DA
piu belliocchi et dal piu chiaro uiso
che mai splendesse et da piu bei
capelli
che facean loro el sol parer men belli
dapiu dolce parlare et dolce riso
dalle man da le braccia che conquiso
senza muouersi aurian quai piu rebelli
fur damor mai da piu bei piedi snelli
dalla persona facta in paradiso
P rendean uita imiei spirti
orna dilecto
ilre celeste i suoi alati corrieri
et io son qui rimaso ignudo et cieco
sol un conforto alle mie pene aspecto
chella che uede tutti miei penseri
mimpetri gratia chi possa esser seco
Des
plus beaulx yeulx, & du plus clair uisage
Qui oncques fut, &
des beaulx cheueux longs,
Qui faisoient
l’or et le soleil moins blondz,
Du plus doulx ris,
& du plus doulx langage,
Des
bras & mains qui eussent en seruage
Sans se bouger
mené les plus felons,
De celle qui du chef
iusqu’aux tallons
Sembloit diuin, plus
qu’humain personnage,
Ie
prenois uie. Or
d’elle se consollent
Le roy celeste, &
ses courriers qui uollent,
Me laissant nud, aueugle en
ce bas estre:
Vng
seul confort attendant a mon dueil,
Cest que la hault, elle qui
scait mon uueil
M’impetrera
qu’auec elle puisse estre.
Et
des plus belles mains, qui au cueur plus sauuage,
Soudain feroient sentir
d’amour un feu nouueau,
Et du plus beau marcher,
qui un gay renouueau
Fait rire sous ses pas,
& du plus beau corsage:
Et
des yeux les plus beaux, & du plus beau uisage,
Et du plus beau sourcil,
& du poil le plus beau,
Qui l’or
& du souleil eteindroit le flambeau,
Et du ris le plus doux,
& du plus doux langage,
Ie
fu surpris le jour, que d’une ateinte uraie,
Moy qui souloi dauant par
feinte l’essaier,
Ie receu dans le cueur mon
amoureuse plaie.
Amour
de son carquois une flesche si belle,
Pour me blesser tira, que
ne puis m’ennuyer
De la garder au cueur, bien
qu’el’ luy soit mortelle.
Et
des plus beaus cheueus qu’Amour sçauroit eslire,
Pour surprendre noz cœurs dans leurs filetz retors:
Et du front le plus beau monstrant mille tresors,
Ains l’honneur de ce Dieu, son siege, & son Empire.
Et des yeus les plus beaus
qu’on vid iamais reluire,
Pour attraire, & forçer, les moins dous, &
plus fors:
Et du sein le plus beau qui repousse au dehors
Vn double mont poly d’Albastre, ou de Porphire.
Et des plus belles mains qui pourroyent
arrester
Quelque Turc, ou Gelon: Amour me vint donter,
Aussi tost que ie vy ma Dame si acorte.
Mesme à fin
d’agrandir son pouuoir sur-humain,
Depuis ce tempz il veut qu’empraintz au cœur ie
porte
Son poil, son front, son œil, sa poitrine, & sa main.
énumération des perfections de sa dame
Des plus beaux yeux et du front le plus clair qui jamais ait brillé, et des plus beaux cheveux qui faisaient paraître moins beaux et l’or et le Soleil ; du plus doux parler et du plus doux sourire ;
Des mains, des bras qui, sans se mouvoir, auraient triomphé des rebelles les plus hardis qu’Amour trouva jamais ; des pieds agiles, les plus beaux qu’on ait vus, et de toute cette personne formée en paradis,
Mes esprits recevaient la vie ; ils charment maintenant le Roi des cieux et ses courriers ailés, et moi je suis resté ici aveugle et dépouillé.
Je n’attends qu’un seul soulagement de mes peines, c’est que celle dont le regard pénètre toutes mes pensées obtienne par grâce que je puisse être avec elle.
Des
plus beaulx yeulx, & du plus clair uisage
Qui oncques fut, &
des beaulx cheueux longs,
Qui faisoient
l’or et le soleil moins blondz,
Du plus doulx ris,
& du plus doulx langage,
Des
bras & mains qui eussent en seruage
Sans se bouger
mené les plus felons,
De celle qui du chef
iusqu’aux tallons
Sembloit diuin, plus
qu’humain personnage,
Ie
prenois uie. Or
d’elle se consollent
Le roy celeste, &
ses courriers qui uollent,
Me laissant nud, aueugle en
ce bas estre:
Vng
seul confort attendant a mon dueil,
Cest que la hault, elle qui
scait mon uueil
M’impetrera
qu’auec elle puisse estre.
Et
des plus belles mains, qui au cueur plus sauuage,
Soudain feroient sentir
d’amour un feu nouueau,
Et du plus beau marcher,
qui un gay renouueau
Fait rire sous ses pas,
& du plus beau corsage:
Et
des yeux les plus beaux, & du plus beau uisage,
Et du plus beau sourcil,
& du poil le plus beau,
Qui l’or
& du souleil eteindroit le flambeau,
Et du ris le plus doux,
& du plus doux langage,
Ie
fu surpris le jour, que d’une ateinte uraie,
Moy qui souloi dauant par
feinte l’essaier,
Ie receu dans le cueur mon
amoureuse plaie.
Amour
de son carquois une flesche si belle,
Pour me blesser tira, que
ne puis m’ennuyer
De la garder au cueur, bien
qu’el’ luy soit mortelle.
Et
des plus beaus cheueus qu’Amour sçauroit eslire,
Pour surprendre noz cœurs dans leurs filetz retors:
Et du front le plus beau monstrant mille tresors,
Ains l’honneur de ce Dieu, son siege, & son Empire.
Et des yeus les plus beaus
qu’on vid iamais reluire,
Pour attraire, & forçer, les moins dous, &
plus fors:
Et du sein le plus beau qui repousse au dehors
Vn double mont poly d’Albastre, ou de Porphire.
Et des plus belles mains qui pourroyent
arrester
Quelque Turc, ou Gelon: Amour me vint donter,
Aussi tost que ie vy ma Dame si acorte.
Mesme à fin
d’agrandir son pouuoir sur-humain,
Depuis ce tempz il veut qu’empraintz au cœur ie
porte
Son poil, son front, son œil, sa poitrine, & sa main.
énumération des perfections de sa dame
Des plus beaux yeux et du front le plus clair qui jamais ait brillé, et des plus beaux cheveux qui faisaient paraître moins beaux et l’or et le Soleil ; du plus doux parler et du plus doux sourire ;
Des mains, des bras qui, sans se mouvoir, auraient triomphé des rebelles les plus hardis qu’Amour trouva jamais ; des pieds agiles, les plus beaux qu’on ait vus, et de toute cette personne formée en paradis,
Mes esprits recevaient la vie ; ils charment maintenant le Roi des cieux et ses courriers ailés, et moi je suis resté ici aveugle et dépouillé.
Je n’attends qu’un seul soulagement de mes peines, c’est que celle dont le regard pénètre toutes mes pensées obtienne par grâce que je puisse être avec elle.
textes
originaux
[R]
En ligne le
09/09/22.
Dernière révision le 24/03/24.