GRatie chapochi il ciel largo destina
rara uertu non gia dumana gente
sotto biondi capei canuta mente
en humil donna alta belta diuina
leggiadria singulare & pellegrina
et cantar che ne lanima si sente
landar celeste eluago spirto ardente
chogni dur rompe & ogni alteza inchina
E t que begliocchi che i
cor fanno smalti
possenti areschiarar abysso & nocti
& torre lalme a corpi & darle altrui
col dir pien dintellecti dolci & alti
coi sospiri soauemente rotti
da questi magi transformato fui
Graces
qu’à peu le ciel large destine,
Rare uertu, & facon
non humaine,
Soubz cheueulx
d’or teste chenue & saine,
En humble dame une
beaulté diuine,
Deliberée
& facon peregrine,
Chant singulier plus doulx
que de Sireine,
Marcher celeste, &
l’ame d’ardeur pleine,
Qui fend les rocz,
& les haultz monts encline:
Les
yeulx pouuans enclumes amollir,
Et les abys de lumieres
remplir
Et transmuer d’un
corps en aultre l’ame:
Propos
remplis de spirituelle flamme,
Et les souspirs rompus
souefuement,
Telz enchanteurs font de
moy changement.
Vn chaste feu qui les cuœurs
illumine,
Vn or frisé de meint crespe annelet,
Vn front de rose, vn teint damoiselet,
Vn ris qui l’ame aux astres achemine.
Vne vertu de telles beaultez digne,
Vn col de neige, vne gorge de laict,
Vn cuœur ia meur dans vn sein verdelet,
En dame humaine vne beaulté diuine.
Vn œil puissant de faire
iours les nuictz,
Vne main forte à piller les ennuiz,
Qui tient ma vie en ses doitz enfermée:
Auecque vn chant offensé
doulcement
Ore d’vn ris, or d’vn gemissement:
De telz sorciers ma raison fut charmée.
Haute beauté dans vne humble
pucelle,
Vn beau parler plein de graue douceur,
Sous blondz cheueux vn auantchenu cueur,
Vn chaste sein ou la vertu se cele:
En corps mortel vne grace immortelle,
En douceur fiere vne douce rigueur,
En sage esprit vne gaye vigueur,
En ame simple vne sage cautele:
Et ces beaux yeux mouueurs de mes
ennuis,
Yeux suffisantz pour eclersir les nuitz,
Qui font sentir aux plus transis leur flame,
Sont les larrons (& point ie ne
m’en deux)
Qui, me guettans au passage amoureux,
Au depourueu me rauirent mon ame.
En noble sang, humilité
doucette,
En beauté grande, vn honneste maintien,
Humble douceur, auecques vn grand bien,
En bon Esprit vne voix Angelete.
En neige blanche, vne Rose rougette,
En vn beau front vn Marbre Parien,
En filé d’or vn blondissant lien,
En deux Corals la bouche vermeillette.
En deux beaux rens Perles orientalles,
En deux beaux yeux deux lumieres egalles,
En deux beaux lys deux blanchissantes mains.
En vne grace, vne sainte
beauté,
En vn honneur, vne grand chasteté:
Desenaigrit mes ennuis inhumains.
Beavte’
celeste en vne Fille humaine,
Vn vif esprit de sagesse pourueu,
Vn brillant œil, où mon Tyran i’ay ueu,
Vn ris mignard qui l’ame aus Astres meine.
Vne vertu diuinement hautaine,
Vn dous refus à qui i’offre maint uœu,
Vne fierté qu’on sert à son
auœu,
Et qui mes yeus fait sourçer en fontaine.
Vn sein esmeu d’vn
animé soupir,
Vn chant qui peut toute peine assoupir,
Vne main propre à rauir les pensées.
Vn vain espoir, vn emmiellé
parler,
Vn graue port, vn pas ferme au baler :
Ont par destin mes amours commençées.
les charmes de sa dame sont supérieurs à tout
Des dons que le ciel ne prodigue qu’à peu de monde, une rare vertu qui n’est plus dans la nature humaine, un esprit du vieil âge sous une blonde chevelure, et dans une modeste dame une haute et divine beauté ;
Une grâce singulière et toute nouvelle, et le chant qu’on sent jusque dans l’âme ; la céleste démarche, et le souffle charmant et ardent qui amollit toute dureté et abaisse tout orgueil.
Et ces beaux yeux qui changent les cœurs en rocher, et qui peuvent éclairer l’abîme et les ténèbres, et enlever l’âme aux corps pour la donner à d’autres.
Tels sont, avec les paroles remplies de sens doux et élevés, avec les soupirs délicieusement interrompus, les magiciens qui m’ont métamorphosé.
Graces
qu’à peu le ciel large destine,
Rare uertu, & facon
non humaine,
Soubz cheueulx
d’or teste chenue & saine,
En humble dame une
beaulté diuine,
Deliberée
& facon peregrine,
Chant singulier plus doulx
que de Sireine,
Marcher celeste, &
l’ame d’ardeur pleine,
Qui fend les rocz,
& les haultz monts encline:
Les
yeulx pouuans enclumes amollir,
Et les abys de lumieres
remplir
Et transmuer d’un
corps en aultre l’ame:
Propos
remplis de spirituelle flamme,
Et les souspirs rompus
souefuement,
Telz enchanteurs font de
moy changement.
Vn chaste feu qui les cuœurs
illumine,
Vn or frisé de meint crespe annelet,
Vn front de rose, vn teint damoiselet,
Vn ris qui l’ame aux astres achemine.
Vne vertu de telles beaultez digne,
Vn col de neige, vne gorge de laict,
Vn cuœur ia meur dans vn sein verdelet,
En dame humaine vne beaulté diuine.
Vn œil puissant de faire
iours les nuictz,
Vne main forte à piller les ennuiz,
Qui tient ma vie en ses doitz enfermée:
Auecque vn chant offensé
doulcement
Ore d’vn ris, or d’vn gemissement:
De telz sorciers ma raison fut charmée.
Haute beauté dans vne humble
pucelle,
Vn beau parler plein de graue douceur,
Sous blondz cheueux vn auantchenu cueur,
Vn chaste sein ou la vertu se cele:
En corps mortel vne grace immortelle,
En douceur fiere vne douce rigueur,
En sage esprit vne gaye vigueur,
En ame simple vne sage cautele:
Et ces beaux yeux mouueurs de mes
ennuis,
Yeux suffisantz pour eclersir les nuitz,
Qui font sentir aux plus transis leur flame,
Sont les larrons (& point ie ne
m’en deux)
Qui, me guettans au passage amoureux,
Au depourueu me rauirent mon ame.
En noble sang, humilité
doucette,
En beauté grande, vn honneste maintien,
Humble douceur, auecques vn grand bien,
En bon Esprit vne voix Angelete.
En neige blanche, vne Rose rougette,
En vn beau front vn Marbre Parien,
En filé d’or vn blondissant lien,
En deux Corals la bouche vermeillette.
En deux beaux rens Perles orientalles,
En deux beaux yeux deux lumieres egalles,
En deux beaux lys deux blanchissantes mains.
En vne grace, vne sainte
beauté,
En vn honneur, vne grand chasteté:
Desenaigrit mes ennuis inhumains.
Beavte’
celeste en vne Fille humaine,
Vn vif esprit de sagesse pourueu,
Vn brillant œil, où mon Tyran i’ay ueu,
Vn ris mignard qui l’ame aus Astres meine.
Vne vertu diuinement hautaine,
Vn dous refus à qui i’offre maint uœu,
Vne fierté qu’on sert à son
auœu,
Et qui mes yeus fait sourçer en fontaine.
Vn sein esmeu d’vn
animé soupir,
Vn chant qui peut toute peine assoupir,
Vne main propre à rauir les pensées.
Vn vain espoir, vn emmiellé
parler,
Vn graue port, vn pas ferme au baler :
Ont par destin mes amours commençées.
les charmes de sa dame sont supérieurs à tout
Des dons que le ciel ne prodigue qu’à peu de monde, une rare vertu qui n’est plus dans la nature humaine, un esprit du vieil âge sous une blonde chevelure, et dans une modeste dame une haute et divine beauté ;
Une grâce singulière et toute nouvelle, et le chant qu’on sent jusque dans l’âme ; la céleste démarche, et le souffle charmant et ardent qui amollit toute dureté et abaisse tout orgueil.
Et ces beaux yeux qui changent les cœurs en rocher, et qui peuvent éclairer l’abîme et les ténèbres, et enlever l’âme aux corps pour la donner à d’autres.
Tels sont, avec les paroles remplies de sens doux et élevés, avec les soupirs délicieusement interrompus, les magiciens qui m’ont métamorphosé.
textes
originaux
[R]
En ligne le 23/10/20.
Dernière révision le 21/02/22.