Marc Claude de BUTTET (v. 1530-1586)
Trait, flamme, et lacs d’amour…
Paris, Michel Fezandat, 1561.
ouvrir sur Gallica : L’Amalthée, f° 90r°.

Trait, flamme, & lacs d’amour, ne point, ne brulle, & lace,
Vn cueur plus endurci, plus froid, ni plus déceint
Que le mien, quand ie fu frappé, brullé, étreint,
Le premier iour qu’Amour esclaua mon audace.

Plus dur, & froidureux, que le marbre, & la glace,
Libre ie ne crenoi qu’à ma fin m’eut contreint
Plaie, arseure, ni neud : pour autant m’ont atteint
L’arc, le feu, & les rets, ou faut que ie trepasse.

Et tellement ie suis blecé, ars, mis en serre,
Que dard, brandon, lien, ne blece, ambrase, enserre,
Si violentement, ni si chaud, ni si fort.

Et rien n’est qui le coup, & l’ardeur, & la chaine,
(Qui me plaie le cueur, qui m’enflamme, & me geine)
Guerisse, éteigne, & lasche au monde, que la mort.

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Trait, flamme, & lacs damour, ne point, ne brulle, & lace,
Vn cueur plus endurci, plus froid, ni plus déceint
Que le mien, quand ie fu frappé, brullé, étreint,
Le premier iour quAmour eſclaua mon audace.

Plus dur, & froidureux, que le marbre, & la glace,
Libre ie ne crenoi quà ma fin meut contrent
Plaie, arſeure, ni neud : pour autant mont atteint
Larc, le feu, & les rets, ou faut que ie trepaſſe.

Et tellement ie ſuis blecé, ars, mis en ſerre,
Que dard, brandon, lien, ne blece, ambraſe, enſerre,
Si violentement, ni ſi chaud, ni ſi fort.

Et rien neſt qui le coup, & lardeur, & la chaine,
(Qui me plaie le cueur, qui menflamme, & me geine)
Gueriſſe, éteigne, & laſche au monde, que la mort.

 

En ligne le 11/03/09.
Dernière révision le 20/01/25.