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Colonne
heureuse, en laquelle s'appuie
Le nom Latin avec notre espérance,
Qu'encore n'a dévoyé de constance
De Jupiter l'ire avec sa grand pluie.
Nul beau théâtre, ou Palais désennuie
Ici mon cœur : mais j'ai à suffisance,
Pour tout cela, un côteau de plaisance,
Un vert bocage, où parmi l'herbe bruie
Le clair ruisseau, où dicter chansonnettes
Je puisse avec le Rossignol à l'ombre :
Qui tant souef gémit ses amourettes,
Qu'à mon esprit en donne un doux encombre.
" Mais imparfaite est à moi toute joie
" Sans toi, Seigneur, en quel lieu que je sois.
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ARGUMENT selon
Philieul : Écrit ce sonnet à un Évèque de
son temps sien grand ami, nommé le Seigneur Jacques Colonne, se
plaignant d'être de lui absent.
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GLorieuse
Colonne où
prend notre espérance
Tout son heureux appui, et ce grand nom Latin
Qui n'a point égaré de vertu le butin,
Par l'ire de Jupin foudroyant à outrance.
Ici n'y a palais, théâtre, loge, ou stance,
Mais bien y est l'ébène, et le saule et le pin,
Parmi belle verdure : et un beau mont voisin
Auquel poétisant peu à peu on s'avance.
Nous y levons de terre au ciel l'entendement.
Et le doux rossignol à l'ombre tendrement
Toutes les nuits par pleurs dolemment, s'y lamente.
Des pensers amoureux nos cœurs sont
aliment,
Mais pour nous, tant de biens n'y sont parfaitement,
Car sans t'y voir aussi rien n'est qui nous contente.
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Glorieuse
colonne appui de
mon espoir
Et du haut nom latin renommé par sa grâce,
Laquelle n'a encore quitté la vraie trace
Par l'ire foudroyante, et le venteux pleuvoir.
Ici n'est nul palais, nul théâtre ou manoir
Riche, ains un pin, abeau ou tilleul en leur place,
Entre un beau mont voisin et champs à verde face,
Qui de nos pieds frayés les muses font valoir.
Ceux-là ensemble au ciel élèvent de
la terre
Nos esprits, cependant que doucement sa guerre
Le Rossignol plaignant en l'ombre nous oyons
Toute la nuit : qui fait en nous amour et vie,
Mais (Seigneur) pour nous voir faillir ta compagnie,
Un si grand bien ne vient à ses perfections.
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»» texte original
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COMMENTAIRE DE
MALDEGHEM : Il écrit ce sonnet à quelque Seigneur de la
maison de Colonna, auquel il dépeint le lieu, où avec
aucuns de ses amis il se trouvait, & le plaisir qu'illec ils
prirent de leur vie, mais que leur plaisir n'était
accompli pour avoir faute de sa compagnie. |
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