poitou.
Comme il était de noble extraction, il eut aussi des inclinations nobles et vertueuses ; il s’adonna, dès sa plus tendre jeunesse, à l’étude des bonnes lettres ; ce qu’il fit d’abord dans l’Université d’Angers, où il éclata merveilleusement, et, après un voyage qu’il fit en Italie, où il observa les mœurs des peuples et apprit la langue du pays, voyant nos poètes français s’inviter les uns les autres à écrire d’Amour, il voulut être de la partie et se mit à composer plusieurs vers amoureux, pour une belle fille qu’il aimait passionnément et dont il chanta les louanges sous le nom de l’Admirée.
Sa poésie, qui était assez jolie et assez mignarde pour le temps, le fit aimer et connaître des plus signalés poètes de son siècle, comme de Ronsard, de Baïf et des autres qui le louèrent hautement, comme à l’envi. Aussi était-il un des plus beaux esprits et des plus adroits gentilhommes de son siècle. Trop heureux s’il se fût maintenu dans la liberté naturelle où le ciel l’avait fait naître, et qu’il ne se fût point abandonné à un funeste mariage ! Je dis funeste, puisque quelques auteurs de son temps n’imputent qu’à ce fâcheux lien la seule et véritable cause de la mort précipitée de ce jeune poète, trop ardent et trop amoureux [1]. Ce fut donc sous le règne de Henry second que la France perdit ce beau génie, c’est-à-dire l’an 1555, âgé de 28 ans seulement, peu de jours après son mariage ; et de son vivant il s’acquit le titre du plus amoureux et du plus délicat des poètes français.
Ses Œuvres poétiques furent imprimées en un volume à Poitiers, l’an 1554, et depuis à Paris et à Lyon, l’an 1574, en deux formes et en deux sortes de lettres, in-8° et in-16, d’italique et de romain […].
« La vie de
Jacques Tahureau par Guillaume Colletet »,
Mignardises amoureuses de
l’Admirée,
Genève, 1868, pp. vii-ix
[Gallica, NUMM-6366801, PDF_8_10]
(texte modernisé).
Notes
[1] Les recherches qui ont été faites n’ont pas appris le nom de cette jeune femme, dans les bras de laquelle le poète s’épuisa et mourut d’amour. […] [note de Blanchemain]
Liens
Étude
* On peut lire, de Claude Faisant, un compte rendu de lecture des Poésies complètes de Tahureau éditées par Trevor Peach en 1984 chez Droz, paru en 1985 dans le n° 21 du Bulletin de l’Association d’étude sur l’humanisme, la réforme et la renaissance, en ligne sur Persée, portail de publication électronique de revues scientifiques en sciences humaines et sociales.
Liens valides au 03/11/24.
En ligne le 21/11/12.
Dernière révision le 13/11/24.