Claude TURRIN (v. 1540-av. 1572)
Je me montre hardi…
Paris, Jean de Bordeaux, 1572.

IE me monstre hardy & toutesfois le cueur,

  M’est tombé iusqu’au pieds, ie crain, i’ay asseurance,
Ie me fie en moymesme, & n’ay point de fiance,
Ie ne doute de rien & si n’ay rien de seur.

Ie suis bien fortuné & si n’ay que malheur,
I’espere en mes trauaus, & n’ay point d’esperance.
I’ay le don de mercy, & n’ay point iouissance,
Ie suis braue & vaillant, & si tramble de peur.

Ie n’ay rien que faueurs, & si suis en disgrace,
Ie transis dans le feu, ie brusle dans la glace,
Ie meurs & si ie vis, ie suis franc & forçaire,

Ie n’ay soucy de rien, & si ie n’ay que soin,
Ie suis pres de mon but & si i’en suis bien loin,
Et bref ie suis tout tel comme Amour me veut faire.

On peut cliquer sur certains mots pour voir les épithètes de Maurice de La Porte
 
 

IE me monstre hardy & toutesfois le cueur,

  M’eſt tombé iuſqu’au pieds, ie crain, i’ay aſſeurance,
Ie me fie en moymeſme, & n’ay point de fiance,
Ie ne doute de rien & ſi n’ay rien de ſeur.

Ie ſuis bien fortuné & ſi n’ay que malheur,
I’eſpere en mes trauaus, & n’ay point d’eſperance.
I’ay le don de mercy, & n’ay point iouiſſance,
Ie ſuis braue & vaillant, & ſi tramble de peur.

Ie n’ay rien que faueurs, & ſi ſuis en diſgrace,
Ie tranſis dans le feu, ie bruſle dans la glace,
Ie meurs & ſi ie vis, ie ſuis franc & forçaire,

Ie n’ay ſoucy de rien, & ſi ie n’ay que ſoin,
Ie ſuis pres de mon but & ſi i’en ſuis bien loin,
Et bref ie ſuis tout tel comme Amour me veut faire.

 

En ligne le 07/09/08.
Dernière révision le 25/02/24.