Venise, 1470, f° 63r° [←Gallica].

POmmi ouel sol uccide e fiori & lerba

o doue uince lui il ghiaccio e la neue
pommi ouel carro suo temprato & leue
& oue e chi cel rende o chi cel serba
pommi in humil fortuna o in superba
al dolce aere sereno al fosco & greue
pommi ala nocte al di lungo & al breue
alamatura etate & alacerba

P ommi in cielo o dinterra o dinabisso
inalto poggio in ualle ima & palustre
libero spirto o dasuo io membri affisso
pommi con fama obscura o con illustre
saro qual fui uiuro chome son uisso
continuando il mio sospir trilustre

Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, sonnet CXLII, p. 134 [←Gallica].

Metz moy ou est le Soleil trop ardent,
Ou, ou de froid nul ne peult soulager.
Metz moy ou est son char doulx & leger,
Ou, ou se lieue, ou de là l’Occident.

Metz moy berger, ou Prince, ou President,
En bon pays, ou quon nose heberger,
Ou ieune, ou uieil, ou metz moy à songer,
Ou à ueiller, en lieu plat ou pendent.

Metz moy au ciel, aux abys, ou en terre,
En haut coustaut, en uallée ou maretz,
Ou uif, ou mort, ou en paix, ou en guerre,

Cler, ou obscur : tousiours tel uous maurez
Comme ay esté, comme ay uescu uiuray,
Et mes souspirs ia trillustres suyuray.

Paris, veuve M. de La Porte, 1552, livre I, p. 30 [←Gallica].

Metz moy au bord dou le Soleil se léue,
Ou pres de londe ou sa flamme sesteint,
Metz moy aux lieux que son rayon nateint,
Ou sur le sable ou sa torche est trop gréue.

Metz moy en ioye ou douleur longue ou breue,
Liberté franche, ou seruage contreint,
Metz moy au large, ou en prison retreint,
En asseurance ou doute, guerre ou tréue.

Metz moy aux piedz ou bien sur les sometz
Des plus hautz montz, O Meline, & me metz
En ombre triste, ou en gaye lumiere,

Metz moy au ciel, desous terre metz moy,
Ie seray mesme, & ma derniere foy
Sera sans fin egalle a ma premiere.

Les Premières Œuvres, Les Amours d’Hippolyte,
Paris, Robert Estienne, 1573, XXIII, f° 109r° [←Gallica].

Mettez moy sur la mer quand elle est courroucee,
Ou quand les vens legers soufflent plus doucement
Sous les eaux, en la terre, au haut du firmament,
Vers la ceinture ardante, ou deuers la glacee:

Que ma fortune soit deça delà poussee,
Bien haute aucunefois, quelquefois bassement:
Que mon nom glorieux viue eternellement,
Ou que du temps vainqueur soit ma gloire effacee:

Ieune ou vieil, pres ou loing, content ou malheureux,
Que i’aye Amour propice, ou fier & rigoureux,
Que mon ame aux enfers, ou aux cieux s’achemine:

Iamais en mon esprit, tant que seray viuant,
On ne verra secher ceste plante diuine,
Que des eaux de mes pleurs i’arrouse si souuent.

Le Pétrarque en rime française, Durant la vie de Laure,
Douai, F. Fabry, 1606, sonnet CXIV, pp. 207-208 [←Gallica].

Mettez moy ou Phœbus les fleurs & lherbe tue,
Ou là ou par la glace & neige il est vaincu:
Mettez moy ou son char est moins chargé de feu,
Ou dou quil vient, ou là, ou nous perdons sa veue.

Mettez moy en fortune ou haute ou incognue,
A lair doux & serain, au sombre & corrompu:
Mettez moy à la nuit au iour court, au parcreu
Mettez moy grise aiant la ioue ou toute nue,

Mettez moy en la terre ou en vn lac sans fond
Au ciel, sur vn mont haut, ou en vn val profond,
Et que lame sans corps iaye, ou bien au corps iointe.

Mettez moy en renom obscur ou loin cognu,
Ie seray, ie viuray ainsi que iay vescu,
Suiuant de mes souspirs ia tri-lustres la pointe.

L’Amour victorieux, L’Harmonie,
Paris, G. Robinot, 1609, sonnet CXC, f° 201r° [←Gallica].

Soit que ie viue où le iour se reueille,
Ou prés du bort où sa lumiere faut,
Ou dessous lair qui fait naître le chaut,
Ou sous le vant qui le froid apareille:

Soit que ie viue en gloire nompareille,
En renom sombre, en degré bas ou haut,
Ou ieune, ou vieil, en âge qui defaut,
Samblable au cours dvne roze vermeille.

Soit que ie viue en terre, ou dans les Cieus,
Ou dessous londe, ou sous les plus bas lieus,
Ou dans la ville, ou dedans les bocages:

Soit que ie viue en disgraces, ou non,
Triste ou contant, selon mes apanages,
Tousiours mes vers chanteront votre nom.

Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CXIII, p. 110 [←Gallica].

quel que soit son sort, son amour ne changera pas.

Mettez-moi où le Soleil fait pé­rir les fleurs et l’herbe, comme où la glace et la neige triomphent de lui ; mettez-moi où son char est lé­ger et mo­dé­ré, et aux lieux où habitent ceux qui nous le rendent, ou bien ceux qui nous l’en­lèvent ;

Mettez-moi dans une humble ou su­perbe for­tune ; sous un air doux et serein, ou bien né­bu­leux et lourd ; mettez-moi dans la nuit, sous les jours longs ou courts, dans la sai­son avan­cée ou bien ado­les­cente ;

Mettez-moi dans le ciel, ou sur la terre ou dans l’abîme ; sur une haute mon­tagne, dans la val­lée pro­fonde et ma­ré­ca­geuse ; esprit libre ou bien as­su­jet­ti à son corps ;

Mettez-moi avec un nom obs­cur ou illustre : je se­rai tel que je fus, je vi­vrai comme j’ai vé­cu, en conti­nuant mes sou­pirs qui datent de trois lustres.

























Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, sonnet CXLII, p. 134 [←Gallica].

Metz moy ou est le Soleil trop ardent,
Ou, ou de froid nul ne peult soulager.
Metz moy ou est son char doulx & leger,
Ou, ou se lieue, ou de là l’Occident.

Metz moy berger, ou Prince, ou President,
En bon pays, ou quon nose heberger,
Ou ieune, ou uieil, ou metz moy à songer,
Ou à ueiller, en lieu plat ou pendent.

Metz moy au ciel, aux abys, ou en terre,
En haut coustaut, en uallée ou maretz,
Ou uif, ou mort, ou en paix, ou en guerre,

Cler, ou obscur : tousiours tel uous maurez
Comme ay esté, comme ay uescu uiuray,
Et mes souspirs ia trillustres suyuray.

Paris, veuve M. de La Porte, 1552, livre I, p. 30 [←Gallica].

Metz moy au bord dou le Soleil se léue,
Ou pres de londe ou sa flamme sesteint,
Metz moy aux lieux que son rayon nateint,
Ou sur le sable ou sa torche est trop gréue.

Metz moy en ioye ou douleur longue ou breue,
Liberté franche, ou seruage contreint,
Metz moy au large, ou en prison retreint,
En asseurance ou doute, guerre ou tréue.

Metz moy aux piedz ou bien sur les sometz
Des plus hautz montz, O Meline, & me metz
En ombre triste, ou en gaye lumiere,

Metz moy au ciel, desous terre metz moy,
Ie seray mesme, & ma derniere foy
Sera sans fin egalle a ma premiere.

Les Premières Œuvres, Les Amours d’Hippolyte,
Paris, Robert Estienne, 1573, XXIII, f° 109r° [←Gallica].

Mettez moy sur la mer quand elle est courroucee,
Ou quand les vens legers soufflent plus doucement
Sous les eaux, en la terre, au haut du firmament,
Vers la ceinture ardante, ou deuers la glacee:

Que ma fortune soit deça delà poussee,
Bien haute aucunefois, quelquefois bassement:
Que mon nom glorieux viue eternellement,
Ou que du temps vainqueur soit ma gloire effacee:

Ieune ou vieil, pres ou loing, content ou malheureux,
Que i’aye Amour propice, ou fier & rigoureux,
Que mon ame aux enfers, ou aux cieux s’achemine:

Iamais en mon esprit, tant que seray viuant,
On ne verra secher ceste plante diuine,
Que des eaux de mes pleurs i’arrouse si souuent.

Le Pétrarque en rime française, Durant la vie de Laure,
Douai, F. Fabry, 1606, sonnet CXIV, pp. 207-208 [←Gallica].

Mettez moy ou Phœbus les fleurs & lherbe tue,
Ou là ou par la glace & neige il est vaincu:
Mettez moy ou son char est moins chargé de feu,
Ou dou quil vient, ou là, ou nous perdons sa veue.

Mettez moy en fortune ou haute ou incognue,
A lair doux & serain, au sombre & corrompu:
Mettez moy à la nuit au iour court, au parcreu
Mettez moy grise aiant la ioue ou toute nue,

Mettez moy en la terre ou en vn lac sans fond
Au ciel, sur vn mont haut, ou en vn val profond,
Et que lame sans corps iaye, ou bien au corps iointe.

Mettez moy en renom obscur ou loin cognu,
Ie seray, ie viuray ainsi que iay vescu,
Suiuant de mes souspirs ia tri-lustres la pointe.

L’Amour victorieux, L’Harmonie,
Paris, G. Robinot, 1609, sonnet CXC, f° 201r° [←Gallica].

Soit que ie viue où le iour se reueille,
Ou prés du bort où sa lumiere faut,
Ou dessous lair qui fait naître le chaut,
Ou sous le vant qui le froid apareille:

Soit que ie viue en gloire nompareille,
En renom sombre, en degré bas ou haut,
Ou ieune, ou vieil, en âge qui defaut,
Samblable au cours dvne roze vermeille.

Soit que ie viue en terre, ou dans les Cieus,
Ou dessous londe, ou sous les plus bas lieus,
Ou dans la ville, ou dedans les bocages:

Soit que ie viue en disgraces, ou non,
Triste ou contant, selon mes apanages,
Tousiours mes vers chanteront votre nom.

Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CXIII, p. 110 [←Gallica].

quel que soit son sort, son amour ne changera pas.

Mettez-moi où le Soleil fait pé­rir les fleurs et l’herbe, comme où la glace et la neige triomphent de lui ; mettez-moi où son char est lé­ger et mo­dé­ré, et aux lieux où habitent ceux qui nous le rendent, ou bien ceux qui nous l’en­lèvent ;

Mettez-moi dans une humble ou su­perbe for­tune ; sous un air doux et serein, ou bien né­bu­leux et lourd ; mettez-moi dans la nuit, sous les jours longs ou courts, dans la sai­son avan­cée ou bien ado­les­cente ;

Mettez-moi dans le ciel, ou sur la terre ou dans l’abîme ; sur une haute mon­tagne, dans la val­lée pro­fonde et ma­ré­ca­geuse ; esprit libre ou bien as­su­jet­ti à son corps ;

Mettez-moi avec un nom obs­cur ou illustre : je se­rai tel que je fus, je vi­vrai comme j’ai vé­cu, en conti­nuant mes sou­pirs qui datent de trois lustres.

























textes originaux
[R]

 

En ligne le 28/05/22.
Dernière révision le 04/05/24.