Guy Le Fèvre de LA BODERIE (1541-1598)
Quand ma mère en ses flancs…
Paris, Robert Le Mangnier, 1582.

QUand ma mère en ses flancs fort grosse me portait
Elle s’enquit aux Dieux quel Enfant y était,
Un Fils, lui dit Phébus, ains dit Mars une Fille,
Ainçois ni l’un, ni l’autre, a dit Junon subtile :
Or advint que naissant à mon terme préfix
Hermaphrodite fus ensemble Fille et Fils.

Ma mère s’enquérant avec non moindre envie
Aussi bien de ma mort qu’elle avait de ma vie
Par armes périra, dit Junon, ains pendu
Sera plutôt, dit Mars, ainçois aux eaux rendu
Se noiera, dit Phébus, or voulut l’aventure
Que le sort d’un chacun fût véritable augure.

Un arbre ombrait les eaux. J’y monte, étant monté
Me tombe mon épée étant à mon côté.

Je tombe après dessus, aux branches mon pied reste,
Et au fleuve coulant se va plongeant ma tête,
Ainsi je remportai fille, fils, ou tous deux
Mort des armes, des eaux, et du gibet hideux.

On peut cliquer sur certains mots pour voir les épithètes de Maurice de La Porte
 
 

QUand ma mère en ses flancs fort grosse me portait
Elle senquit aux Dieux quel Enfant y était,
Un Fils, lui dit Phébus, ains dit Mars une Fille,
Ainçois ni lun, ni lautre, a dit Junon subtile :
Or advint que naissant à mon terme préfix
Hermaphrodite fus ensemble Fille et Fils.

Ma mère senquérant avec non moindre envie
Aussi bien de ma mort quelle avait de ma vie
Par armes périra, dit Junon, ains pendu
Sera plutôt, dit Mars, ainçois aux eaux rendu
Se noiera, dit Phébus, or voulut laventure
Que le sort dun chacun fût véritable augure.

Un arbre ombrait les eaux. Jy monte, étant monté
Me tombe mon épée étant à mon côté.

Je tombe après dessus, aux branches mon pied reste,
Et au fleuve coulant se va plongeant ma tête,
Ainsi je remportai fille, fils, ou tous deux
Mort des armes, des eaux, et du gibet hideux.

 

En ligne le 04/10/24.
Dernière révision le 04/10/24.