Jacques TAHUREAU
(1527-1555)
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1554 [1574] : En même instant…
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un extrait d’une ode et six sonnets :

Dessus mon corps

ta dent rongeante aiguise,

Fais-moi réduire

en ma première terre

 

 
Guillaume COLLETET

(1598-1659)

 

vie de jacques tahureau

Jacques Tahureau, écuyer, sieur de la Che­val­le­rie, na­quit en la ville du Mans ; il eut pour père Jacques Tahu­reau, juge du Maine, des­cen­du de ce fa­meux conné­table de France, Ber­trand Du Gues­clin, du­quel j’ai fait la vie, et pour mère Marie Tierce­lin, de la noble et ancienne famille de la Roche du Maine en Poi­tou.

Comme il était de noble extrac­tion, il eut aussi des incli­na­tions nobles et ver­tueuses ; il s’adon­na, dès sa plus tendre jeu­nesse, à l’étude des bonnes lettres ; ce qu’il fit d’abord dans l’Uni­ver­si­té d’Angers, où il écla­ta mer­veil­leu­se­ment, et, après un voyage qu’il fit en Ita­lie, où il obser­va les mœurs des peuples et apprit la langue du pays, voyant nos poètes fran­çais s’invi­ter les uns les autres à écrire d’Amour, il voulut être de la par­tie et se mit à com­po­ser plu­sieurs vers amou­reux, pour une belle fille qu’il aimait pas­sion­né­ment et dont il chan­ta les louanges sous le nom de l’Admi­rée.

Sa poé­sie, qui était assez jolie et assez mignarde pour le temps, le fit aimer et connaître des plus signa­lés poètes de son siècle, comme de Ron­sard, de Baïf et des autres qui le louèrent hau­te­ment, comme à l’en­vi. Aus­si était-il un des plus beaux esprits et des plus adroits gen­til­hommes de son siècle. Trop heu­reux s’il se fût main­te­nu dans la liber­té natu­relle où le ciel l’avait fait naître, et qu’il ne se fût point aban­don­né à un fu­neste ma­riage ! Je dis funeste, puisque quelques auteurs de son temps n’imputent qu’à ce fâcheux lien la seule et véri­table cause de la mort préci­pi­tée de ce jeune poète, trop ardent et trop amou­reux[1]. Ce fut donc sous le règne de Hen­ry second que la France per­dit ce beau gé­nie, c’est-à-dire l’an 1555, âgé de 28 ans seu­le­ment, peu de jours après son ma­riage ; et de son vivant il s’acquit le titre du plus amou­reux et du plus déli­cat des poètes fran­çais.

Ses Œuvres poé­tiques furent impri­mées en un volume à Poi­tiers, l’an 1554, et depuis à Paris et à Lyon, l’an 1574, en deux formes et en deux sortes de lettres, in-8° et in-16, d’ita­lique et de ro­main […].

« La vie de Jacques Tahureau par Guillaume Colletet »,
Mignardises amoureuses de l’Admi­rée,
Genève, 1868, pp. vii-ix
[Gallica, NUMM-6366801, PDF_8_10]
(texte modernisé).


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Notes

[1]  Les recherches qui ont été faites n’ont pas appris le nom de cette jeune femme, dans les bras de la­quelle le poète s’épui­sa et mou­rut d’amour. […] [note de Blanche­main]





Liens

Étude

* On peut lire, de Claude Faisant, un compte rendu de lecture des Poésies complètes de Tahureau éditées par Trevor Peach en 1984 chez Droz, paru en 1985 dans le n° 21 du Bulle­tin de l’Asso­cia­tion d’étude sur l’huma­nisme, la réforme et la renais­sance, en ligne sur Persée, portail de publi­ca­tion élec­tro­nique de revues scienti­fiques en sciences humaines et sociales.

Liens valides au 03/11/24.



 


En ligne le 21/11/12.
Dernière révision le 13/11/24.