Claude de TRELLON
(?-v.1595)
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Flots qui sur votre dos

      emportez la lumière

Qui me donne le jour

      au milieu de la nuit

Allez flots emportez

doucement

mes amours      

 

 
L’abbé GOUJET, 1752
 

CLAUDE DE TRELLON.

Claude de Trellon n’est guères plus connu que Ro­land Bris­set[1], quoi qu’on ait du pre­mier plu­sieurs édi­tions de ses poé­sies. C’était un mili­taire, qui avait por­té les armes dès sa jeu­nesse ; mais quel grade avait-il ? c’est ce que j’ignore. Je n’ai trou­vé aucun de nos His­to­riens qui fassent men­tion de lui ; et tout ce que je puis conjec­tu­rer de ses poé­sies, c’est qu’il com­men­ça à ser­vir fort jeune sous M. de La Valette dans le Pié­mont, en Lan­gue­doc, et dans la Guyenne ; qu’il ser­vit pareil­le­ment sous MM. de Nemours, de Guise et de Joyeuse, et qu’il était atta­ché au der­nier lorsque celui-ci fut tué, après la ba­taille de Cou­tras, par ceux qui l’avaient fait pri­son­nier. Je vois encore qu’il avait sui­vi le par­ti de la Ligue, puis­­qu’en dé­sa­vouant Le Li­gueur repen­ti, qu’on avait im­pri­mé sous son nom, il dit :

Tu augmentes mes vers, tu gâtes mon ouvrage,
Tu te sers de mon nom pour me faire un outrage :
Méchant, il n’en est rien et tu en as menti ;
J’écris les passions sans blâmer les personnes,
Et ne leur donne pas le nom que tu leur donnes ;
Car je fus bien Ligueur, mais non pas Repenti.

Il n’est pas moins cer­tain qu’il a par­cou­ru presque toute l’Ita­lie. Dans un en­droit, il se plaint de l’im­pres­sion qu’on avait faite de ses œuvres, lors­qu’il était allé en Pé­le­ri­nage à Notre-Dame de Lorette. Dans le second livre de ses Amours, Sonnet second, il s’ex­prime ain­si :

Mon cœur passe les monts, et court dans l’Italie :
Or il est dedans Rome, et contemple ravi
Ce séjour qui avait à soi tout asservi,
Qui fut jadis du monde et la gloire et l’envie :

Or il est à Venise, où l’on voit à l’envi
Mille chemins ouverts pour la méchante vie,
Où l’âme aux voluptés salement asservie
Voit, aussitôt qu’il veut, son désir assouvi.

Or il est à Florence, et tout environné
De Temples, de Palais, à demi étonné
D’une si belle Ville admire la richesse.

Or il est à Ferrare, à Padoue, à Milan :
Mais tout cela ne peut divertir la tristesse
Que je porte dans l’âme il y a plus d’un an.

Je sais bien que cette expres­sion, mon cœur passe les monts, pour­rait s’en­tendre d’un voyage fait seu­le­ment en ima­gi­na­tion : mais vingt autres en­droits des poé­sies de Trel­lon prouvent qu’il avait réel­le­ment visi­té presque toute l’Ita­lie. Voyez en par­ti­cu­lier le Son­net 63e du troi­sième livre : il y souhaite avec ardeur de sor­tir de l’Ita­lie dont il fait un por­trait fort laid par rap­port aux mœurs, et de re­tour­ner promp­te­ment en France. Dans des Stances qui suivent 66 Son­nets qu’on lit dans le second livre de ses Amours, on voit qu’il était alors à Tu­rin, qu’il s’y en­nuyait beau­coup, et qu’il y était dé­jà demeu­ré bien plus long­temps qu’il ne l’avait espé­ré. […]

L’abbé GOUJET,
Biblio­thèque fran­çaise,
ou His­toire de la Litté­ra­ture fran­çaise,
tome XIII, 1752, pp. 375-378
[Gallica, NUMM-50656, PDF_401_404]
(texte modernisé).


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Notes

[1] La « vie » de Claude de Trel­lon suc­cède à celle de Roland Bris­set dans la Biblio­thèque de l’abbé Goujet.





 


En ligne le 19/01/05.
Dernière révision le 18/12/20.