PEtit
nombril,
que mon penser
adore,
Non pas mon œil,
qui n’eut oncques ce
bien,
Nombril
de qui l’honneur
mérite bien,
Qu’une
grand’
ville
on lui bâtisse encore.
Signe
divin,
qui divinement ore
Retiens encor l’Androgyne
lien,
Combien et toi, mon
mignon, et combien
Tes flancs
jumeaux
folâtrement j’honore !
Ni ce
beau
chef,
ni ces yeux,
ni ce front,
Ni ce doux
ris,
ni cette main
qui fond
Mon cœur
en source,
et de pleurs
me fait riche :
Ne me sauraient de leur
beau
contenter,
Sans espérer quelquefois de tâter
Ton paradis,
où mon plaisir
se niche.
Petit nombril.) Il loue le nombril de sa dame, disant que toutes les autres grâces ne sauraient assouvir son ardeur, s’il n’espérait de pouvoir quelquefois tâter ce nombril à bon escient. Qu’une grand’ ville on lui bâtisse encore.) Que pour l’honorer on fasse une ville, qui reçoive nom de lui : ainsi comme Callimaque raconte, qu’une plaine de Candie fut nommée Omphalion, à cause que le nombril de Jupiter nouvellement né, y tomba. Le nombril se nomme en Grec, omphalos. Callimaque :
Τουτάκι
τοι πέσε,
δαῖμον, ἀπ᾿
ὀμφαλός·
ἔνθεν
ἐκεῖνο
Ὀμφάλιον
μετέπειτα
πέδον
καλέουσι
Κύδωνες.
Signe
divin.)
Il appelle le nombril signe de l’ancienne
liaison des hommes. Aristophane au
banquet de Platon dit qu’au
commencement, y avait une espèce
d’hommes Androgynes,
c’est-à-dire, mâles, et
femelles tout ensemble : lesquels,
parce que se confiant en leur force, ils
conspirèrent contre les dieux, furent par
Apollon, auquel Jupiter
l’avait ainsi commandé,
partis par le milieu : et que la
cicatrice en est encore
demeurée en la partie, que nous
appelons le nombril.
Vois l’Androgyne de Platon
traduite par Héroët.
Ton paradis.)
On peut entendre aisément, qu’il
veut dire.
____
[texte modernisé]
[R]
En ligne le
27/04/17.
Dernière révision le 06/07/22.