AVec
les fleurs
et les boutons éclos
Le beau
printemps
fait printaner ma peine,
Dans chaque nerf,
et dedans chaque veine
Soufflant un feu
qui m’ard jusques à
l’os.
Le
Marinier
ne compte tant de flots,
Quand plus Borée
horrible son haleine,
Ni de sablons
l’Afrique
n’est si pleine,
Que de tourments
dans mon cœur
sont enclos.
J’ai tant de
mal,
qu’il me prendrait
envie
Cent fois le jour
de me trancher la vie
Minant le fort
où loge ma
langueur,
Si ce n’était que
je tremble de crainte
Qu’après la
mort
ne fût la plaie
éteinte
Du coup
mortel
qui m’est si doux au
cœur.
Avec les fleurs.) Il dit, que le printemps lui renouvelle sa douleur : et qu’il sent un si grand nombre de maux, que cent fois le jour il lui prendrait envie de se tuer, si n’était qu’il craint, que la mort même ne puisse mettre fin à sa peine [ce commentaire semble erroné : Ronsard ne craint-il pas au contraire que la mort puisse mettre fin à sa peine ? Muret donne à « ne » dans « je tremble de crainte / Qu’après la mort ne fût la plaie éteinte » (second tercet) valeur de négation, alors qu’il peut s’agir d’un explétif. Ce tercet final pourrait s’entendre comme celui de « Ce ne sont qu’haims… » : « …fasse Amour, que mort encore j’aie / L’aigre douceur de l’amoureuse plaie, / Que vif je porte au plus beau de mon cœur. »]. Printaner. Reverdir. Horrible. Horribler, est rendre horrible. Mot inventé par l’auteur. Il en a usé aussi en l’Ode de la paix. L’Afrique. Laquelle est toutefois merveilleusement sablonneuse. Catulle :
Quam magnus numerus Libyssæ
arenæ
Lasarpiciferis iacet Cyrenis.
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[texte modernisé]
[R]
En ligne le
24/03/11.
Dernière révision le 27/04/20.