Traductions et imitations de
Vergognando talor...
Le Préambule des innombrables
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Traductions
# Philieul
1555
# Du Tronchet
1595
# Maldeghem
1606






























Rime di Francesco Petrarca, Venise, 1470,
BnF Gallica, N0070418_PDF_24
 
V
 





P

Ergognando talor chancor sitaccia
donna per me vostra belezza in rima
ricorro al tempo chi vi vidi prima
tal che nullaltra fia mai che mi piaccia
ma trovo peso non da le mie braccia
ne ovra da polir colla mia lima
pero lingegno che sua forza extima
nel operation tutto saghiaccia
iu volte gia per dir le labbra apersi
poi rimase la voce in mezzol pecto
ma qual son poria mai salir tantalto
piu volte in cominciai di scriver versi
ma la penna & la mano & lintellecto
rimaser vinti nel primier assalto
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Canzoniere, 20Vergognando talor ch'ancor si taccia...
1555 [1548] - Vasquin PHILIEUL, Toutes les Œuvres vul- gaires de Pétrarque, I, sonnet 5, p. 11, traduction.
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[««« Philieul »»»]

    Ayant par fois honte qu'encor se taise,
Dame, par moy vostre beaulté en rime,
J'accours au temps, que la veis si sublime,
Qu'aultre jamais ne sera qui me plaise.
    Mais pour mes bras telle charge trop poise,
Et n'est ouvrage à polir de ma lime:
Pourtant l'engin, qui son pouvoir estime,
Se refroidit d'y vouloir faire noise.
    Souvent j'ouvris ma bouche pour en dire,
Puis je me teus, craingnant de faire faute:
Mais quelle voix pourroit sortir si haulte?
    Souvent en vers j'accommençay d'escrire:
Mais mon esprit, ma plume & main retisve,
Furent vaincus sur la premiere rive.
ARGUMENT selon Philieul : Combien sa dame luy sembla belle, quand il en fut pris. ««« ~#~ »»»














Canzoniere, 20Vergognando talor ch'ancor si taccia...
1595 [1575] - Étienne DU TRONCHET, Lettres amoureuses, sonnet 20, p. 243, traduction.
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[««« Du Tronchet »»»]

QUelquefois je prens honte à part moy que je taise,
Madame d'employer voz beautez en ma rime:
Lors le temps de ma prinse où j'ay recours m'exprime
De n'avoir oncques veu autre que tant me plaise.
    Mais quand bien le fardeau de telle œuvre je poise
Trop dure la sentant au pollir de ma lime,
Mon espoir qui s'efforce & son pouvoir estime
Sous chose si pesante entierement s'appaise.
    Mes levres ont souvent de s'ouvrir entrepris,
Mais entre cœur & voix les mots se trouvent pris,
Car il n'y a clarté pour si claire lumiere.
    Dont si souvent d'escrire j'ay tanté & appris
Mes desseins & ma main, ma plume & mes esprits,
Se trouvent abbattus en leur force premiere.

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Canzoniere, 20Vergognando talor ch'ancor si taccia...
1606 [1600] - Philippe de MALDEGHEM, Le Pétrarque en rime française, sonnet 18, pp. 36-37, traduction.
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[««« Maldeghem »»»]

    Estant par fois honteux, qu'encor ma rime tait
(Dame) ta grand' beauté, je retourne en arriere
Au temps qui m'a donné l'occasion premiere,
Que telle je te vy, que nulle autre me plait.
    Mais je trouve un fardeau non de mes bras, qui fait
Que je vois a polir telle oeuvre, ne suffire
Ma lime, & que l'engin mesurant la matiere
A la force, se vient refroidir sur le fait.
    Plusieurs fois en ouvrant les levres je fy mine
De parler, mais la voix restoit a la poitrine:
Mais quel accent pourroit oncques monter si haut?
    J'avoy souvent l'esprit prest pour coucher en rime,
Et la plume en la main, mais d'un fait tant sublime
Vaincus, ils se rendoient tous au premier assaut.
COMMENTAIRE DE MALDEGHEM : Il dit en ce Sonnet qu'aiant honte d'avoir tant attendu de chanter la merveilleuse beauté de M[adame] L[aure] & que voulant commencer, il s'a remis en mémoire, comment qu'il la vit belle, quand il s'énamouroit premierement d'elle : mais qu'il la trouvoit tant surpasser son engin, qu'il n'y a peu arriver, pour le faire dignement. ««« ~#~ »»»