Francesco PETRARCA (1304-1374)
Lyon, Jean de Tournes, 1545, p. 189 [←Gallica].

Onde tolse Amor lOro, e di qual vena,
Per far due treccie bionde, en quali spine
Colse le Rose, en qual piaggia le brine,
Tenere, e fresche, e die lor polso, e lena?

Onde le Perle, in chei frange, & affrena
Dolci parole, honeste, e pellegrine?
Onde tante bellezze, e si diuine
Di quella fronte piu, chel Ciel serena?

Da quali Angeli mosse, e di qual Spera
Quel celeste cantar, che mi disface
Si, che mauanza homai da disfar poco?

Di qual Sol nacque lalma luce altiera
Di que begliocchi, ondihò guerra e pace,
Che mi cuoconol cor in ghiaccio, en fuoco.

Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXII, p. 81 [←Gallica].

Où prit amour et dedans quelle veine
L’or des cheveux ? et en quelles épines,
A-t-il cueilli les roses et les brines,
Pour leur donner âme, pouls, et haleine ?

Où trouva-t-il les perles, par qui freine,
Et interrompt paroles pèlerines ?
Où prit-il tant de beautés si divines,
Et du beau front celle hauteur sereine ?

En quelle Sphère, et de quels anges prit
Ce chant céleste, avec qui mon esprit
S’en va de moi, ou il sen faut bien peu ?

De quel Soleil mit la lumière en terre
De ces beaux yeux par qui jai paix et guerre,
Et tient mon cœur de feu et glas repu ?

Œuvres de Louise Labé, Lyon, Jean de Tournes, 1555,
Écrits de divers Poètes, pp. 137-138 [←Gallica].

Où prit lenfant Amour le fin or qui dora
En mille crêpillons ta tête blondissante ?
En quel jardin prit-il la rose rougissante
Qui le lis argenté de ton teint colora ?

La douce gravité qui ton front honora,
Les deux rubis balais de ta bouche alléchante,
Et les rais de cet œil qui doucement menchante
En quel lieu les prit-il quand il ten décora ?

Doù prit Amour encor ces filets et ces laisses,
Ces haims et ces appâts que sans fin tu me dresses
Soit parlant ou riant ou guignant de tes yeux ?

Il prit dHerme, de Cypre, et du sein de lAurore,
Des rayons du Soleil, et des Grâces encore,
Ces attraits et ces dons, pour prendre hommes et Dieux.

Paris, Michel Fezandat, 1561, L’Amalthée, f° 79r° [←Gallica].

De quel rosier, et de quelles épines,
Cueillit Amour les roses de ton teint ?
De quel bel or qui pur tout autre éteint,
Redora-t-il ces blondelettes trines ?

De quels endroits sont ces mains ivoirines,
Qui mont le cœur étranglé, et étreint,
Et dadorer doucement mont contraint
Ce vif corail, et ces perlettes fines ?

Las de quel lieu prit-il encor ce reste,
Ce doux parler, et ce chanter céleste,
Par qui son trait des plus fiers est vainqueur ?

Ces grands beautés ne sont point de la terre,
Ni ces beaux yeux seuls ma paix, et ma guerre,
Tels biens du ciel me sont chus dans le cœur.

Tragédie de Pharaon, Sonnets sur son Angélique,
Paris, Nicolas Bonfons, 1576, f° H3r° [←Gallica].

Doù prit amour, ce bel or jaunissant,
En quelle veine, en quelle riche mine,
A-t-il pillé cette esplendeur orine :
Pour faire ce beau cheveu blondissant ?

En quelle épine a son doigt ravissant,
En quel verger a sa main infantine,
Cueilli la rose, en blancheur purpurine ?
Et le bouton doublement rougissant ?

Quel Orient a ce Dieu déperlé
Pour faire ce rang doublement perlé
Qui chasse, et tient la parole doucette !

De quelle aurore, a-t-il ôté ce front ?
De quel démon dedans le cercle rond,
Ce chant divin, cette voix Angelette ?

Paris, Toussaint Du Bray, 1620, p. 522 [←Gallica].

AMour où prit-il lor tiré subtilement
En cheveux déliés, et les roses nouvelles,
Qui parmi la rigueur des neiges éternelles
Conservent ce beau teint sans aucun changement ?

Où prit-il le corail, les perles enfermant,
Où se forme la voix qui dompte ses rebelles,
Et livoire arrondi en deux pommes jumelles,
Sur un cœur emprunté dun roc de diamant ?

De quel marbre poli, marqué de maintes veines
A-t-il tourné ces bras, et ces mains inhumaines,
Qui tiennent son amorce, et qui tendent ses rets ?

De quel Soleil naquit cette vive lumière
Quil mit dedans les yeux de ma belle meurtrière,
Qui me brûle de loin, et me glace de près ?

Gramont, De quel lieu… (1842)   ↓   ↑   ⇑  →t.o.
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CLXXXIV, p. 152 [←Gallica].

louanges de sa dame.

De quel lieu et de quel filon Amour a-t-il extrait l’or dont il a for­mé les deux tresses blondes ? Et par­mi quelles épines et sur quelle plaine a-t-il re­cueil­li ces roses, cette neige déli­cate et fraîche, à qui il a don­né le pouls et l’ha­leine ?

Où trouva-t-il les perles dont il a fait la bar­rière et le frein des douces, hon­nêtes et ra­vis­santes pa­roles ? ou les beau­tés sans nombre et divines de ce front plus se­rein que les cieux ?

De quels anges ou de quelle sphère sont venus ces chants cé­lestes qui me consument de telle sorte, que dé­sor­mais il me reste peu à consu­mer ?

Quel soleil a engen­dré les rayons su­blimes et sur­hu­mains des beaux yeux arbitres de mes luttes et de mon re­pos, qui me cuisent le cœur dans la glace et dans le feu ?

























Avignon, B. Bonhomme, 1555, I, LXXII, p. 81 [←Gallica].

Où prit amour et dedans quelle veine
L’or des cheveux ? et en quelles épines,
A-t-il cueilli les roses et les brines,
Pour leur donner âme, pouls, et haleine ?

Où trouva-t-il les perles, par qui freine,
Et interrompt paroles pèlerines ?
Où prit-il tant de beautés si divines,
Et du beau front celle hauteur sereine ?

En quelle Sphère, et de quels anges prit
Ce chant céleste, avec qui mon esprit
S’en va de moi, ou il sen faut bien peu ?

De quel Soleil mit la lumière en terre
De ces beaux yeux par qui jai paix et guerre,
Et tient mon cœur de feu et glas repu ?

Œuvres de Louise Labé, Lyon, Jean de Tournes, 1555,
Écrits de divers Poètes, pp. 137-138 [←Gallica].

Où prit lenfant Amour le fin or qui dora
En mille crêpillons ta tête blondissante ?
En quel jardin prit-il la rose rougissante
Qui le lis argenté de ton teint colora ?

La douce gravité qui ton front honora,
Les deux rubis balais de ta bouche alléchante,
Et les rais de cet œil qui doucement menchante
En quel lieu les prit-il quand il ten décora ?

Doù prit Amour encor ces filets et ces laisses,
Ces haims et ces appâts que sans fin tu me dresses
Soit parlant ou riant ou guignant de tes yeux ?

Il prit dHerme, de Cypre, et du sein de lAurore,
Des rayons du Soleil, et des Grâces encore,
Ces attraits et ces dons, pour prendre hommes et Dieux.

Paris, Michel Fezandat, 1561, L’Amalthée, f° 79r° [←Gallica].

De quel rosier, et de quelles épines,
Cueillit Amour les roses de ton teint ?
De quel bel or qui pur tout autre éteint,
Redora-t-il ces blondelettes trines ?

De quels endroits sont ces mains ivoirines,
Qui mont le cœur étranglé, et étreint,
Et dadorer doucement mont contraint
Ce vif corail, et ces perlettes fines ?

Las de quel lieu prit-il encor ce reste,
Ce doux parler, et ce chanter céleste,
Par qui son trait des plus fiers est vainqueur ?

Ces grands beautés ne sont point de la terre,
Ni ces beaux yeux seuls ma paix, et ma guerre,
Tels biens du ciel me sont chus dans le cœur.

Tragédie de Pharaon, Sonnets sur son Angélique,
Paris, Nicolas Bonfons, 1576, f° H3r° [←Gallica].

Doù prit amour, ce bel or jaunissant,
En quelle veine, en quelle riche mine,
A-t-il pillé cette esplendeur orine :
Pour faire ce beau cheveu blondissant ?

En quelle épine a son doigt ravissant,
En quel verger a sa main infantine,
Cueilli la rose, en blancheur purpurine ?
Et le bouton doublement rougissant ?

Quel Orient a ce Dieu déperlé
Pour faire ce rang doublement perlé
Qui chasse, et tient la parole doucette !

De quelle aurore, a-t-il ôté ce front ?
De quel démon dedans le cercle rond,
Ce chant divin, cette voix Angelette ?

Paris, Toussaint Du Bray, 1620, p. 522 [←Gallica].

AMour où prit-il lor tiré subtilement
En cheveux déliés, et les roses nouvelles,
Qui parmi la rigueur des neiges éternelles
Conservent ce beau teint sans aucun changement ?

Où prit-il le corail, les perles enfermant,
Où se forme la voix qui dompte ses rebelles,
Et livoire arrondi en deux pommes jumelles,
Sur un cœur emprunté dun roc de diamant ?

De quel marbre poli, marqué de maintes veines
A-t-il tourné ces bras, et ces mains inhumaines,
Qui tiennent son amorce, et qui tendent ses rets ?

De quel Soleil naquit cette vive lumière
Quil mit dedans les yeux de ma belle meurtrière,
Qui me brûle de loin, et me glace de près ?

Gramont, De quel lieu… (1842)   ↓   ↑   ⇑  o
Poésies de Pétrarque, « Du vivant de Laure »,
Paris, Paul Masgana, 1842, sonnet CLXXXIV, p. 152 [←Gallica].

louanges de sa dame.

De quel lieu et de quel filon Amour a-t-il extrait l’or dont il a for­mé les deux tresses blondes ? Et par­mi quelles épines et sur quelle plaine a-t-il re­cueil­li ces roses, cette neige déli­cate et fraîche, à qui il a don­né le pouls et l’ha­leine ?

Où trouva-t-il les perles dont il a fait la bar­rière et le frein des douces, hon­nêtes et ra­vis­santes pa­roles ? ou les beau­tés sans nombre et divines de ce front plus se­rein que les cieux ?

De quels anges ou de quelle sphère sont venus ces chants cé­lestes qui me consument de telle sorte, que dé­sor­mais il me reste peu à consu­mer ?

Quel soleil a engen­dré les rayons su­blimes et sur­hu­mains des beaux yeux arbitres de mes luttes et de mon re­pos, qui me cuisent le cœur dans la glace et dans le feu ?

























textes modernisés
[R]

 

En ligne le 30/10/20.
Dernière révision le 12/12/24.