Non Tesin, Pò, Varo, Arno,
Adige, e Tebro,
Eufrate, Tigre, Nilo, Hermo, Indo, e Gange,
Tana, Histro, Alfeo, Garona, è’l Mar, che frange,
Rodano, Hibero, Ren, Sena, Albia, Hera, Hebro,
Non Hedra, Abete, Pin, Faggio,
o Genebro
Poria’l fuoco allentar, che’l cor tristo
ange,
Quant’vn bel rio, ch’ad ogn’hor meco
piange
Con l’arboscel, che’n rime orno, e celebro.
Quest’vn soccorso trouo tra
gliassalti
D’Amore, onde conuien ch’armato viua
La vita, che trappassa a si gran salti:
Cosi cresca’l bel Lauro in
fresca riua,
Et chi’l piantò, pensier leggiadri, & alti
Ne la dolce ombra al suon de l’acque scriua.
Ni
Pô,
Tésin, ni
Tibre,
Arnus,
le Nil,
Garonne,
Tigris,
Saône,
Inde,
Hermus,
Varus,
Gange,
Rhin,
Seine,
Tane,
Alphée,
Danube,
Hibère,
Euphratès,
Maine,
Albe, Adige,
Heber,
Loire,
et Durance, et le
Rhône,
Ni
celle Mer
qu’il rompt, n’auraient vertu si bonne,
Qu’a ce gentil
ruisseau contre mon feu et peine.
Ni Lierre,
ou Hêtre,
ou Chêne,
ou Genèvre
n’emmène
À mon
cœur tel plaisir, que cet arbre me donne,
Et
ce petit ruisseau aux amoureux assauts
Dont convient
qu’une vie étant armé je vive,
Qui par ardent
désir trépasse maints grands sauts.
Croisse
donc ce Laurier
en cette fraîche rive
Tant que qui l’a
planté dessous son ombre écrive
Un jour au bruit de
l’eau ses amoureux travaux.
Toujours, toujours, hélas !
j’ai dedans la mémoire
La blanche main, le poil et l’œil plein de
rigueur,
Qui me serrant, liant et me brûlant le cœur,
La mortelle poison d’Amour me firent boire.
Le Pau, le Rhin, la Seine, et la
Saône, et le Loire,
Ne pourraient pas, ô Dieux, éteindre la chaleur,
Que cet astre jumeau destin de mon malheur,
A épris dans mon cœur pour sa plus grande gloire.
Ô beauté de qui
l’œil, le poil, la belle main
Ont brûlé, lacé, pris mon
cœur dedans mon sein :
Vous êtes celle-là qui seule peut
éteindre,
Dénouer, et ouvrir le feu,
le rets, la serre
Qui me brûlant, noudant, et serrant une guerre,
Font à mon pauvre cœur dangereuse et à
craindre.
Ni mes humides pleurs, le Gange, ni le
Rhône,
Ni l’Istre, ni le Pô, ni le Tibre profond,
Ni Tamise, Éridan, ni l’Hèbre
à demi rond,
Ni le Tage, le Nil, ni le Rhin, ni Garonne,
Ni l’Elbe, ni Strymon, ni Tane, ni la Saône,
Ni Méandre, et Ladon, ni l’Inde vagabond,
Ni Alphé’, ni Tésin, ni
l’Euphrate fécond,
Ni la Seine, le Loir, ni bref le fleuve d’Orne :
Ni de tout l’Océan
tous les fleuves retors,
Pour ma flamme amortir ne sont pas assez forts,
Tant âpre est le brandon qui me met en furie.
Si qu’en ce grand brasier je
ne puis espérer
Que l’ardeur qu’il me faut jour et nuit endurer
Puisse oncques prendre fin, qu’en finissant ma vie.
éloge allégorique de la fontaine de Sorgue et du laurier qu’il avait planté auprès.
Ni le Tésin, le Pô, le Var, l’Arno, l’Adige et le Tibre, l’Euphrate, le Tigre, le Nil, l’Ermus, l’Indus et le Gange, le Tanaïs, l’Ister, l’Alphée, la Garonne et la Mer qui se brise, le Rhône, l’Isère, le Rhin, la Seine, l’Aube, l’Aar, l’Èbre ;
Ni lierre, sapin, hêtre, pin ou génévrier, ne pourraient apaiser le feu qui ronge mon triste cœur, autant que le peuvent un beau ruisseau qui pleure à toute heure avec moi, et l’arbuste que, dans mes rimes, j’embellis et célèbre.
Je ne trouve pas d’autre secours parmi les attaques d’Amour qui m’oblige à passer en armes mon existence exposée à des chocs si redoutables.
Qu’ainsi croisse le beau Laurier sur le rivage frais ; et que celui qui l’a planté écrive sous son doux ombrage, au murmure des eaux, des pensées élégantes et élevées.
Non, le Tibre, le Pô, le
Var, l’Arno, l’Adige,
L’Euphrate, le Tessin, l’Hèbre, le
Tanaïs,
Le Nil, l’Hermus, l’Indus, non, le Rhône,
la Seine,
La Garonne, le Rhin 1,
la mer et ses écueils,
Non, le sapin, le hêtre ou
le genévrier
Ne sauraient apaiser le feu qui me consume,
Comme font un ruisseau qui soupire avec moi,
Et l’arbuste à jamais
célébré dans mes vers.
Contre les coups d’Amour,
là, je trouve un refuge ;
Mais il me faut passer incessamment armé
Toute ma vie, hélas, qui fuit à si grand pas.
Qu’il croisse le laurier,
sur ces bords verdoyants ;
Celui qui le planta viendra, sous son ombrage,
Écrire au bruit des eaux des vers nobles et beaux.
1 Dans le texte, il y a vingt-trois noms de fleuves ou rivières (note du traducteur).
Ni
Pô,
Tésin, ni
Tibre,
Arnus,
le Nil,
Garonne,
Tigris,
Saône,
Inde,
Hermus,
Varus,
Gange,
Rhin,
Seine,
Tane,
Alphée,
Danube,
Hibère,
Euphratès,
Maine,
Albe, Adige,
Heber,
Loire,
et Durance, et le
Rhône,
Ni
celle Mer
qu’il rompt, n’auraient vertu si bonne,
Qu’a ce gentil
ruisseau contre mon feu et peine.
Ni Lierre,
ou Hêtre,
ou Chêne,
ou Genèvre
n’emmène
À mon
cœur tel plaisir, que cet arbre me donne,
Et
ce petit ruisseau aux amoureux assauts
Dont convient
qu’une vie étant armé je vive,
Qui par ardent
désir trépasse maints grands sauts.
Croisse
donc ce Laurier
en cette fraîche rive
Tant que qui l’a
planté dessous son ombre écrive
Un jour au bruit de
l’eau ses amoureux travaux.
Toujours, toujours, hélas !
j’ai dedans la mémoire
La blanche main, le poil et l’œil plein de
rigueur,
Qui me serrant, liant et me brûlant le cœur,
La mortelle poison d’Amour me firent boire.
Le Pau, le Rhin, la Seine, et la
Saône, et le Loire,
Ne pourraient pas, ô Dieux, éteindre la chaleur,
Que cet astre jumeau destin de mon malheur,
A épris dans mon cœur pour sa plus grande gloire.
Ô beauté de qui
l’œil, le poil, la belle main
Ont brûlé, lacé, pris mon
cœur dedans mon sein :
Vous êtes celle-là qui seule peut
éteindre,
Dénouer, et ouvrir le feu,
le rets, la serre
Qui me brûlant, noudant, et serrant une guerre,
Font à mon pauvre cœur dangereuse et à
craindre.
Ni mes humides pleurs, le Gange, ni le
Rhône,
Ni l’Istre, ni le Pô, ni le Tibre profond,
Ni Tamise, Éridan, ni l’Hèbre
à demi rond,
Ni le Tage, le Nil, ni le Rhin, ni Garonne,
Ni l’Elbe, ni Strymon, ni Tane, ni la Saône,
Ni Méandre, et Ladon, ni l’Inde vagabond,
Ni Alphé’, ni Tésin, ni
l’Euphrate fécond,
Ni la Seine, le Loir, ni bref le fleuve d’Orne :
Ni de tout l’Océan
tous les fleuves retors,
Pour ma flamme amortir ne sont pas assez forts,
Tant âpre est le brandon qui me met en furie.
Si qu’en ce grand brasier je
ne puis espérer
Que l’ardeur qu’il me faut jour et nuit endurer
Puisse oncques prendre fin, qu’en finissant ma vie.
éloge allégorique de la fontaine de Sorgue et du laurier qu’il avait planté auprès.
Ni le Tésin, le Pô, le Var, l’Arno, l’Adige et le Tibre, l’Euphrate, le Tigre, le Nil, l’Ermus, l’Indus et le Gange, le Tanaïs, l’Ister, l’Alphée, la Garonne et la Mer qui se brise, le Rhône, l’Isère, le Rhin, la Seine, l’Aube, l’Aar, l’Èbre ;
Ni lierre, sapin, hêtre, pin ou génévrier, ne pourraient apaiser le feu qui ronge mon triste cœur, autant que le peuvent un beau ruisseau qui pleure à toute heure avec moi, et l’arbuste que, dans mes rimes, j’embellis et célèbre.
Je ne trouve pas d’autre secours parmi les attaques d’Amour qui m’oblige à passer en armes mon existence exposée à des chocs si redoutables.
Qu’ainsi croisse le beau Laurier sur le rivage frais ; et que celui qui l’a planté écrive sous son doux ombrage, au murmure des eaux, des pensées élégantes et élevées.
Non, le Tibre, le Pô, le
Var, l’Arno, l’Adige,
L’Euphrate, le Tessin, l’Hèbre, le
Tanaïs,
Le Nil, l’Hermus, l’Indus, non, le Rhône,
la Seine,
La Garonne, le Rhin 1,
la mer et ses écueils,
Non, le sapin, le hêtre ou
le genévrier
Ne sauraient apaiser le feu qui me consume,
Comme font un ruisseau qui soupire avec moi,
Et l’arbuste à jamais
célébré dans mes vers.
Contre les coups d’Amour,
là, je trouve un refuge ;
Mais il me faut passer incessamment armé
Toute ma vie, hélas, qui fuit à si grand pas.
Qu’il croisse le laurier,
sur ces bords verdoyants ;
Celui qui le planta viendra, sous son ombrage,
Écrire au bruit des eaux des vers nobles et beaux.
1 Dans le texte, il y a vingt-trois noms de fleuves ou rivières (note du traducteur).
textes
modernisés
[R]
En ligne le 02/11/18.
Dernière révision le 16/01/22.