Étienne JODELLE (1532-1573)
Que n’ai-je mes esprits…
Paris, N. Chesneau & M. Patisson, 1574.
ouvrir sur Gallica : Les Amours, Sonnets, XVI, f° 5r°.

Que n’ay-ie mes esprits vn peu plus endormis,
Mon cerueau plus pesant, & l’ame plus grossiere,
Pour ne sentir si fort vne douleur meurtriere,
Qui fait que sans repos languissant ie gemis.

Mes sens sensibles trop ce sont mes ennemis,
Qui espoincts iusqu’au vif d’vne douceur trop fiere
Ont perdu le repos, la liberté premiere,
Pour trop sentir le mal qu’en eux ils ont permis.

Si ie n’eusse à clair veu ta grace & ton merite,
Mon mal seroit legier, & ma peine petite:
Mais pour voir, pour cognoistre, & sentir iusqu’au fons

Ta grace, ta valeur, ta rigueur ennemie,
Mes yeux, esprits, & sens, trop clairs, trop vifs, trop promts,
Sont meurtriers, sont tyrans, sont bourreaux de ma vie.

On peut cliquer sur certains mots pour voir les épithètes de Maurice de La Porte
 
 

Que n’ay-ie mes esprits vn peu plus endormis,
Mon cerueau plus pesant, & l’ame plus grossiere,
Pour ne sentir si fort vne douleur meurtriere,
Qui fait que sans repos languissant ie gemis.

Mes sens sensibles trop ce sont mes ennemis,
Qui espoincts iusqu’au vif d’vne douceur trop fiere
Ont perdu le repos, la liberté premiere,
Pour trop sentir le mal qu’en eux ils ont permis.

Si ie n’eusse à clair veu ta grace & ton merite,
Mon mal seroit legier, & ma peine petite:
Mais pour voir, pour cognoistre, & sentir iusqu’au fons

Ta grace, ta valeur, ta rigueur ennemie,
Mes yeux, esprits, & sens, trop clairs, trop vifs, trop promts,
Sont meurtriers, sont tyrans, sont bourreaux de ma vie.

 

En ligne le 29/11/06.
Dernière révision le 14/01/23.