Guy Le Fèvre de LA BODERIE
(1541-1598)
Dernier poème en ligne :
1582 : Quand ma mère en ses flancs…

Je suis homme,

et n’ai rien

d’humanité étrange

 

 
L’abbé GOUJET, 1752
 

GUY LE FÈVRE DE LA BODERIE.

Guy le Fèvre de La Bode­rie ne bor­na pas ses études, comme Claude de Trel­lon, à faire des vers, et à lire seu­le­ment les exploits mili­taires des grands Capi­taines[1] ; ce fut un Savant pro­fond, à qui les langues Orien­tales, de même que le Latin, l’Ita­lien et l’Es­pa­gnol, étaient fami­lières, et qui fit de ses connais­sances un usage utile.

La Croix-Du-Maine, Du Verdier, et tous ceux qui ont par­lé de ce Savant sur la foi de ces deux Biblio­thé­caires, le disent né à Falaise en Nor­man­die ; ils se sont trom­pés. Le Fèvre, dans ses Divers Mélanges poé­tiques, impri­més en 1582, et adres­sés au Roi Henri III dit lui-même qu’il était né à la terre de la Bode­rie, lieu situé dans la Basse Nor­man­die, sur un petit ruis­seau appe­lé le Lam­brun. Il nous apprend au même endroit qu’il naquit la veille de Saint Lau­rent, par consé­quent le neu­vième d’Août. Ô lieu plai­sant, dit-il dans son Élé­gie à la Bode­rie, lieu de sa nais­sance,

.....Terre trois fois bénie,
Où en naissant me reçut mon génie,
En l’avant jour de S. Laurent lauré,
Jà dès le bers de laurier entouré.

Il est vrai qu’il ne marque point l’année, mais nous la trou­vons dans l’ins­crip­tion de son por­trait qui accom­pagne son Ency­clie, impri­mée en 1571. Cette ins­crip­tion porte qu’il était alors dans sa tren­tième année ; ain­si il était né en 1541. Jacques Le Fèvre, son père, était Sei­gneur de la Bode­rie, et il en a don­né l’Épi­taphe dans l’ou­vrage que je viens de citer ; et dans ses Hymnes Ecclé­sias­tiques, il dit que sa mère se nom­mait Anne de Mom­bray. Il a eu plu­sieurs frères et sœurs, qu’il nomme dans ses mêmes Hymnes et dans ses Mélanges, savoir, Anne, Nico­las, Pierre, Antoine, Hip­po­cras, et Jean.

[…]

Par l’Épître au sieur Cara­dau, Bre­ton, il paraît que la Bode­rie fut ten­té de se marier dans sa jeu­nesse, et qu’il fut épris for­te­ment d’une tendre affec­tion pour une Demoi­selle qui demeu­rait près de sa terre de la Bode­rie, où il eut l’oc­ca­sion de la voir ; mais il résis­ta aux mou­ve­ments de cette pas­sion nais­sante, et pour effa­cer de son esprit jus­qu’à l’idée de celle qui l’avait fait naître, il dit lui-même qu’il quit­ta les bords du Lam­brun, et vint à Paris, d’où il pas­sa à Lyon, à Mâcon, et en Bre­tagne. Je con­jec­ture même d’une autre pièce qu’il adres­sa à Mar­gue­rite de France, Reine de Na­varre, qu’il em­bras­sa l’état Ecclé­sias­tique, et qu’il reçut au moins la Ton­sure Clé­ri­cale : car il y marque, que quoi qu’il n’as­pire ni à un Évê­ché, ni à une Abbaye, il se croyait néan­moins en droit d’at­tendre une hon­nête récom­pense de ses tra­vaux.

Je ne demande pas, je n’aspire, ni baye
D’épouser maintenant Évê­ché ni Abbaye,
Bien que j’ose assurer sous votre autorité,
Que mes labeurs sont tels qu’ils ont bien mérité
Quelque honnête guerdon, au jugement des maîtres
Lesquels ont supporté quelque travail des lettres.

[…]

L’abbé GOUJET,
Biblio­thèque fran­çaise,
ou His­toire de la Litté­ra­ture fran­çaise,
tome XIII, 1752, pp. 395-399
[Gallica, NUMM-50656, PDF_421_425]
(texte modernisé).


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Notes

[1] La « vie » de La Boderie succède dans la Biblio­thèque de l’abbé Goujet à celle de Claude de Trellon.





Liens

Étude en ligne

* On peut lire, de Jean Céard, « L’héroïque et les longs poèmes de Guy Le Fèvre de La Bode­rie », paru en 2004 dans le numéro 11 spécial consa­cré à « l’hé­roïque » des Cahiers de Recherches Médié­vales.

Compte rendu de publication

* On peut lire aussi, de Roland Guillot, le compte ren­du de lec­ture des Diverses Mélanges poé­tiques, édi­tion cri­tique par Rosan­na Gorris pa­rue chez Droz en 1993, publié dans le Bul­le­tin de l’As­so­cia­tion d’étude sur l’Hu­ma­nisme, la Réforme et la Renais­sance, n° 38, 1994. pp. 134-136, en ligne sur Persée, portail de publi­ca­tion élec­tro­nique de revues scien­ti­fiques en sciences humaines et sociales.

Liens valides au 04/10/24.


 


En ligne le 06/11/05.
Dernière révision le 04/10/24.