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sonnet 61
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sonnet 62
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CElle-là
qui soulait sur le vermeil des fleurs Se repaît maintenant de
larmes et de pleurs, C’est Christine au chef
d’or, justement douloureuse, Elle appelle son Christ sur le
haut des montagnes, |
CElui-là
qui soulait au Jardin de ses grâces Qui jetait dans son sein les fleurs
à pleines brasses Fait retentir le ciel,
l’air, la terre et les mers Qui ayant engagé
à d’autres amoureux, |
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Mort de Christ. |
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sonnet 63
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sonnet 64
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CElui
qui est Seigneur des jours, des mois, des ans, Cil qui vit franc de mort
d’un éternel Printemps, Ô de toutes
bontés bonté la plus parfaite ! Qui as par tes Enfers mes enfers
mis arrière, |
CElle
qui par le temps reçoit accroissement, Celle qui
n’était point avant le firmament, Ma Christine au col blanc
qu’en temps j’ai élevée, Mais levant néanmoins
sur le temps sa pensée, |
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sonnet 66
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L’Éternel
qui sans jours a fait des jours le nombre, L’Éternel
franc de mort, d’un fier mortel encombre Cet Éternel est Christ,
de Christine l’époux, Je suis Christine aussi, qui
courbe sous sa Loi, |
L’Éternel
qui sans temps règne en
l’Éternité, Fit courber sous les pieds de la
divinité, En ouvrant des hauts cieux cette
ronde machine, Je suis cette bonté qui
descendue en terre, |
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sonnet 67
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sonnet 68
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SOus
la libre prison des grâces immortelles, Je vis franche d’ennuis,
et des peines bourrelles Je goûte en sa prison les
fruits de liberté, Son amer plus amer n’est
que toute douceur, |
SOus
la faible prison de l’humaine nature, Je courbe aussi le chef sous la Loi
blanche et pure Celui qui sans la chair demeurait
immortel, La chair faible a vaincu de la Loi
le plus fort, |
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sonnet 69
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sonnet 70
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QUand
je vois ce Dragon sur son corps merveilleux, Et abattre tout bas des beaux cieux
sourcilleux, Quand je lui vois ouvrir
l’abîme de sa gueule, Mais quand je vois ce Fils
d’une aile plus légère, |
QUand
je vois les hauts cieux s’obscurcir d’un nuage, Quand je vois redoubler le fort de
cet orage, Quand je la vois sur
l’eau diversement flottant, Je me sens agité de
mille passions, |
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sonnet 71
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sonnet 72
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PAr
un divin secret que je ne puis comprendre, L’Immortel sous la mort
je vois les bras étendre, L’Homme de chair mortelle
est le Dieu tout-puissant, Conseiller du
très-haut, des pécheurs seul Sauveur, |
PAr
un divin secret inconnu à nature, Celle qui sent d’un feu
la cuisante pointure, Celle qui tend les bras pour sauver
l’Univers, Celle qui fuit la mort meurt cent
fois chacun jour, |
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sonnet 73
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sonnet 74
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JE
vis d’un voile noir les cieux de toutes parts Aux sépulcres je vis des
ossements épars Je vis pourfendre en deux dedans le
sacré temple, Quand le Dieu créateur
de l’humaine nature, |
JE
vis d’un voile noir l’obscurité
s’éprendre Je vis l’air tout noirci
un déluge répandre Je vis sur le flottant de la mer
tourmentée, Car voyant qu’au-dedans
était ma colombelle, |
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Fruits de la mort de Christ. |
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sonnet 75
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PLus,
et plus d’ennemis que n’accabla Samson, Quand foudroyant sur soi
l’ouvrage du maçon Par son injuste mort il rend notre
mort morte, Il damne de
péché le péché vil et
ord : |
PLus
qu’on ne voit au ciel de feux étinceler, Plus qu’on ne voit encor
du ciel voûté couler Plus on voit de beautés
en ma Christine unique, Plus en son âme elle a
de saintetés encloses, |
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sonnet 77
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sonnet 78
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DV
vieil serpent rusé la rage injurieuse Pour venger puis après
sa perte ruineuse, De mort et de
péché il assiégea le cœur, Et si l’eût
abîmé au gouffre de l’Enfer. |
DU
vieil serpent rusé l’injurieuse rage Voulant forcer en fin de faire un
dur naufrage, Il noircit le Soleil par ses
enchantements, Mais ma colombe alors sur
l’aile de la Foi, |
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sonnet 79
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sonnet 80
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Ô
De toutes bontés bonté plus excellente ! Sous l’importable faix
d’une mort violente Triomphe maintenant ô
Christ ! à la bonne heure, Ta mort soit de ma mort la mort et
la ruine, |
Ô
De toutes poisons poison la plus cruelle ! Tu brûles par dedans
d’une ardeur immortelle, D’un trait empoisonneur
tirant dessus le blanc, Mais voyant sa blessure
à mort se convertir, |
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En ligne le
09/10/05.
Dernière révision le 26/08/21.